Guerre en Ukraine Blinken rassure Kiev sur l'aide militaire, Moscou dit «avancer»

ATS

14.5.2024 - 17:08

Le chef de la diplomatie américaine, en visite surprise mardi en Ukraine, a tenté de rassurer Kiev sur l'arrivée de l'aide militaire américaine. Cela au moment où Moscou assure «avancer en profondeur» lors de son offensive dans la région frontalière de Kharkiv.

Antony Blinken a promis lors d'une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, que l'aide était "en route".
Antony Blinken a promis lors d'une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, que l'aide était "en route".
ATS

Keystone-SDA

L'armée russe a assuré mardi avoir pénétré «en profondeur dans les défenses» ukrainiennes et a revendiqué la prise d'un nouveau village dans le nord-est du pays, où elle a lancé une offensive terrestre vendredi, après des semaines de bombardements.

Au même moment, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, arrivé le matin à Kiev, a promis lors d'une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, que l'aide était «en route». «Une partie est déjà arrivée, plus arrivera» et «cela fera une réelle différence sur le champ de bataille», a-t-il assuré.

Moyens de défense aérienne

M. Zelensky a insisté sur la nécessité de recevoir plus de moyens de défense aérienne, réclamant deux batteries de missiles sol-air Patriot pour la région de Kharkiv, visée par un assaut terrestre russe depuis le 10 mai et qui subit des bombardements intenses ces dernières semaines, y entraînant notamment un rationnement de l'électricité.

M. Blinken, dont c'est la quatrième visite à Kiev depuis le début de l'invasion en février 2022, a déjeuné avec son homologue ukrainien Dmytro Kouleba dans une pizzeria de la capitale, avant de se promener quelques instants à pied dans le centre-ville.

«Rassurer les Ukrainiens»

Trois semaines après le déblocage de l'assistance américaine, les Etats-Unis ont dégagé quelque 1,4 milliard de dollars en aide militaire à puiser sur leurs stocks, essentiellement des systèmes antiaériens Patriot et NASAMS qui font cruellement défaut à l'Ukraine, ainsi que des munitions pour l'artillerie.

Mais le flot doit considérablement s'accélérer pour rattraper les mois perdus, d'autant que la Russie a l'initiative sur le champ de bataille, dispose de réserves d'hommes et d'armements et a mis en place une économie de guerre.

«Ce voyage a d'abord pour but d'envoyer un signal fort pour rassurer les Ukrainiens qui se trouvent manifestement dans une situation très difficile, à la fois en raison de l'intensification des combats sur le front de l'Est, mais aussi parce que les Russes étendent maintenant leurs attaques transfrontalières à Kharkiv», a indiqué, à des journalistes, un haut responsable américain à bord du train transportant le secrétaire d'Etat.

La Russie a lancé vendredi une offensive contre la région de Kharkiv, dont la capitale éponyme, deuxième plus grande ville d'Ukraine, est située près de leur frontière commune.

Le ministère russe de la Défense a assuré mardi que ses soldats avaient «libéré» un village près de la frontière russe et de la ville ukrainienne de Vovtchansk, et avaient «avancé en profondeur dans les défenses ennemies».

Situation «critique»

La situation à Vovtchansk est «critique», a indiqué à la télévision le chef de l'administration militaire local, Tamaz Gambarachvili, en évoquant des «bombardements constants» et des combats «aux environs de la ville».

De l'aveu de l'état-major ukrainien, la Russie remporte des «succès tactiques» et une trentaine de villages sont sous le feu ennemi. Quelque 7000 personnes ont été évacuées.

Cette opération fait craindre une percée russe face à une armée ukrainienne manquant de ressources et qui était déjà sous forte pression sur les fronts Est et Sud. Le président Zelensky a assuré lundi soir que des «contre-attaques» avaient lieu dans la région de Kharkiv et que le secteur avait été renforcé.

Le chef de la sécurité nationale ukrainienne, Oleksandr Lytvynenko, a indiqué à l'AFP que «plus de 30'000» soldats russes attaquaient dans cette zone, mais qu'aucune «menace» ne pesait pour l'instant sur Kharkiv, située à une trentaine de kilomètres des combats.

Dans un échange téléphonique avec M. Zelensky, le président français Emmanuel Macron a condamné «l'intensification des frappes russes» en Ukraine et l'offensive de Moscou dans le nord-est.

Il a «réitéré la détermination de la France à apporter tout le soutien nécessaire, dans la durée et avec l'ensemble de ses partenaires, pour faire échec à la guerre d'agression de la Russie».

De son côté, le nouveau ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, a dit vouloir atteindre la victoire en Ukraine avec «des pertes humaines minimales».

De nombreux experts militaires observent que l'armée russe a subi de lourdes pertes depuis le début de la guerre, estimées à plusieurs dizaines de milliers de morts.