Brésil Brésil: des snipers contre les criminels?

ATS

31.10.2018 - 21:27

La violence a atteint l'an dernier le record de 63'880 morts au Brésil et, en sept ans, a fait plus de tués que la guerre en Syrie (archives)
La violence a atteint l'an dernier le record de 63'880 morts au Brésil et, en sept ans, a fait plus de tués que la guerre en Syrie (archives)
Source: KEYSTONE/AP/LEO CORREA

Le gouverneur élu de Rio Wilson Witzel, de la mouvance d'extrême droite, a provoqué un tollé en annonçant qu'il comptait déployer des snipers pour abattre les criminels armés. Cela même s'ils ne représentent pas une menace pour des policiers.

Wilson Witzel, ancien juge fédéral âgé de 50 ans, fait partie des gouverneurs ayant surfé sur la vague Jair Bolsonaro pour être élus lors des élections générales brésiliennes. Tous deux ont fait campagne en adoptant une ligne très dure contre la criminalité.

Le président brésilien élu propose notamment de faciliter l'accès aux armes pour que "les gens bien" assurent leur autodéfense et de donner une "protection juridique" aux policiers faisant usage de leurs armes en service.

"Si vous avez cinq criminels qui tirent en direction d'un policier, ils devraient tous être abattus", a déclaré Wilson Witzel mardi soir lors d'un entretien à la chaîne Globonews.

Lorsqu'on lui a demandé si son plan prévoyait aussi de tirer dans le dos des suspects, il a ajouté : "L'arme au poing ? Il (le criminel) représente une menace. Il va utiliser cette arme pour attaquer quiconque se trouvera en face de lui", a-t-il ajouté.

Le fléau de la violence

La violence est un fléau pour les 208 millions de Brésiliens : elle a atteint l'an dernier le record de 63'880 morts et, en sept ans, a fait plus de tués que la guerre en Syrie.

Après des Jeux olympiques très réussis en 2016, Rio de Janeiro a été confronté ces dernières années à une spirale de violences alimentées par de grandes difficultés budgétaires et la corruption.

Ces débordements ont forcé en février le gouvernement fédéral à confier à l'armée le commandement des forces de sécurité de l'Etat de Rio de Janeiro, le deuxième plus riche du pays.

Au Brésil, la police a déjà la gâchette facile et ne rend guère de comptes non plus, comme l'a déploré Amnesty International : elle a tué l'an dernier 5144 personnes lors d'opérations, un chiffre en hausse de 20%. Pour les militants des droits de l'homme, les annonces de Witzel sont illégales.

"Donner l'autorisation de tuer automatiquement toute personne qui pourrait être armée alors qu'il n'y a pas de menace imminente contre la vie d'autrui est un affront au droit brésilien et international", a réagi l'ONG Amnesty International.

"Cela n'aboutirait qu'à une escalade de la violence et mettrait en danger la vie de centaines de milliers de personnes, y compris celle des policiers eux-mêmes", a ajouté l'organisation.

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