Proche-Orient Biden est soulagé par le départ de Netanyahou, mais pas de révolution

ATS

15.6.2021 - 08:16

À en juger par l'empressement avec lequel il a félicité le nouveau premier ministre israélien, le président américain Joe Biden semble soulagé par le départ de Benyamin Netanyahou. Il a été le premier dirigeant à promettre de travailler avec le gouvernement de Naftali Bennett.

Keystone-SDA

De plus en plus à droite, Netanyahu était devenu un repoussoir pour les démocrates, qui ont mal supporté le soutien appuyé que lui a apporté Biden au début de la guerre du mois de mai entre Israël et le Hamas. (archives)
De plus en plus à droite, Netanyahu était devenu un repoussoir pour les démocrates, qui ont mal supporté le soutien appuyé que lui a apporté Biden au début de la guerre du mois de mai entre Israël et le Hamas. (archives)
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Le contraste est saisissant, car le démocrate, arrivé à la Maison-Blanche en janvier, avait laissé «Bibi» patienter pendant 28 longs jours avant de s'entretenir pour la première fois avec lui.

Le délai avait suscité une polémique en Israël mais aussi à Washington, où certains ténors républicains y avaient vu un signe de mépris à l'égard du premier ministre d'un allié-clé, particulièrement choyé pendant le mandat de Donald Trump.

«Pari terrible»

«Le gouvernement Biden espère un nouveau départ», a expliqué lundi Natan Sachs, du cercle de réflexion Brookings Institution, lors d'une conférence virtuelle. «Il n'aime pas Bibi» et «pense qu'il peut avoir ce nouveau départ avec M. Bennett», un politicien ultra-droitier, qui «aime se présenter comme un entrepreneur qui a des idées originales, un homme de solutions», a-t-il ajouté.

Le changement politique en Israël pourrait donc «stabiliser la relation bilatérale de manière importante, notamment en raison du manque de confiance qui existait au niveau personnel avec Netanyahou», a dit à l'AFP Brian Katulis, du Center for American Progress, un think tank classé à gauche.



Benyamin Netanyahou avait obtenu tout ce qu'il souhaitait de la part de l'ancien président américain Donald Trump qui, soucieux de galvaniser le vote de la droite religieuse américaine en sa faveur, a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël et a présenté un plan de paix israélo-palestinien qui faisait la part belle aux revendications de l'Etat hébreu.

De plus en plus à droite, l'ex-chef de gouvernement israélien était en revanche devenu un repoussoir pour les démocrates, qui ont mal supporté le soutien appuyé que lui a apporté Joe Biden au début de la guerre du mois de mai entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Dialoguer avec les démocrates

Le nouveau ministre israélien des affaires étrangères, le centriste Yaïr Lapid, a accusé lundi le gouvernement Netanyahou d'avoir «fait un pari terrible, téméraire et dangereux en se focalisant exclusivement sur le parti républicain pour ainsi abandonner l'approche bipartisane d'Israël». Il s'est engagé à améliorer le dialogue avec le parti démocrate de Joe Biden.

Cela ne présage pas pour autant d'un bouleversement dans les relations avec les Etats-Unis, surtout sur l'explosif dossier israélo-palestinien. Le gouvernement Bennett-Lapid est le fruit d'une grande coalition composée par des partis de droite, de gauche, du centre mais aussi représentant les Arabes israéliens.

Il aura du mal à se mettre d'accord sur une quelconque avancée susceptible de raviver un processus de paix moribond. Mais pour Michele Dunne, du Carnegie Endowment for International Peace, Joe Biden peut espérer que la nouvelle équipe «fera davantage attention à éviter toute mesure, à Jérusalem ou ailleurs, susceptible d'enflammer les relations avec les Palestiniens».

Pas de Nobel

La récente flambée de violence entre Israël et Gaza a montré que le gouvernement américain devait se consacrer davantage «à la gestion du conflit», a-t-elle ajouté. «Mais ni cette escalade ni le nouveau gouvernement ne semble l'avoir convaincu que le moment était venu de tenter une quelconque initiative pour essayer de le résoudre».

Autrement dit, selon la formule de Brian Katulis, les Etats-Unis «ne sont pas en quête du prix Nobel». Ils vont continuer de se contenter de mesures «pragmatiques», notamment pour améliorer la vie quotidienne des Palestiniens.

«Le gouvernement Bennett-Lapid et le gouvernement Biden veulent la même chose: que ce sujet soit mis en sommeil pour quatre ans», a souligné Natan Sachs. «Mais cela ne va pas se passer ainsi, comme nous l'avons constaté le mois dernier», a-t-il prévenu: même en l'absence de décision majeure d'Israël, en matière d'annexion ou de désengagement de territoires occupés, les «petits événements» susceptibles de rallumer le conflit sont légion.

Sur un autre sujet de friction, enfin, l'Etat hébreu ne devrait pas revenir sur son hostilité à l'accord sur le nucléaire iranien et à la volonté de Washington de le rejoindre à nouveau après la sortie décidée par Donald Trump. Mais selon Natan Sachs, le duo désormais à sa tête pourrait, à la différence de Benyamin Netanyahou, s'abstenir d'aller «au combat politique avec M. Biden».