Proche-Orient Blinken voit Abbas après avoir exhorté Israël à épargner les civils

ats

10.1.2024 - 11:37

Le chef de la diplomatie US Antony Blinken a rencontré mercredi le président palestinien Mahmoud Abbas. Abordant avec lui le dossier de l'après-guerre, il a réaffirmé le soutien américain à des «mesures tangibles» pour créer un Etat palestinien.

M. Abbas a reçu à Ramallah M. Blinken qui avait indiqué la veille que l'Autorité palestinienne devait "se réformer". Alors que le responsable arrivait, des dizaines de manifestants tenaient des pancartes sur lesquelles était écrit "Blinken tu n'es pas le bienvenu" ou "Arrêtez le génocide" à Gaza.
M. Abbas a reçu à Ramallah M. Blinken qui avait indiqué la veille que l'Autorité palestinienne devait "se réformer". Alors que le responsable arrivait, des dizaines de manifestants tenaient des pancartes sur lesquelles était écrit "Blinken tu n'es pas le bienvenu" ou "Arrêtez le génocide" à Gaza.
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En dépit des nombreux efforts diplomatiques, rien ne semble pouvoir mettre un terme aux hostilités entre Israël et le Hamas entrées dans leur quatrième mois, alors que l'ONU alerte sur les conditions de vie désastreuses de la population dans le territoire assiégé.

Dans le cadre d'une tournée régionale, M. Blinken, dont le pays est le principal allié d'Israël, a rencontré mardi plusieurs responsables israéliens, notamment le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

«Nous savons que faire face à un ennemi qui se cache parmi la population civile, se planque dans des écoles et des hôpitaux pour tirer, rend les choses incroyablement difficiles. Mais le prix payé chaque jour par les civils à Gaza, notamment les enfants, est bien trop élevé», a-t-il déclaré.

La guerre, dernier épisode du long conflit israélo-palestinien, a été déclenchée par une attaque inédite le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien. En représailles, Israël a juré de «détruire» le Hamas au pouvoir à Gaza et lancé une offensive dans ce territoire palestinien qui a fait au moins 23'210 morts, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, a indiqué mardi le ministère de la Santé du Hamas.

Ce dernier a fait état de «plus de 70 morts» dans des frappes dans différents secteurs de la bande de Gaza au cours de la nuit de mardi à mercredi.

«Tout le monde s'en fiche»

L'armée israélienne a fait état d'opérations dans les secteurs de Maghazi (centre) et Khan Younès (sud), avec «plus de 150 cibles touchées», et 15 tunnels découverts. Selon un journaliste de l'AFP, Khan Younès et Rafah, la grande ville du sud, ont subi des bombardements sanglants.

Des habitants de Rafah pleuraient mercredi matin dans la cour de l'hôpital Al-Najjar leurs proches, tués dans une frappe sur un immeuble. «C'est un massacre», lance Hareb Nofal, un proche de victimes. «On parle d'environ 14 familles. Quatorze appartements remplis d'enfants, de femmes et de nouveaux-nés. Tout le monde s'en fiche».

Pour une Autorité palestinienne «réformée»

La bande de Gaza a besoin de recevoir «plus de nourriture, plus d'eau, plus de médicaments», a reconnu mardi M. Blinken en exhortant aussi Israël à «cesser de prendre des mesures qui sapent la capacité des Palestiniens à se gouverner eux-mêmes».

Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avait dévoilé jeudi son premier plan pour «l'après»-guerre à Gaza qui prévoit une gouvernance locale qui ne soit «ni le Hamas», «ni une administration civile israélienne», mais dirigée par des Palestiniens qui ne sont «pas hostiles» à Israël.

Des ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu plaident pour une recolonisation de Gaza, tandis que Washington souhaite, selon de nombreux analystes, revoir sur place l'Autorité palestinienne mais réformée.

En 2007, l'Autorité palestinienne avait perdu le contrôle de Gaza au profit du Hamas pour n'exercer son pouvoir, limité, qu'en Cisjordanie, territoire occupé par Israël.

«Arrêtez le génocide»

M. Abbas a reçu dans la matinée à Ramallah M. Blinken qui avait indiqué la veille que l'Autorité palestinienne devait «se réformer». Alors que le responsable américain arrivait sur place, des dizaines de manifestants tenaient des pancartes sur lesquelles était écrit «Blinken tu n'es pas le bienvenu» ou «Arrêtez le génocide» à Gaza.

Mahmoud Abbas doit aussi rencontrer mercredi en Jordanie le roi Abdallah II et le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, pour discuter d'un «cessez-le-feu immédiat» et de la livraison ininterrompue d'aide humanitaire, selon Amman.

Antony Blinken va lui se rendre à Bahreïn mercredi pour y rencontrer le roi Hamad bin Isa Al Khalifa dans le cadre de ses discussions sur les moyens d'éviter une escalade du conflit

Toujours pas assez d'aide

Les organisations internationales alertent sur le désastre sanitaire à Gaza, où 85% de la population a été déplacée et où l'aide humanitaire arrive au compte-gouttes.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré mardi voir sa capacité à venir en aide aux habitants de Gaza se «réduire», parlant de «catastrophe humanitaire».

«A cause du manque d'eau, nous ne nous douchons qu'une fois par mois, nous souffrons psychologiquement et les maladies se sont répandues partout», témoigne auprès de l'AFP Ibrahim Saadat, un Palestinien déplacé par la guerre.

Rêves «perdus»

«Nous avons perdu tous nos rêves (...) Les enfants peuvent perdre des années de leur vie en vivant ici. Certains allaient à l'école (...) tout cela n'a servi à rien, tout est perdu», souffle Hadeel Shehata, une Gazaouie de 23 ans déplacée dans le sud du territoire.

Israël frappe désormais surtout le centre et le sud de la bande de Gaza après avoir bombardé massivement le nord du territoire. Le gouvernement israélien a accepté le principe d'une «mission d'évaluation» de l'ONU sur la situation dans le nord de Gaza en vue d'un retour des déplacés, a souligné mardi M. Blinken, sans donner de détails.

Le secrétaire d'Etat américain a débuté la semaine dernière une tournée au Moyen-Orient visant notamment à essayer d'éviter un débordement du conflit dans la région, où le Hamas compte plusieurs alliés, avec des groupes armés soutenus par l'Iran au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen.