Droits humainsBrexit, Venezuela et Cachemire à Genève
ATS
6.9.2019 - 17:07
De premiers effets du Brexit sont attendus au Conseil des droits de l'homme dès lundi à Genève. La délégation britannique ne devrait plus coordonner ses positions avec l'UE. Pendant trois semaines, Venezuela, Cachemire indien ou encore Birmanie seront au menu.
La session «sera aussi chargée que les précédentes», a dit devant la presse le président du Conseil Coly Seck. Or, très active, la Grande-Bretagne va prendre davantage de libertés par rapport au groupe européen en raison de l'anticipation du Brexit.
«Elle a un rôle important» au Conseil, relève une source diplomatique proche du dossier. Elle a dit à ses partenaires de l'UE qu'au sein de ce bloc au Conseil, «elle ne donnerait plus son opinion depuis début septembre» sauf si ses intérêts sont menacés. De quoi augmenter le poids de plus petits pays européens au Conseil.
Ces derniers mois, les ressources ont été davantage investies à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), où les Britanniques devront revoir de nombreux accords pour préparer l'après-Brexit. En revanche, la position britannique au Conseil ne devrait pas être modifiée. Ce pays «défend des valeurs. Je n'ai aucune raison de penser que cela changera», a dit à Keystone-ATS l'ambassadeur suisse auprès de l'ONU à Genève, Valentin Zellweger.
Pendant le Conseil, les questions brûlantes ne manqueront pas. Parmi elles, le Groupe de Lima, qui rassemble des Etats opposés au président vénézuélien Nicolas Maduro, prévoit un projet de résolution pour demander une Commission d'enquête internationale sur ce pays. Un scénario qui n'a pas les faveurs de la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet.
Ministres pakistanais et indiens prévus
Celle-ci préfère une approche plus pragmatique et souhaite un bureau permanent dans ce pays d'ici la fin de l'année pour surveiller les violations des droits humains. «Nous sommes obligés de prendre en compte» son attitude, explique la source diplomatique.
Un vote négatif sur la résolution serait également «contre-productif». Mme Bachelet préfère une approche «ferme, qui cherche à épuiser les possibilités offertes par la voie confidentielle, ce qui n’est pas très différent de la méthode employée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR)«, fait remarquer de son côté M. Zellweger.
Autre thème attendu au Conseil des droits de l'homme, la tension au Cachemire indien. Le scénario d'une réunion spéciale a été abandonné mais un débat urgent pourrait avoir lieu. Le ministre pakistanais des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi et le numéro deux de la diplomatie indienne sont attendus à Genève, quelques jours avant la visite d'Etat en Suisse du président indien.
New Delhi impose depuis début août au Cachemire indien disputé avec le Pakistan des restrictions pour limiter les manifestations de la population contre la révocation de cette région. Ce dispositif a été décidé par le gouvernement de Narendra Modi. «La discussion est très difficile, très politisée», selon M. Zellweger.
La Birmanie et la situation de près d'un million de réfugiés rohingyas qui ont fui au Bangladesh seront aussi largement analysées. Après avoir recommandé des poursuites contre plusieurs hauts responsables de l'armée birmane pour génocide, la Mission d'établissement des faits sur la Birmanie doit rendre deux nouveaux rapports.
Yémen, Syrie ou encore Burundi attendus
Le chef du nouveau Mécanisme d'enquête indépendant sur ce pays, l'Américain Nicholas Koumjian, s'exprimera pour la première fois devant l'instance onusienne. La Commission d'enquête internationale indépendante sur le Burundi, celle sur la Syrie et le groupe d'experts indépendants sur le Yémen seront aussi entendus par les Etats.
Mme Bachelet doit elle s'exprimer à plusieurs reprises, notamment sur la bande de Gaza. Sur les territoires palestiniens, la liste de son bureau sur les entreprises actives dans les colonies israéliennes qui violent le droit international est toujours attendue.
Lors de la précédente session du Conseil, une vingtaine de pays au total, dont la Suisse, avaient mis la pression sur Pékin. Dans une déclaration, ils avaient demandé la fin des camps d'internement au Xinjiang, où plus d'un million de personnes seraient retenues.
Une approche «qui n'est pas constructive», a dit devant la presse l'ambassadeur chinois Chen Xu, qui estime que le Conseil ne devrait pas blâmer des pays. Un dispositif similaire à celui sur le Xinjiang n'est pas prévu sur Hong Kong. Après la session, M. Seck retrouvera fin octobre dans son pays Mme Bachelet et les membres du Conseil pour une réunion informelle.
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