"C'est moi qui assume"Biden prend la parole sur le retrait, une décision jamais reniée
ATS
31.8.2021 - 18:43
Après les militaires et les diplomates, une mise en scène solennelle pour tenter de remettre d'aplomb un commandant en chef fragilisé: Joe Biden s'exprime mardi sur la fin humiliante de l'intervention américaine en Afghanistan, une décision qu'il n'a jamais reniée.
31.08.2021, 18:43
31.08.2021, 19:02
ATS
Le président a voulu prendre son temps avant de parler. L'horaire de son allocution mardi a d'ailleurs été repoussé de plus d'une heure par rapport au programme initial, et c'est à finalement 18h45 GMT (20h45 en Suisse) que Joe Biden, sauf nouveau délai, doit apparaître dans la State Dining Room, la salle de réception de la Maison Blanche.
Se seront alors écoulées près de 24 heures depuis l'annonce par général Kenneth McKenzie de la fin de la plus longue guerre des Etats-Unis.
Joe Biden a ensuite laissé son secrétaire d'Etat Antony Blinken donner lundi de premières indications sur les efforts pour permettre aux derniers ressortissants américains et à d'autres alliés, afghans et étrangers, des Etats-Unis, de quitter un pays désormais aux mains des talibans.
Commandant en chef fragilisé
Après le général, le diplomate, et la photo déjà historique du dernier soldat américain montant de nuit dans l'avion à Kaboul, la Maison Blanche a voulu mettre en scène de manière très solennelle Joe Biden, ce «commandant en chef», titre dont se parent volontiers les présidents américains, très ébranlé.
Joe Biden n'a jamais renié sa décision de mettre fin à vingt années d'intervention militaire, et n'est jamais revenu sur le calendrier, même quand le retrait a tourné à l'humiliation pour la première puissance mondiale. Comme il l'a dit et répété: «Je suis le président des Etats-Unis et à la fin c'est moi qui assume.»
L'armée américaine a quitté l'Afghanistan une minute avant que ne débute, à Kaboul, la journée du 31 juillet, date butoir fixée par Joe Biden.
Tétanisés
Pour autant, rien ne s'est passé comme prévu. Le président américain et son administration ont d'abord semblé tétanisés par l'avancée fulgurante des talibans. Il faudra du temps aux Américains pour oublier le long silence de Joe Biden, retranché dans la résidence de vacances de Camp David, devant ses écrans de visioconférence, alors que Kaboul tremblait puis tombait.
La Maison Blanche a ensuite tenté de reprendre la main en communiquant sans relâche sur la gigantesque opération d'évacuation de 120'000 personnes par voie aérienne.
L'administration Biden, très vite, a aussi martelé que non, il n'était pas question de revenir en arrière. Même après qu'un attentat a coûté la vie à 13 militaires américains à Kaboul la semaine dernière.
Tourner la page
Reste à savoir quel impact aura cette fin catastrophique de la guerre en Afghanistan sur le reste de la présidence Biden. Le démocrate de 78 ans, qui n'est pas considéré comme un grand orateur, s'attaque à un exercice périlleux mardi.
D'un côté, il va certainement vouloir tourner la page après la première vraie crise de sa présidence. Mais, de l'autre, Joe Biden ne peut pas aller trop vite.
Pas quand les Américains ont encore en tête les jeunes visages de ces militaires, parfois guère plus vieux que la guerre en Afghanistan elle-même, tombés à Kaboul. Pas quand il reste aux Etats-Unis à évacuer entre 100 et 200 ressortissants, en comptant seulement sur la voie diplomatique et sur les promesses des talibans.
Promesses pour la classe moyenne américaine
Joe Biden, près de vingt ans après les attaques du 11 septembre 2001, doit aussi convaincre ses concitoyens que l'Afghanistan ne redeviendra pas une base arrière d'où seraient lancés des attentats contre les Etats-Unis.
Pour la majorité des experts, à long terme, le démocrate de 78 ans sera toutefois jugé sur ses promesses de prospérité pour la classe moyenne américaine, pas sur ses qualités de chef de guerre. En d'autres termes, le mandat de Joe Biden, au final, se jouera moins à Kaboul que dans les couloirs du Congrès.
C'est là que se tiendront ces prochaines semaines des négociations compliquées pour finaliser deux chantiers majeurs du président: un grand plan de rénovation des infrastructures, et une batterie de nouvelles dépenses sociales. La facture totale pourrait flirter avec les 5000 milliards de dollars.