Grande-Bretagne Boris Johnson investi premier ministre

ATS

24.7.2019 - 21:27

Boris Johnson a été investi mercredi premier ministre de Grande-Bretagne par la reine au palais de Buckingham à Londres. Elizabeth II lui a officiellement confié la tâche de former le nouveau gouvernement, avec pour mission de faire aboutir le Brexit.

La «priorité immédiate» de Boris Johnson sera d'accomplir le Brexit, a déclaré Theresa May, dans sa dernière allocution, prononcée devant la porte noire mondialement connue du 10 Downing Street. L'ex-première ministre s'est ensuite rendue au palais de Buckingham où elle a présenté sa démission à la reine Elizabeth II.

La première ministre sortante a souhaité «bonne chance» à son successeur à qui elle laisse un pays toujours profondément divisé, trois ans après le référendum de juin 2016 qui a vu les Britanniques voter à 52% pour le Brexit. Après que Theresa May, 62 ans, a remis sa démission, ce fut au tour de Boris Johnson, 55 ans, d'arriver au palais de Buckingham.

Des militants écologistes de l'organisation Greenpeace se sont mis sur son chemin, formant une chaîne humaine. Ils ont bloqué brièvement sa voiture. L'ancien maire de Londres a finalement été reçu par Sa Majesté qui a fait de lui son 14e chef de gouvernement. «M. Johnson a accepté l'offre et a embrassé la main de la reine», a écrit le palais dans un communiqué.

Premier discours de premier ministre

Dans son premier discours dans sa nouvelle fonction, Boris Johnson a déclaré devant le 10, Downing Street que si cela (le Brexit) devait se faire au prix d'une sortie sans accord, son pays serait prêt. Trois ans après, «les Britanniques en ont assez d'attendre», a martelé Boris Johnson, «il est temps d'agir». Il s'est également dit «persuadé» qu'un accord pouvait être atteint sans contrôle à la frontière irlandaise et sans «le filet de sécurité anti-démocratique».

Le «filet de sécurité» (ou «backstop») est un dispositif de l'accord de divorce conclu par Theresa May avec Bruxelles mais rejeté trois fois par les députés britanniques. Il permet d'éviter le rétablissement d'une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et sa voisine la République d'Irlande après le Brexit.

Le premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a mis en garde. «Suggérer qu'il puisse y avoir un tout nouvel accord, négocié en quelques semaines ou mois n'est absolument pas réaliste», a-t-il déclaré mercredi, attendant de voir si M. Johnson «peut fournir quelques détails derrière certains de ses slogans».

Nouvelles têtes

Les premières nominations qu'il a décidées confirment sa volonté, annoncée par ses proches, de promouvoir des femmes et des personnalités issues de minorités ethniques. L'ancien banquier Sajid Javid, fils d'immigrés pakistanais, a été nommé ministre des Finances, un poste stratégique en particulier en cas de sortie sans accord qui pourrait générer de fortes turbulences économiques.

Il était jusqu'à présent ministre de l'Intérieur. Ce portefeuille est récupéré par Priti Patel, 47 ans, dont les parents sont d'origine indienne, et qui est une ardente avocate du Brexit.

Boris Johnson a choisi un autre eurosceptique convaincu, Dominic Raab, 45 ans, pour prendre la tête de la diplomatie, un poste crucial en pleine crise des pétroliers avec l'Iran. M. Raab avait démissionné l'an dernier du gouvernement de Theresa May pour marquer son opposition à sa stratégie sur le Brexit, qu'il jugeait trop conciliante avec l'UE.

Il remplace Jeremy Hunt, rival malheureux de Boris Johnson pour remplacer Theresa May. Steve Barclay est lui maintenu à son poste de ministre chargé du Brexit et sera l'interlocuteur des équipes de négociations de l'UE.

Avant même qu'il n'arrive à Downing Street, plusieurs ministres ont claqué la porte du gouvernement, dont le vice-premier ministre, David Lidington ou le ministre des Finances, Philip Hammond, marquant ainsi leur opposition à l'éventualité d'une sortie sans accord de l'UE.

D'autres ont été remerciés, y compris les pro-Brexit Penny Mordaunt, ministre de la Défense, et Liam Fox, ministre du Commerce International. M. Johnson a nommé comme conseiller Dominic Cummings, directeur controversé de la campagne officielle en faveur du Brexit lors du référendum de juin 2016.

L'UE «prête»

Le Parlement européen a mis en garde contre les conséquences «économiquement très dommageables» d'un départ du Royaume-Uni de l'UE sans accord. Il a également réaffirmé la possibilité de modifier la déclaration politique, qui pose les bases de la future relation entre le Royaume-Uni et l'UE après le Brexit, mais pas l'accord de retrait, laborieusement conclu, qui fixe les conditions du divorce.

Tandis que chaque partie semble camper sur ses positions, le temps presse. «Nous attendons de savoir ce que le nouveau premier ministre veut, quels sont les choix du Royaume-Uni», a déclaré mercredi à la BBC le négociateur de l'UE Michel Barnier. «Le 'no deal' ne sera jamais le choix de l'UE, mais nous sommes prêts», a souligné M. Barnier.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a de son côté félicité le nouveau premier ministre britannique. «J'ai hâte que l'on se rencontre afin de discuter – en détail – de notre coopération», écrit Donald Tusk, qui chapeaute l'institution regroupant les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, dans une courte missive.

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