Après les frappes sur Kiev Poutine menace de viser de nouvelles cibles

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5.6.2022 - 13:31

Plusieurs frappes russes ont visé Kiev dimanche à l'aube, les premières depuis fin avril, Vladimir Poutine menaçant de frapper de nouvelles cibles si les Occidentaux fournissent des missiles de longue portée à l'Ukraine.

En cas de telles livraisons, la Russie frapperait «des sites que nous n'avons pas visés jusqu'à présent», a déclaré M. Poutine à la chaîne de télévision Rossiya-1. (archives)
En cas de telles livraisons, la Russie frapperait «des sites que nous n'avons pas visés jusqu'à présent», a déclaré M. Poutine à la chaîne de télévision Rossiya-1. (archives)
KEYSTONE

5.6.2022 - 13:31

Dans l'est du pays, des combats intenses ont lieu pour le contrôle de la ville stratégique de Severodonestk, où chaque camp a affirmé progresser au cours des derniers jours.

Plusieurs explosions ont eu lieu à l'aube dans le sud-est de la capitale ukrainienne, dans les quartiers de Darnytsky et Dniprovsky, et un blessé a été hospitalisé, selon le maire de Kiev Vitali Klitschko et des témoins.

«J'ai entendu environ six explosions à 5H57 du matin», a déclaré à l'AFP Natalia, 72 ans, qui a été réveillée par les bombardements.

Selon des journalistes de l'AFP sur place, l'armée a installé un corridor de sécurité autour d'une cible interdite d'accès, une infrastructure ferroviaire. Un immeuble rose de 10 étages a eu toutes ses vitres brisées.

«L'agresseur continue de lancer des missiles et de mener des frappes aériennes sur les infrastructures militaires et civiles de notre pays, en particulier à Kiev», a écrit l'état-major de l'armée ukrainienne sur sa page Facebook.

Missiles de croisière

Selon les forces aériennes ukrainiennes, plusieurs missiles de croisière ont été tirés en direction de Kiev par des avions russes TU-95 basés dans la mer Caspienne dont un a été détruit.

Des infrastructures ferroviaires ont été visées, selon diverses sources ukrainiennes, notamment de la société de chemins de fer Ukrzaliznytsia. Moscou a affirmé avoir détruit des chars livrés par des pays d'Europe de l'Est.

«Des missiles de haute précision et de longue portée tirés (...) sur la banlieue de Kiev ont détruit des chars T-72 fournis par des pays d'Europe de l'Est et d'autres blindés qui se trouvaient dans des hangars», a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.

La société ukrainienne Energoatom qui gère les centrales nucléaires du pays a pour sa part déclaré qu'un missile avait volé à un «niveau extrêmement bas au-dessus de la centrale Pivdenno-Ukraïnska», dans la région de Mykolaïv (sud), dénonçant «un acte de terrorisme nucléaire». «Ce missile a probablement été tiré en direction de Kiev», selon Energoatom.

La capitale, autour de laquelle l'étau russe s'était desserré fin mars/début avril, n'avait plus été frappée depuis le 28 avril, jour de la visite du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Poutine prévient

Peu après ces bombardements, le président russe a prévenu que Moscou frapperait de nouvelles cibles si les Occidentaux fournissent des missiles de longue portée à l'Ukraine, ce qui selon lui vise à «prolonger le conflit».

En cas de telles livraisons, la Russie frapperait «des sites que nous n'avons pas visés jusqu'à présent», a déclaré M. Poutine à la chaîne de télévision Rossiya-1, sans plus de détails.

Ces déclarations interviennent quelques jours après que les Etats-Unis ont annoncé leur décision de livrer à l'Ukraine des lance-roquettes multiples Himars d'une portée d'environ 80 km.

Les experts militaires soulignent que cette portée est légèrement supérieure à celle des systèmes analogues russes, ce qui permettrait aux forces de Kiev de frapper l'artillerie adverse en restant hors d'atteinte.

