Triple objectifBlinken attendu en Israël, un chef du Hezbollah tué au Liban
ro
8.1.2024 - 13:55
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est attendu en Israël pour tenter d'obtenir une désescalade de la guerre à Gaza et empêcher sa contagion au Liban. Selon une source sécuritaire, une frappe israélienne y a tué lundi un chef militaire du Hezbollah.
Keystone-SDA, ro
08.01.2024, 13:55
ATS
Ce responsable militaire «jouait un rôle de premier plan dans la direction des opérations» dans le sud du Liban, où les échanges de tirs transfrontaliers sont quasi-quotidiens entre le mouvement libanais pro-iranien et l'armée israélienne, a précisé cette source. Il a, selon elle, été tué dans le village de Kherbet Selm, à une dizaine de kilomètres de la frontière avec Israël.
La montée de tension dans cette zone alimente les craintes d'un embrasement régional, alors que la guerre d'Israël contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza est entrée dans son quatrième mois.
Triple objectif
Le secrétaire d'Etat américain, dont le pays est le principal soutien d'Israël, a averti que le conflit pourrait «aisément se métastaser», à l'issue dimanche de l'étape qatarie de sa tournée dans la région, la quatrième depuis le début de la guerre.
Selon des responsables américains, M. Blinken veut prévenir un entraînement du Liban dans la guerre, presser Israël d'entrer dans une nouvelle phase militaire moins coûteuse en vies palestiniennes et engager un dialogue «difficile» sur l'après-guerre
Israël a juré de détruire le Hamas après son attaque sans précédent sur son territoire le 7 octobre, qui a tué environ 1140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.
Environ 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées en échange de prisonniers palestiniens lors d'une trêve fin novembre. Le Qatar, qui avait alors joué un rôle-clé de médiateur, poursuit ses efforts pour la libération des otages toujours détenus, a indiqué le père de l'un d'entre eux, Ruby Chen, qui a rencontré des dirigeants qataris.
«Aucun endroit sûr»
L'offensive israélienne a fait 23'084 morts à Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, majoritairement des civils, selon un nouveau bilan lundi du ministère de la Santé du mouvement islamiste. Les bombardements y ont rasé des quartiers entiers, déplacé 85% de la population et provoqué une crise humanitaire catastrophique selon l'ONU.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, les opérations israéliennes, qui se poursuivent sans répit, ont fait 73 morts et 99 blessés ces dernières 24 heures dans le centre de Gaza.
L'armée israélienne a annoncé des frappes à Khan Younès, principale ville du sud du territoire assiégé et nouvel épicentre des combats, tuant «dix terroristes se préparant à tirer des roquettes sur Israël».
Lundi matin, une frappe à Rafah, à la pointe sud de Gaza, a aussi détruit une voiture dont secouristes et habitants extrayaient des corps, selon l'AFPTV. «On nous avait dit que Rafah était sûr, mais où est la sécurité, il n'y a aucun endroit sûr, nous ne savons pas quoi faire», se lamente un témoin, Mohammad Hejazy. Des centaines de milliers de Gazaouis ont afflué dans la ville fuyant les combats plus au nord.
Journalistes tués
Deux journalistes travaillant pour Al Jazeera y ont été tués dimanche par une frappe israélienne sur leur véhicule, selon la chaîne qatarie. Un troisième journaliste à bord, Hazem Rajab, a été grièvement blessé.
Moustafa Thuraya – un vidéaste pigiste collaborant également avec l'AFP et d'autres médias internationaux – et Hamza Waël Dahdouh revenaient d'un reportage sur le lieu d'une frappe.
L'armée israélienne a assumé la responsabilité du tir, déclarant à l'AFP avoir «frappé un terroriste qui pilotait un appareil volant représentant une menace pour les troupes», et être «au fait des informations selon lesquelles, au cours de la frappe, deux autres suspects qui se trouvaient dans le même véhicule avaient aussi été touchés».
Ces décès portent à au moins 79 le nombre de journalistes et professionnels des médias, majoritairement palestiniens, tués depuis le 7 octobre, selon le Comité pour la protection des journalistes.
Les organisations humanitaires internationales ne cessent par ailleurs d'alerter sur le désastre sanitaire en cours dans le petit territoire surpeuplé et assiégé. A Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, plus de 600 patients de l'hôpital al-Aqsa ont dû quitter les lieux face à «l'intensification des hostilités», selon l'Organisation mondiale de la Santé.
Frontière sous haute tension
Le conflit a aussi fait monter la violence à un niveau inédit depuis près de vingt ans en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.
Neuf Palestiniens y ont été tués dimanche dont sept dans un raid israélien à Jénine, bastion des factions armées palestiniennes dans ce territoire où les violences ont également causé la mort d'une policière et d'un civil israéliens.
A la frontière nord d'Israël, l'armée a de nouveau procédé à des tirs vers le sud du Liban lundi matin, selon des images de l'AFPTV. Dans la nuit, elle a affirmé y avoir mené des raids aériens contre deux sites du Hezbollah.
Les affrontements dans cette zone se sont encore intensifiés après l'assassinat attribué à Israël, mardi dans un fief du Hezbollah à Beyrouth, de Saleh al-Arouri, numéro deux du Hamas, organisation classée terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Depuis le 8 octobre, les hostilités transfrontalières ont fait plus de 180 morts au Liban, dont plus de 135 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l'AFP. Dans le nord d'Israël, neuf soldats et cinq civils ont été tués, selon les autorités.