Brésil Après des revers en série au Congrès, les indigènes s'inquiètent

ATS

25.5.2023 - 18:20

Défenseurs de l'environnement et indigènes brésiliens affichaient leur préoccupation jeudi. Cela au lendemain d'une séance nocturne au Congrès marquée par des votes qui pourraient représenter «un retour en arrière» en dépit des engagements du président Lula.

"Toute tentative de démanteler le système national de préservation de l'environnement va à l'encontre des intérêts du Brésil", a réagi sur les réseaux sociaux la ministre de l'Environnement Marina Silva.
"Toute tentative de démanteler le système national de préservation de l'environnement va à l'encontre des intérêts du Brésil", a réagi sur les réseaux sociaux la ministre de l'Environnement Marina Silva.
ATS

Keystone-SDA

Une commission mixte composée de députés et sénateurs a approuvé mardi soir par quinze voix contre trois un texte qui modifie les attributions de plusieurs ministères, au détriment notamment de ceux de l'Environnement et des Peuples indigènes.

«Toute tentative de démanteler le système national de préservation de l'environnement va à l'encontre des intérêts du Brésil», a réagi sur les réseaux sociaux la ministre de l'Environnement Marina Silva. «Cela peut provoquer de graves préjudices économiques, sociaux et environnementaux».

Le texte, qui doit être soumis prochainement au vote en séance plénière, prévoit également de retirer au ministère de l'Environnement des compétences sur le cadastre des terres rurales et sur la gestion des ressources en eau.

Démarcation de nouvelles réserves

Son approbation représenterait également un revers majeur pour la ministre des Peuples Indigènes, Sonia Guajarara, dont le portefeuille a été créé par le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva à son retour au pouvoir en janvier.

Il perdrait une de ses principales attributions, la responsabilité de la démarcation de nouvelles réserves indigènes, qui reviendrait au ministre de la Justice.

«Grand retour en arrière»

«C'est un grand retour en arrière, (...) qui va à l'encontre de tout ce que le président Lula défend, à savoir la garantie de la participation des peuples indigènes dans les prises de décision», a déclaré à l'AFP Mme Guajajara.

La démarcation des réserves indigènes pourrait être affectée par un autre vote controversé mardi soir: l'approbation du régime d'urgence pour voter un projet de loi qui établit que les autochtones n'ont droit qu'aux terres qu'ils occupaient au moment de la promulgation de la Constitution de 1988.

Une thèse rejetée par les indigènes, qui arguent qu'ils n'occupaient pas certaines terres en 1988 parce qu'ils en avaient été évincés au fil des siècles, notamment pendant la dictature militaire (1964-1985).

Avec l'approbation du régime d'urgence, le projet de loi pourra être voté directement en séance plénière, sans passer au préalable par des commissions.

«Lula doit agir»

Les députés ont également approuvé mardi soir un amendement à une autre loi, qui risque selon les écologistes d'affaiblir les organes de protection de la Mata Atlantica, la forêt du littoral atlantique.

Plusieurs ONG ont regretté que le gouvernement Lula n'ait pas orienté explicitement ses alliés centristes à voter contre ces textes hautement polémiques.

«Le gouvernement n'a même pas feint la moindre indignation en voyant qu'il ne contrôle même pas l'organisation de ses propres ministères», a fustigé le collectif d'ONG Observatoire du Climat.

«Si Lula veut honorer ses engagements internationaux, il doit agir maintenant», a réagi Luiza Lima, de l'antenne brésilienne de Greenpeace.

Le chef de l'Etat s'est engagé à faire de la préservation de l'environnement une priorité, après quatre années marquées par une forte hausse de la déforestation sous la présidence de son prédécesseur d'extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022).