La Première ministre britannique Theresa May est attendue vendredi à Londres après avoir obtenu de l'Union européenne un report du Brexit. Elle affronte à nouveau le défi de convaincre son parlement d'adopter son accord de retrait de l'UE.
Les 27 ont décidé jeudi soir d'accorder au Royaume-Uni deux options pour un report du Brexit au-delà de la date initialement prévue du 29 mars. La date fatidique est désormais fixée au 12 avril, près de trois ans après le référendum qui a décidé d'une sortie de l'UE.
«La décision d'aujourd'hui souligne l'importance pour la Chambre des Communes de voter l'accord de Brexit la semaine prochaine», a déclaré dans la foulée Theresa May à l'issue de longues heures de négociations avec les 27.
«Rallier des soutiens»
«Je travaillerai dur pour rallier des soutiens pour faire passer l'accord», a-t-elle lancé à l'adresse des parlementaires. Ceux-ci ont déjà massivement rejeté à deux reprises, le 15 janvier et le 12 mars, son traité de retrait conclu après 17 mois de difficiles négociations.
Anticipant d'ailleurs un possible rejet de ce traité, les 27 ont donné à la Première ministre le choix: soit l'accord est voté et le Royaume-uni effectue une sortie ordonnée de l'UE, bénéficiant pour ce faire d'un court report technique fixé au 22 mai.
Soit l'accord est rejeté pour la 3e fois et Londres aura jusqu'au 12 avril pour décider d'organiser des élections européennes. S'il décidait de les tenir, le Royaume-Uni pourrait alors demander un nouveau report, dont la durée n'a pas été fixée.
Jusqu'au 12 avril, qualifié de «clé», «toutes les options sont ouvertes», a résumé le président du Conseil européen Donald Tusk : le vote de l'accord, une sortie sans accord, un long report du Brexit, voire la possibilité que le Royaume-Uni renonce au Brexit.
«Bien sûr nous nous réunirons de nouveau avant cette date, certainement en présence de» Theresa May, a déclaré de son côté la chancelière allemande Angela Merkel, ouvrant la perspective d'un nouveau sommet.
Eléments nouveaux
La Première ministre britannique va devoir à présent soumettre son accord de retrait aux députés, un vote que l'exécutif souhaite voir intervenir la semaine prochaine.
Theresa May devra commencer par convaincre le président de la Chambre des Communes. John Bercow avait empêché cette semaine la tenue d'un nouveau vote sur l'accord, faisant valoir une très ancienne pratique interdisant de soumettre deux fois de suite aux députés un même texte. Les récentes décisions de l'UE peuvent toutefois apparaitre comme des éléments nouveaux permettant le vote, selon les analystes.
Mme May devra surtout convaincre les députés d'adopter l'accord de retrait, alors qu'elle a provoqué leur colère en rejetant sur eux la responsabilité des atermoiements du Brexit dans une allocution la veille du sommet européen où elle s'affirmait du côté du peuple.
Occasion «ratée»
Signe des difficultés à venir, le petit parti nord-irlandais DUP, qui assure à Theresa May une fragile majorité absolue au Parlement, a estimé vendredi que la dirigeante avait «raté une occasion» d'améliorer son accord de divorce lors de sa rencontre avec les dirigeants de l'UE.
Alors que la classe politique commençait déjà à envisager un nouveau rejet, une nouvelle option était évoquée vendredi: la possibilité d'organiser une série de votes indicatifs pour déterminer les desiderata du Parlement. «Dans l'éventualité où la Chambre (des Communes) rejetterait (l'accord), il ne serait pas déraisonnable d'avoir des votes subséquents pour savoir ce qu'(elle) souhaite», a déclaré le secrétaire d'Etat au Brexit Kwasi Kwarteng.
Dans ce climat d'incertitude, une pétition en ligne demandant au gouvernement de renoncer au Brexit, déposée sur le site du Parlement, obtenait un succès fulgurant, avec plus de trois millions de signatures en deux jours. Mais Theresa May a toujours refusé cette hypothèse, estimant que son «devoir» était de concrétiser la décision prise par les Britanniques lors du référendum de juin 2016.
Les Européens, eux, ne cachent plus leur agacement face à cette crise: il «faut mettre fin à ce feuilleton» et que les «Britanniques tranchent» dans leur position à l'égard du Brexit, a souligné vendredi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
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