Midterms 2022 Biden joue la fin de son mandat, Trump déjà tourné vers 2024

hl, ats

8.11.2022 - 12:07

Les Américains votent mardi dans un climat électrique pour une multitude de scrutins qui conditionneront les marges de manoeuvre de Joe Biden jusqu'à la présidentielle de 2024. Cette échéance est déjà dans le viseur de son rival Donald Trump.

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«Nous avons besoin que tout le monde soit sur le pont pour élire les démocrates», a tweeté Joe Biden à la mi-journée, appelant à la mobilisation de son camp dans les Etats les plus disputés.

Handicapé par une inflation bondissante, le président de 79 ans risque de perdre le contrôle du Congrès lors de ces scrutins de mi-mandat traditionnellement défavorables au parti au pouvoir.

«Nous y revoilà?»

Son prédécesseur Donald Trump, qui a soutenu avec vigueur un grand nombre de candidats républicains, mise pour sa part sur leur succès pour se lancer sous les meilleurs auspices possibles dans la course à la présidentielle.

Lors de son dernier meeting, il a promis de faire «une très grande annonce» le 15 novembre. «Ce sera un jour très enthousiasmant pour beaucoup de gens», a-t-il promis mardi en sortant d'un bureau de vote en Floride. En attendant, «je pense que nous allons passer une très bonne nuit», a ajouté le milliardaire de 76 ans avec confiance.

Peu après, il rejouait toutefois la partition qui est la sienne depuis sa défaite en 2020, attisant les doutes sur la régularité des opérations de vote. Notant que des machines de vote ont dysfonctionné dans une circonscription très peuplée de l'Arizona, il a publié sur sa plateforme Truth Social: «Nous y revoilà? Les gens ne vont pas l'accepter».

«Le vote par procuration à Detroit, ça ne va pas du tout. Les gens se présentent pour voter et s'entendent répondre: 'désolé, vous avez déjà voté'», a-t-il encore affirmé sur son réseau.

«Crispation»

Les autorités locales ont reconnu le problème mais assuré que les électeurs avaient d'autres options pour voter dans ce scrutin qui porte sur l'intégralité de la Chambre des représentants, un tiers du Sénat, de nombreux postes d'élus locaux et moult référendums.

Mais ces accrocs ont aggravé les inquiétudes. «J'espère que tout le monde va se montrer civilisé» et accepter le verdict des urnes, confiait Enrique Ayala, un retraité de 64 ans, croisé par l'AFP à McAllen au Texas.

Pendant la campagne, «il y a eu beaucoup de crispation et de désinformation», regrettait pour sa part Robin Ghirdar, un médecin de 61 ans venu voter démocrate dans un bureau de Pittsburgh en Pennsylvanie, en déplorant que «la recherche de la vérité et du compromis ait disparu dans la bataille.»

De fait, chaque camp a dramatisé les enjeux du scrutin: les démocrates se sont posés en défenseurs de la démocratie et du droit à l'avortement face à des républicains jugés «extrémistes»; les conservateurs se sont portés garants de l'ordre face à une gauche dite «laxiste et radicale» en matière de sécurité et d'immigration.

Inflation

L'inflation – plus de 8,2% sur un an – a toutefois écrasé tous les autres sujets. «Elle handicape les Américains qui essaient de s'en sortir», estimait Kenneth Bellows, un étudiant en droit de 32 ans qui a voté républicain à Phoenix dans l'Arizona (sud-ouest), en réclamant des politiques «de bon père de famille».

Jusqu'au bout, Joe Biden a cherché à éviter ce scénario en se présentant comme «le président de la classe moyenne», insistant sur la réduction de la dette étudiante, la protection de l'assurance-maladie et ses investissements pour le climat et les infrastructures.

Mais ses efforts ne semblent pas avoir porté leurs fruits. Selon les enquêtes d'opinion les plus récentes, l'opposition républicaine a de grandes chances de s'emparer d'au moins 10 à 25 sièges à la chambre basse – largement assez pour y être majoritaire. Les sondeurs sont plus mitigés quant au sort du Sénat, avec néanmoins un avantage pour les républicains.

Privé de sa majorité, le président serait paralysé et les élus républicains ont fait savoir qu'ils ne le ménageraient pas. Ils prévoient notamment de lancer des enquêtes à la Chambre sur les affaires de son fils Hunter, certains de ses ministres...

Duels haletants

Concrètement, les élections de mi-mandat se jouent dans une poignée d'Etats clés – les mêmes qui étaient déjà en jeu lors de l'élection présidentielle de 2020.

Tous les projecteurs sont ainsi braqués sur la Pennsylvanie, ancien bastion de la sidérurgie, où le chirurgien multimillionnaire républicain Mehmet Oz, adoubé par Donald Trump, affronte le colosse chauve et ancien maire démocrate d'une petite ville, John Fetterman, pour le poste le plus disputé du Sénat.

Comme en 2020, la Géorgie est elle aussi au coeur de toutes les convoitises. Le démocrate Raphael Warnock, premier sénateur noir jamais élu dans cet Etat du Sud au lourd passé ségrégationniste, tente de se faire réélire face à Herschel Walker, ancien sportif afro-américain, lui aussi soutenu par l'ancien président.

L'Arizona, l'Ohio, le Nevada, le Wisconsin et la Caroline du Nord sont également le théâtre de luttes intenses, où les démocrates sont partout opposés aux candidats de Donald Trump, qui jurent une fidélité absolue à l'ancien président.

Ces duels haletants ont tous été alimentés à coups de centaines de millions de dollars, faisant de ce scrutin les élections de mi-mandat les plus chères de l'histoire des Etats-Unis. Les premiers résultats sont attendus à partir de 19h00 (01h00 en Suisse) mais l'issue des duels les plus serrés pourrait se faire attendre plusieurs jours.