USA 2020Biden accuse Trump d'avoir «fomenté» la violence dans les villes
ATS
1.9.2020
Joe Biden a dénoncé lundi les débordements violents en marge des manifestations contre le racisme. Le candidat démocrate a accusé son rival Donald Trump d'attiser "les braises" de l'agitation, lors d'un déplacement lundi à Pittsburgh, qui marque la franche reprise de sa campagne de terrain.
A neuf semaines de l'élection présidentielle du 3 novembre, c'est à qui parviendra à rejeter la responsabilité de l'embrasement sur l'autre.
Les images spectaculaires tournent en boucle aux Etats-Unis du mouvement historique de colère contre le racisme qui dégénère parfois en émeutes, mais aussi d'un adolescent armé, partisan du président, accusé d'avoir tué deux personnes la semaine dernière dans le Wisconsin, puis d'un convoi de militants pro-Trump défilant samedi dans le bastion progressiste de Portland, où l'un de ces derniers a été tué par balle. Un cocktail explosif dans un pays profondément divisé politiquement.
Donald Trump «pense peut-être que déblatérer les mots loi et ordre le rend fort, mais son échec à appeler ses propres partisans à arrêter d'agir comme une milice armée dans ce pays montre à quel point il est faible», a déclaré Joe Biden à Pittsburgh, de l'Etat-clé de la Pennsylvanie.
«Présence toxique»
Le président républicain «attise les braises», a poursuivi l'ancien vice-président de Barack Obama, l'accusant d'être une «présence toxique» à la Maison Blanche et d'avoir «empoisonné les valeurs» de l'Amérique. «Il ne peut pas arrêter la violence car pendant des années il l'a fomentée», a-t-il asséné.
Appelant à faire régner «la loi et l'ordre», Donald Trump accuse au contraire depuis des semaines son adversaire, ainsi que les maires et gouverneurs démocrates, de laxisme face à la violence. Joe Biden a donc pris soin de condamner, une nouvelle fois, les débordements.
«Piller, ce n'est pas manifester. Mettre le feu, ce n'est pas manifester. Rien de tout cela n'a à voir avec les manifestations. C'est de l'anarchie, un point c'est tout».
Le président républicain sortant «n'est pas parvenu à protéger l'Amérique», prise à la confluence de crises historiques, avec plus de 180'000 morts dans la pandémie de Covid-19, qui a mis à genoux la première économie mondiale, et cette profonde vague de protestation contre le racisme qui dégénère parfois. «Alors maintenant, il tente d'effrayer l'Amérique», a dit Joe Biden, qui devance Donald Trump dans les sondages.
«Sérieusement!»
Vétéran de la politique âgé de 77 ans, le candidat modéré a également répondu au président qui le décrit comme une «marionnette» aux mains de l'extrême gauche. «Vous connaissez mon histoire, l'histoire de ma famille. Alors demandez-vous: est-ce que j'ai l'air d'un socialiste radical avec un penchant pour les pilleurs? Sérieusement!», s'est-il indigné.
Ce qui n'a pas empêché Donald Trump, 74 ans, de réagir en accusant son adversaire démocrate d'avoir «le même programme» que «les émeutiers violents» et «d'utiliser les arguments de la mafia: la meute vous laissera tranquille si vous lui donnez ce qu'elle veut».
Le milliardaire républicain devrait marteler ce discours mardi à Kenosha, où un Afro-Américain, Jacob Blake, a été grièvement blessé le 23 août par des tirs d'un policier, déclenchant la nouvelle vague de protestation. Deux manifestants antiracistes ont été tués par un militant pro-Trump lors d'affrontements dans cette ville du Wisconsin.
Le président sortant entend y rendre hommage aux forces de l'ordre. «Nous devons redonner à nos policiers leur dignité, du respect», a-t-il plaidé. «Parfois il y a de mauvais policiers», «mais d'autres fois ils prennent seulement de mauvaises décisions», «ils craquent», a-t-il ajouté, en semblant relativiser, sinon excuser, les bavures.
En revanche, Donald Trump a confirmé qu'il ne rencontrerait pas la famille de Jacob Blake, expliquant qu'il avait refusé d'avoir affaire à leurs avocats. «J'ai parlé avec le pasteur de la famille», «un homme magnifique», s'est-il borné à dire.
Et à ceux qui redoutent que sa visite mette de l'huile sur le feu, il a répondu: «Cela peut aussi apporter de l'enthousiasme», «de l'amour et du respect pour notre pays».