Blinken en Israël CICR: «La situation à Gaza va devenir ingérable»

ATS

12.10.2023 - 12:01

Le chef de la diplomatie US Antony Blinken est arrivé dans le pays pour soutenir Israël mais aussi appeler à la retenue pour protéger les civils palestiniens, alors que des milliers de personnes sont mortes. Pour le CICR, la situation à Gaza sera «très vite ingérable».

La situation humanitaire dans la bande de Gaza sera "très vite ingérable", a affirmé le responsable régional du CICR, Fabrizio Carboni
"Sans électricité, les hôpitaux risquent de se transformer en morgues", a-t-il affirmé, disant craindre notamment pour les nouveaux-nés placés dans des incubateurs.
La situation humanitaire dans la bande de Gaza sera "très vite ingérable", a affirmé le responsable régional du CICR, Fabrizio Carboni "Sans électricité, les hôpitaux risquent de se transformer en morgues", a-t-il affirmé, disant craindre notamment pour les nouveaux-nés placés dans des incubateurs.
ATS

Keystone-SDA

Israël a juré «d'écraser» et de «détruire» le mouvement islamiste palestinien, responsable de l'attaque sanglante lancée le 7 octobre contre ce pays et qui détient 150 otages.

Durant la nuit, les bombardements israéliens se sont poursuivis contre la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, d'où sont parties plusieurs salves de roquettes vers le sud d'Israël.

Le Hamas a aussi tiré des roquettes sur Tel-Aviv, disant riposter à des frappes israéliennes ayant ciblé «des civils» dans deux camps de réfugiés de la bande de Gaza.

Des correspondants de l'AFP ont été témoins de dizaines de frappes aériennes en direction du camp d'Al-Shati et dans le nord de Gaza. Le tout peu avant l'arrivée en Israël, jeudi matin, du secrétaire d'Etat américain.

Israël aura tout ce qu'il veut

«Nous sommes déterminés à nous assurer qu'Israël obtienne tout ce dont il a besoin pour se défendre», avait déclaré avant son départ Antony Blinken, qui doit rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Washington a déjà fourni une aide militaire supplémentaire à Israël depuis le début de la guerre. Le président Joe Biden a toutefois demandé à Israël de respecter «le droit de la guerre» dans sa riposte contre Gaza.

M. Blinken doit aussi rencontrer vendredi en Jordanie le roi Abdallah II et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Le 7 octobre à l'aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël à bord de véhicules, par les airs et la mer, semant la terreur sous un déluge de roquettes. Dans les rues, dans les maisons, faisant même irruption dans un festival de musique, ils ont tué plus d'un millier de civils.

Au moins 1200 morts à Gaza

Israël a riposté en déclarant une guerre pour détruire les capacités du Hamas, pilonnant sans relâche la bande de Gaza et déployant des dizaines de milliers de soldats autour du territoire palestinien et à sa frontière nord avec le Liban, où les échanges de tirs sont fréquents avec le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas.

L'armée a fait état de 1200 morts en Israël, pour la plupart des civils. Dans la bande de Gaza, au moins 1200 personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées dans les raids israéliens, selon les autorités locales.

«Tout membre du Hamas est un homme mort», a lancé mercredi Benjamin Netanyahu lors d'une première allocution solennelle avec son gouvernement d'urgence, formé le même jour avec Benny Gantz, un des principaux chefs de l'opposition.

Toute aide à Gaza supprimée

Lors de leur offensive qui a sidéré le pays, les combattants du Hamas ont enlevé plusieurs dizaines d'otages israéliens, étrangers et binationaux, qu'ils menacent d'exécuter.

Le ministre israélien de l'Energie, Israël Katz, a indiqué jeudi que son pays n'autoriserait pas l'entrée de produits de première nécessité ou d'aide humanitaire à Gaza, placée en état de siège, tant que le Hamas n'aurait pas libéré les otages.

«L'aide humanitaire à Gaza? Aucun interrupteur électrique ne sera allumé, aucun robinet d'eau ne sera ouvert et aucun camion de carburant n'entrera tant que les Israéliens enlevés ne seront pas rentrés chez eux», a-t-il dit.

Les autorités israéliennes recensent 150 otages, alors que des centaines de personnes sont encore portées disparues et des corps en cours d'identification.

CICR en contact avec le Hamas

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué jeudi qu'il était en contact avec le Hamas pour oeuvrer à la libération des otages.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui aussi lancé un processus de négociations avec l'organisation islamiste, selon une source officielle.

La bande de Gaza, un territoire pauvre et exigu où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens qui subissent un blocus terrestre, aérien et maritime depuis 2007, est désormais privée d'approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël. L'unique centrale électrique du territoire est à l'arrêt, faute de carburant.

Situation «ingérable» imminente

La situation humanitaire dans la bande de Gaza sera «très vite ingérable», a affirmé le responsable régional du CICR, Fabrizio Carboni

«Sans électricité, les hôpitaux risquent de se transformer en morgues», a-t-il affirmé, disant craindre notamment pour les nouveaux-nés placés dans des incubateurs et les patients sous oxygène ou sous dialyse.

Plus de 338'000 personnes déplacées

Les bombardements israéliens ont touché des dizaines d'immeubles, des usines, des mosquées et des magasins, d'après le Hamas.

«C'est comme une apocalypse ou un tremblement de terre (...) Ils (les Israéliens) sont venus pour détruire, comme si ces gens ne méritaient pas de vivre. Comme s'ils n'étaient pas des humains», a affirmé au milieu des ruines un habitant du quartier de Karama à Gaza, qui n'a pas voulu donner son nom.

Plus de 338'000 personnes ont été déplacées par les frappes contre la bande de Gaza, selon l'ONU. Les concentrations de troupes à la frontière font craindre une offensive terrestre du territoire, dont Israël s'était retiré unilatéralement en 2005 et qui est gouverné par le Hamas depuis 2007.

Une perspective terrifiante de combats au coeur d'une ville à l'extrême densité de population, dans des souterrains et en présence d'otages. «Quand on rentre dans Gaza, on ne sait jamais dans quel état on en ressortira», affirme à l'AFP le commentateur politique Akiva Eldar.