Etats-Unis Biden appelle à l'unité devant un bloc trumpiste chahuteur

ATS

8.2.2023 - 07:10

Si le président américain Joe Biden a prêché mardi en faveur de l'unité lors de son discours sur l'état de l'union, la mine désapprobatrice du nouveau «speaker» républicain Kevin McCarthy a donné un ton différent à une soirée chahutée et placée sous des couleurs partisanes.

Le président Joe Biden prononce le discours sur l'état de l'Union lors d'une session conjointe du Congrès au Capitole des États-Unis, le mardi 7 février 2023, à Washington, en tant que vice-président Kamala Harris et le président de la Chambre Kevin McCarthy de Californie.
Le président Joe Biden prononce le discours sur l'état de l'Union lors d'une session conjointe du Congrès au Capitole des États-Unis, le mardi 7 février 2023, à Washington, en tant que vice-président Kamala Harris et le président de la Chambre Kevin McCarthy de Californie.
KEYSTONE

8.2.2023 - 07:10

Symbole du basculement de l'équilibre des pouvoirs à Washington, le président démocrate a lancé son allocution au congrès sous les regards, derrière lui, de l'un de ses principaux opposants, devenu président de la chambre des représentants.

La dernière fois que Joe Biden a prononcé un discours depuis le perchoir du Parlement, les démocrates détenaient la majorité aux deux chambres du Capitole et les deux partis unissaient leurs voix de concert pour promettre que l'invasion de l'Ukraine, lancée quelques jours auparavant par la Russie, ne se ferait pas sans conséquence. Mais mardi, le grand public américain a pu assister à un certain retour à la normale, avec de nouvelles joutes verbales acerbes entre élus.

Cris d'orfraie

La très trumpiste Marjorie Taylor Greene a ainsi invectivé le président, le fustigeant de «menteur» lors de son discours.

Tout avait pourtant commencé de manière cordiale, avec les deux côtés de l'hémicycle applaudissant les chefs respectifs des partis. «Se battre juste pour se battre, le pouvoir juste pour le pouvoir, le conflit juste pour le conflit, ne nous mène nulle part», a avancé Joe Biden.

Côté jardin, les républicains ont vite pourtant froncé les sourcils devant les propos du président démocrate. Kevin McCarthy avait demandé à ses troupes de ne pas s'abaisser à un chahutage bruyant de Joe Biden, beaucoup se sont donc contentés, au début, de garder les yeux vissés sur leur téléphone.

Côté cour, les démocrates se sont souvent levés pour applaudir à chaque bon mot, avec parfois un vif enthousiasme.

Quand Joe Biden a décidé de passer à la vitesse supérieure et de critiquer l'opposition républicaine, et particulièrement son prédécesseur Donald Trump, les murmures désapprobateurs ont laissé place à des cris d'orfraie et des huées. «C'est de votre faute», a lancé un républicain lorsque le président a évoqué la crise des opiacés.

Bataille de pin's

En marge du discours, des mesures de sécurité renforcées ont été mises en place autour du Capitole, conséquence de l'assaut sur le bâtiment par des partisans de Donald Trump, le 6 janvier 2021. Une grille métallique noire de plus de deux mètres a été érigée tout autour du Capitole, l'accès interdit au grand public.

A l'intérieur, des policiers et leurs chiens patrouillaient dans les couloirs. Parmi les invités présents en tribune figuraient le chanteur star de U2 Bono mais aussi des personnes qui ont fait l'actualité récente aux Etats-Unis, tels les parents de Tyre Nichols, un jeune Afro-Américain décédé au début janvier après un passage à tabac par des policiers.

Des élus de gauche portaient au revers de leur veste un pin's «1870», année de la première mort connue d'un homme noir libre non armé aux mains de la police aux Etats-Unis. Mais dans les travées de l'opposition, des décorations d'un tout autre genre étaient visibles: des pin's en forme de fusil AR-15, en cause dans de nombreuses tueries ces dernières années à travers le pays.

Une façon pour ces élus de réaffirmer le droit au port d'armes de tout citoyen américain.

«Travailler ensemble»

Si Joe Biden a, par moments, évoqué des sujets clivants, il s'est aussi félicité de ses propres succès après deux ans à la Maison-Blanche, tandis qu'il envisage de se représenter en 2024 pour quatre années supplémentaires.

«A mes amis républicains, si nous pouvions travailler ensemble lors de la dernière législature, il n'y a aucune raison pour laquelle nous ne pourrions pas travailler ensemble lors de cette nouvelle législature», a affirmé Joe Biden.

Une poignée de républicains ont applaudi la remarque et se sont même mis debout, mais la plupart lui ont lancé des regards assassins en silence. Le «speaker» Kevin McCarthy est lui resté cloué à son siège, la mine indéchiffrable.

ATS