Grande-BretagneBoris Johnson obtient le 10 Downing Street
ATS
23.7.2019 - 18:10
Le champion des pro-Brexit Boris Johnson a promis mardi une sortie de l'Union européenne le 31 octobre, après sa victoire écrasante dans la course à Downing Street. Reste à savoir s'il pourra obtenir les concessions qu'il réclame de Bruxelles.
«Nous allons mettre en oeuvre le Brexit le 31 octobre», la date butoir fixée après deux reports, a-t-il déclaré après l'annonce, sans vraiment de surprise, que ce serait lui qui allait succéder à la Première ministre Theresa May. «Nous allons tirer avantage de toutes les opportunités que cela apportera dans un nouvel esprit positif», s'est-il enthousiasmé.
L'ex-maire de Londres et ex-ministre des Affaires étrangères, qui était opposé à l'actuel chef de la diplomatie Jeremy Hunt, a remporté 66% des voix des quelque 159'000 membres du Parti conservateur qui se sont exprimés.
Visite à la reine
Il devient donc chef des Tories et prendra officiellement ses fonctions de Premier ministre mercredi après-midi après une visite à la reine Elizabeth II.
«Il sera formidable», s'est enthousiasmé le président américain Donald Trump, un des premiers à réagir. Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel l'ont félicité et se sont dits désireux de travailler au plus vite avec lui.
La prochaine présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a évoqué des «défis à venir». «Nous avons hâte de travailler de façon constructive avec le Premier ministre Boris Johnson», a réagi le négociateur en chef de l'UE sur le Brexit, Michel Barnier.
Mais si les dirigeants européens sont prêts à se pencher de nouveau sur la déclaration politique, qui pose les bases de la future relation entre le Royaume-Uni et l'UE après le Brexit, ils refusent de renégocier l'Accord de retrait.
Fruit de 17 mois de discussions difficiles, ce document de 585 pages fixe les conditions du divorce, en particulier le controversé «filet de sécurité» («backstop») permettant d'éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord après le Brexit.
M. Johnson obtiendra-t-il des concessions des dirigeants de l'UE? Son père Stanley semble y croire en tout cas, déclarant à l'AFP être «extrêmement confiant de voir un changement dans la réaction de nos partenaires européens».
«Menteur, tricheur et misogyne»
Au plan intérieur, la tâche de Boris Johnson s'annonce aussi ardue avec un Parlement et des Britanniques toujours profondément divisés sur leur vision du Brexit, trois ans après le référendum de juin 2016.
C'est une mission sur laquelle Theresa May s'est cassé les dents, échouant à trois reprises à faire accepter aux députés l'accord de sortie qu'elle avait conclu en novembre avec Bruxelles, ce qui l'a poussée à la démission.
La volonté de Boris Johnson de quitter l'UE à n'importe quel prix indispose ceux, y compris dans son propre camp, qui souhaitent le maintien de liens étroits avec le continent et redoutent les conséquences économiques d'un «no deal».
Le ministre des Finances Philip Hammond a prévenu qu'il ferait «tout» pour empêcher ce scénario, ne semblant pas exclure de contribuer à faire tomber le futur gouvernement de Boris Johnson.
A l'instar de plusieurs autres ministres, il a annoncé qu'il mettait un point d'honneur à démissionner avant même la fin officielle du gouvernement de Theresa May, laissant augurer des difficultés à venir pour Boris Johnson.
Quant aux milieux d'affaires, ils l'ont poliment félicité mais ont surtout réclamé qu'il fasse tout pour éviter un «no deal».
Si le futur Premier ministre a séduit une vaste majorité de militants conservateurs, sa personnalité divise, et des militants anti-Brexit ont manifesté leur dépit mardi. «Ce pays est devenu fou», a dit à l'AFP Suzanna Licey, 57 ans, le qualifiant de «menteur, tricheur et misogyne».
«Boris Johnson a obtenu le soutien de moins de 100'000 membres du Parti conservateur non élus (...) mais il n'a pas obtenu le soutien de notre pays», a réagi Jeremy Corbyn le chef du Labour, principal parti d'opposition, sur Twitter.
Crise iranienne
Une fois posées ses valises à Downing Street, il pourrait annoncer, dès mercredi selon la presse britannique, une visite à Paris, Berlin, Dublin ou Bruxelles, pour mettre sur les rails sa stratégie sur le Brexit.
Washington est également cité, Londres espérant signer avec son allié américain un ambitieux accord de libre-échange.
Boris Johnson aura d'ici là un autre défi urgent à gérer: l'escalade des tensions avec Téhéran, au plus haut après l'arraisonnement vendredi par l'Iran d'un pétrolier battant pavillon britannique dans le détroit d'Ormuz.
Le ministre des Affaires étrangères iranien Mohamad Javad Zarif l'a félicité mais a prévenu: «nous protègerons le Golfe».
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