Brexit Boris Johnson tente de séduire les députés

ATS

18.10.2019 - 20:42

Un échec de Boris Johnson au Parlement prolongerait la grande incertitude dans laquelle le Royaume-Uni est plongé depuis l'approbation du Brexit par référendum en juin 2016.
Un échec de Boris Johnson au Parlement prolongerait la grande incertitude dans laquelle le Royaume-Uni est plongé depuis l'approbation du Brexit par référendum en juin 2016.
Source: KEYSTONE/EPA/JULIEN WARNAND

Boris Johnson a déployé ses derniers efforts vendredi pour convaincre les députés réticents à soutenir son accord de Brexit lors d'un vote historique samedi. Il a assuré qu'il n'y avait «pas de meilleure issue» pour quitter l'UE le 31 octobre.

Alors que le feu vert du Parlement britannique reste très incertain, le Premier ministre conservateur s'est engagé sur tous les fronts, appelant des parlementaires, réunissant ses ministres et donnant une série d'entretiens à la télévision pour défendre le compromis arraché in extremis à Bruxelles.

«Il n'y a pas de meilleure issue que celle que je vais préconiser demain», a-t-il assuré à la BBC. Sur la chaîne ITV, il a invité les députés à «penser à un monde» où l'obstacle du Brexit, qui paralyse la vie politique depuis trois ans, aura «été dépassé».

Trois mois après être arrivé au pouvoir avec la promesse de réaliser le Brexit coûte que coûte le 31 octobre, le dirigeant a créé la surprise des deux côtés de la Manche en arrachant un accord alors que les négociations semblaient patiner.

Séance exceptionnelle

Le conservateur doit maintenant obtenir le feu vert du Parlement lors d'une séance exceptionnelle à Westminster samedi.

Il a réuni vendredi après-midi ses ministres pour faire le point. Si le texte est avalisé par les députés, l'exécutif présentera dès lundi le projet de loi destiné à le mettre en oeuvre, ont indiqué ses services.

Le dirigeant se bat pour chaque voix, tant le vote s'annonce serré samedi. Il a multiplié jeudi et vendredi les coups de téléphone aux députés, selon ses services, dans une entreprise de persuasion visant tous les partis.

Opposition contre l'accord

Le gouvernement conservateur ne dispose plus que de 288 élus, contre une majorité absolue de 320 voix à la Chambre des communes, qui avait rejeté trois fois l'accord de divorce de l'ex-Première ministre Theresa May, la poussant à la démission.

Les partis de l'opposition ont déjà prévenu qu'ils voteraient contre l'accord de Johnson, le Labour y voyant un risque de détérioration des droits des travailleurs après le Brexit.

DUP vent debout

Surtout, le parti unioniste nord-irlandais DUP, allié de l'exécutif au parlement, est vent debout contre le compromis, qui ébrèche selon lui l'intégrité du Royaume-Uni en prévoyant un traitement différent pour l'Irlande du Nord.

Boris Johnson pourrait gagner des points en obtenant le soutien de la vingtaine de conservateurs opposés à un Brexit sans accord, qu'il a lui-même expulsés du Parti le mois dernier. Dans son viseur également: les potentiels rebelles travaillistes, représentant des circonscriptions favorables au «Leave».

«C'est un mauvais accord, mais si je pensais qu'il n'y aurait pas de Brexit du tout, j'envisagerais de voter pour», a admis le travailliste Graham Stringer sur la BBC.

En cas d'échec

Un échec de Boris Johnson au Parlement prolongerait la grande incertitude dans laquelle le Royaume-Uni est plongé depuis l'approbation du Brexit par référendum en juin 2016.

Une loi votée en septembre par l'opposition le contraint à demander à Bruxelles un nouveau report de trois mois du Brexit, qui nécessiterait l'aval de l'UE. Le dirigeant exclut catégoriquement de repousser le Brexit, déjà reporté deux fois, sans dire toutefois comment il s'y prendrait.

Règles particulières pour les douanes

Son accord établit des règles particulières pour les douanes concernant les marchandises arrivant en Irlande du Nord, qui reste dans le territoire douanier britannique, selon que celles-ci sont destinées à y rester ou à passer dans le marché unique européen.

Il s'agit d'éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord britannique et la république d'Irlande, qui restera membre de l'UE, afin de préserver la paix après des décennies de violences.

Plus généralement, le texte prévoit les conditions du divorce entre le Royaume-Uni et l'UE après 46 ans de vie commune, notamment en matière de droits des citoyens et de respect des engagements financiers. Il introduit une période de transition jusqu'à décembre 2020.

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