Apaiser les tensionsBlinken attendu à Tel-Aviv, chef du Hezbollah tué au Liban
ATS
8.1.2024 - 18:23
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est attendu en Israël pour tenter d'obtenir une désescalade à Gaza et empêcher une contagion au Liban. Selon une source sécuritaire, une frappe israélienne a tué lundi un chef militaire du Hezbollah dans ce pays.
08.01.2024, 18:23
08.01.2024, 19:17
ATS
Selon des responsables américains, le déplacement de M. Blinken vise à presser Israël – que Washington soutient politiquement et militairement – d'entrer dans une nouvelle phase militaire moins coûteuse en vies palestiniennes, et à engager dans la région un dialogue sur l'après-guerre.
Dans la bande de Gaza, où la guerre est entrée dans son quatrième mois, les frappes israéliennes qui se poursuivent sans répit, ont fait 249 morts ces dernières 24 heures, selon le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans l'étroite bande de terre.
Antony Blinken, en tournée dans la région pour la quatrième fois depuis le début de la guerre le 7 octobre, espère aussi empêcher une montée de tension dans la région, en particulier à la frontière israélo-libanaise.
Responsable du Hezbollah tué
Lundi, un responsable militaire du Hezbollah a été tué à une dizaine de kilomètres de la frontière avec Israël. Il «jouait un rôle de premier plan dans la direction des opérations» dans le sud du Liban, théâtre d'affrontements quasi quotidiens entre le mouvement libanais pro-iranien et l'armée israélienne, selon une source sécuritaire libanaise.
Selon le Hezbollah, il s'agit du «commandant Wissam Hassan Tawil», le plus haut responsable militaire de cette formation tué depuis qu'elle a ouvert un front avec Israël pour soutenir le Hamas palestinien.
Négociations suspendues
Arrivé en Arabie-Saoudite lundi après-midi, le chef de la diplomatique américaine rencontrait le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, dont le pays avait annoncé au début de la guerre qu'il suspendait les négociations sur une possible normalisation avec Israël.
Israël a juré de détruire le Hamas après son attaque sur son territoire le 7 octobre, qui a tué environ 1140 personnes, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.
Environ 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées en échange de prisonniers palestiniens lors d'une trêve fin novembre. Au total, 132 seraient toujours retenus en otage par différents groupes armés palestiniens. Lundi, le Jihad islamique à diffusé une vidéo d'un otage israélien en vie.
Plus de 23'000 morts à Gaza
Les bombes israéliennes ont fait 23'084 morts à Gaza, majoritairement des femmes et des mineurs, selon un dernier bilan lundi du Hamas. Les bombardements y ont rasé des quartiers entiers, déplacé 85% de la population et provoqué une crise humanitaire catastrophique selon l'ONU.
Ces dernières heures, l'armée israélienne a frappé Khan Younès, principale ville du sud de Gaza et nouvel épicentre des combats, affirmant avoir «dix terroristes se préparant à tirer des roquettes sur Israël».
«Aucun endroit sûr»
Dans la matinée, une frappe à Rafah, à la pointe sud de Gaza, a détruit une voiture dont secouristes et habitants extrayaient des corps, selon l'AFPTV.
«On nous avait dit que Rafah était sûr, mais où est la sécurité, il n'y a aucun endroit sûr, nous ne savons pas quoi faire», se lamente un témoin, Mohammad Hejazy. Des centaines de milliers de Gazaouis ont afflué dans la ville fuyant les combats plus au nord.
Journalistes tués
Deux journalistes, Moustafa Thuraya et Hamza Waël Dahdouh, travaillant pour Al Jazeera y ont été tués dimanche par une frappe israélienne sur leur véhicule, selon la chaîne qatarie. Un troisième journaliste à bord, Hazem Rajab, a été grièvement blessé.
Deux nouveaux membres de la famille du chef du bureau à Gaza d'Al Jazeera, Waël Dahdouh, ont été tués lundi dans une frappe sur leur véhicule à Rafah, dans le sud du territoire, ont annoncé le ministère de la Santé du Hamas et des proches.
L'armée israélienne a «assassiné trois citoyens en visant une voiture civile», a indiqué un porte-parole du ministère, précisant qu'il y avait trois morts et présentant ses condoléances à Waël Dahdouh, dont la femme et trois de ses enfants ont été tués depuis le début de la guerre.
Lundi, le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU s'est dit «très préoccupé par le bilan élevé de journalistes à Gaza, appelant à ce que «les meurtres de tous les journalistes» fassent l"objet d'une «enquête approfondie».
L'armée israélienne a assumé la responsabilité du tir, déclarant à l'AFP avoir «frappé un terroriste qui pilotait un appareil volant représentant une menace pour les troupes», et être «au fait des informations selon lesquelles, au cours de la frappe, deux autres suspects qui se trouvaient dans le même véhicule avaient aussi été touchés».
«Besoins désespérés»
Dans la bande de Gaza assiégée, les organisations internationales ne cessent d'alerter sur le désastre sanitaire en cours, avec une aide humanitaire qui entre au compte-gouttes, malgré une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU demandant l'acheminement de l'aide.
Rik Peeperkorn, représentant de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans les Territoires palestiniens a plaidé lundi auprès de l'AFP pour un «cessez-le-feu humanitaire, seul moyen de répondre aux besoins désespérés» des Gazaouis.
L'OMS a annoncé sur X l'annulation pour la 4e fois depuis fin décembre d'une livraison de fournitures médicales urgentes dans le nord de Gaza faute de garanties de sécurité.
L'ONG israélienne de défense des droits humains B'Tselem a de son côté accusé Israël «d'affamer Gaza», appelant à une ouverture des vannes de l'aide alimentaire, dans un nouveau rapport lundi.
Frontière sous haute tension
Le conflit a aussi fait monter la violence à un niveau inédit depuis près de vingt ans en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.
Neuf Palestiniens y ont été tués dimanche dont sept dans un raid israélien à Jénine, bastion des factions armées palestiniennes où les violences ont également causé la mort d'une policière et d'un civil israéliens.
A la frontière nord d'Israël, l'armée a de nouveau procédé à des tirs vers le sud du Liban lundi matin, selon des images de l'AFPTV. Dans la nuit, elle a affirmé y avoir mené des raids aériens contre deux sites du Hezbollah.
Les affrontements dans cette zone se sont intensifiés après l'assassinat attribué à Israël, mardi à Beyrouth, de Saleh al-Arouri, numéro deux du Hamas.
Depuis le début de la guerre, les hostilités transfrontalières ont fait plus de 180 morts au Liban, dont plus de 135 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l'AFP. Côté isarélien, neuf soldats et cinq civils ont été tués, selon les autorités.