France Castaner tente de clore la polémique

ATS

3.5.2019 - 20:32

Christophe Castaner avait déclaré mercredi à la presse que «des gens (avaient) attaqué un hôpital, des infirmières (avaient) dû préserver le service de réanimation», en marge du défilé syndical de la Fête du travail.
Christophe Castaner avait déclaré mercredi à la presse que «des gens (avaient) attaqué un hôpital, des infirmières (avaient) dû préserver le service de réanimation», en marge du défilé syndical de la Fête du travail.
Source: Keystone/AP/THIBAULT CAMUT

Le ministre français de l'Intérieur Christophe Castaner a dû faire son mea culpa vendredi pour avoir dénoncé une «attaque» d'un hôpital parisien lors des manifestations du 1er mai. La thèse a été mise à mal et dénoncée comme une fausse information, voire un mensonge.

Des élus d'opposition ont réclamé vendredi son audition devant le parlement français tandis que les réseaux sociaux et des médias fustigeaient «une grossière infox», selon l'expression du site de l'hebdomadaire Marianne. Face à la levée de boucliers, le ministre a regretté ses propos: «J'entends le reproche qui m'est fait d'avoir utilisé le mot 'attaque'«, a-t-il dit. «Je souhaite qu'aucune polémique n'existe sur ce sujet et le voyant l'être, je me dis que je n'aurais pas dû l'employer», a-t-il ajouté.

Christophe Castaner avait déclaré mercredi à la presse que «des gens (avaient) attaqué un hôpital, des infirmières (avaient) dû préserver le service de réanimation», en marge du défilé syndical de la Fête du travail, auquel s'étaient joints des «gilets jaunes» qui protestent contre la politique du gouvernement depuis la mi-novembre.

Mais la diffusion de vidéos et de témoignages a battu en brèche cette version de l'attaque présumée, montrant des manifestants qui semblaient vouloir pénétrer dans le service, sans violence, pour s'y abriter d'effluves de gaz lacrymogènes. Le ministre s'est justifié en rapportant les propos que lui ont tenus différents responsables hospitaliers, comme la directrice générale de l'hôpital ou le patron des hôpitaux parisiens.

«'Intrusion violente', c'est le terme utilisé par la directrice de l'hôpital. 'Attaque', c'est celui qui m'est venu après avoir entendu le récit ému du personnel. Retenez le terme que vous voudrez», a notamment lancé M. Castaner, ancien porte-parole du gouvernement, nommé à l'Intérieur en octobre, un mois avant que n'éclatent les manifestations hebdomadaires des «gilets jaunes», parfois émaillées de violences. «Intrusion violente, terme utilisé par la directrice, est en effet mieux adapté», a-t-il reconnu.

«Il a encore parlé trop vite»

Mais pour l'hebdomadaire Marianne, il «rame sec pour tenter de se rétablir» et «son 'mea culpa' paraît bien faible au regard de la polémique...«. Députés et sénateurs socialistes et communistes sont de leur côté montés au créneau pour réclamer son audition devant le parlement.

«S'il s'avérait que le ministre de l'Intérieur a relayé sciemment ou pas de fausses informations ou des informations non vérifiées, se trouverait dès lors nécessairement posée la question du maintien de la confiance que lui accordent le président de la République et le premier ministre, avec les conséquences que cela implique», écrivent les députés socialistes. Christophe Castaner «a toute ma confiance», a répliqué vendredi après-midi le premier ministre Edouard Philippe.

Dès jeudi, le chef de file des Insoumis (gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon, réclamait sa démission, en le traitant de «menteur, en plus d'être un incompétent». Dans l'opposition de droite, même tonalité: «Le vrai problème n'est pas que M. Castaner emploie un mot ou un autre; c'est qu'il n'ait toujours pas compris que la mission du ministre de l'Intérieur n'est pas de commenter hâtivement, mais de diriger sérieusement la @Place_Beauvau» (ministère), twittait jeudi Guillaume Larrivé, secrétaire général délégué Les Républicains.

«Il a encore parlé trop vite», se désolait jeudi un cadre du ministère de l'Intérieur. «Nous avions une journée du 1er mai qui avait été annoncée comme l'apocalypse par les 'Black Blocs' et qui au final avait bien été gérée, et il met tout par terre avec cette déclaration», abondait une source policière.

Surenchère sécuritaire

Le gouvernement, encalminé dans la crise des gilets jaunes, est aussi soupçonné de surenchère sécuritaire. Pour le 1er mai, M. Castaner avait ainsi prévenu que jusqu'à «2000 activistes radicaux» étaient attendus. Le ministère «avait opté pour une stratégie de la tension en avertissant très largement sur les risques de débordements», pointe le quotidien Le Monde paru vendredi.

Retour à la page d'accueil