Combats de rue

Dans le même temps dans l'est de l'Ukraine, des combats cruciaux se poursuivaient à Severodonetsk, au coeur de l'offensive russe dans le bassin minier du Donbass. Cette région orientale est sous le contrôle partiel de séparatistes prorusses depuis 2014 et Moscou espère la conquérir en intégralité.

Au cours des dernières heures, chacun des camps a revendiqué progresser à Severodonestk, la capitale administrative ukrainienne de la région de Lougansk.

«Les Russes contrôlaient environ 70% de la ville, mais au cours des deux derniers jours ils ont été repoussés. La ville est divisée en deux, ils ont peur de s'y déplacer librement», a déclaré dimanche matin sur Telegram Serguiï Gaïdaï, le gouverneur ukrainien de la région.

Plus tôt samedi, le maire de la ville Olexandre Striouk avait assuré que «nos militaires sont parvenus à se redéployer, à construire une ligne de défense. Actuellement, nous faisons le nécessaire pour rétablir le contrôle total» de la cité, notamment par des «combats de rue».

Mais à l'inverse, le ministère russe de la Défense avait affirmé samedi que les unités ukrainiennes «ayant subi des pertes critiques lors des combats pour Severodonetsk (jusqu'à 90% dans plusieurs unités)» se retiraient vers Lyssytchansk, la grande ville voisine.

Pour l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), la dynamique a changé et désormais les forces ukrainiennes «ralentissent avec succès (...) les assauts russes à Severodonetsk à travers des contre-attaques locales prudentes et efficaces».

Combats sur d'autres fronts

Les combats se poursuivent aussi sur les autres fronts. Selon le ministre ukrainien de la Défense, «la Russie continue de faire des efforts pour occuper tout notre Etat». Le Kremlin rêve, a assuré Oleksiï Reznikov, de «rassembler les terres» qu'il considère comme «siennes», y compris «la Pologne, les pays baltes, la Slovaquie et d'autres».

Crimée, Donbass, sud de l'Ukraine: au total, la Russie a triplé, depuis le début de l'invasion, la superficie de territoire ukrainien sous son contrôle atteignant 125'000 km2, soit 20% du pays, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans la région de Kherson, dans le sud, Moscou «continue de bombarder les territoires occupés et les positions de l'armée ukrainienne», a annoncé la présidence, qui craint une crise humanitaire dans les zones aux mains des Russes.

«Question de survie»

Sur le front diplomatique, le ministre ukrainien des Affaires étrangères avait répondu samedi au président français Emmanuel Macron qui, la veille, répétait qu'il ne fallait «pas humilier la Russie» pour préserver des portes de sortie diplomatiques.

«Nous ferions tous mieux de nous concentrer sur la façon de remettre la Russie à sa place. Cela apportera la paix et sauvera des vies», a rétorqué Dmytro Kouleba, estimant que la position de M. Macron ne peut qu'"humilier la France».

Dans le même temps, l'USS Kearsarge prenait ses quartiers à Stockholm. Il s'agit du plus gros navire de guerre américain s'étant jamais ancré dans le port de la capitale suédoise.

«Il est important pour nous, les Etats-Unis, ainsi que pour les autres pays de l'Otan, de montrer notre solidarité avec la Finlande et la Suède», a déclaré le général Mark Milley, le chef d'état-major américain, avant des manoeuvres navales annuelles de l'Otan en mer Baltique.

Sélection nationale

Dimanche soir, sur la pelouse de Cardiff, les Ukrainiens vont tenter de remporter une autre victoire, celle qui qualifierait la sélection nationale au Mondial de football.

«Nous avons tous compris que le match contre le pays de Galles ne sera pas une question de condition physique ou de tactique, mais bien de survie. Tout le monde va se battre pour cela et tout donner», a expliqué le défenseur Oleksandre Zinchenko, comme pour mieux faire corps avec les soldats ukrainiens, à défaut de pouvoir combattre à leur côté.

hl