Ukraine Ce que l'on sait de la frappe meurtrière de Makiïvka 

ATS

4.1.2023 - 16:11

La Russie a reconnu ses plus lourdes pertes militaires en une seule attaque en Ukraine avec la mort d'au moins 89 soldats dans une frappe sur Makiïvka, dans l'Est. Voici ce que l'on sait de ce bombardement, revendiqué par l'armée ukrainienne:

Des travailleurs nettoient les décombres après une frappe de roquette ukrainienne à Makiivka, dans la région de Donetsk sous contrôle russe, dans l'est de l'Ukraine, le mardi 3 janvier 2023.
Des travailleurs nettoient les décombres après une frappe de roquette ukrainienne à Makiivka, dans la région de Donetsk sous contrôle russe, dans l'est de l'Ukraine, le mardi 3 janvier 2023.
KEYSTONE

Keystone-SDA

Que s'est-il passé à Makiïvka?

Le ministère russe de la Défense a, fait extrêmement rare, annoncé que 89 de ses soldats ont été tués dans une frappe réalisée à l'aide d'un système lance-missile HIMARS, une arme fournie par les Etats-Unis à l'Ukraine et qui permet des bombardements loin derrière les lignes ennemies.

Cette frappe s'est produite une minute après le passage à la nouvelle année sur un bâtiment de la ville de Makiïvka, située en territoire contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses en guerre avec les forces de Kiev.

Selon le général russe Sergueï Sevrioukov, le bâtiment a été touché par quatre missiles HIMARS portant des «ogives à fragmentation hautement explosives». La détonation a provoqué l'effondrement du bâtiment à Makiïvka.

L'admission de ces pertes est exceptionnelle: il s'agit non seulement du plus lourd bilan en une seule attaque reconnu par Moscou depuis le début de son invasion en février, mais elle représente aussi la première communication sur des pertes militaires depuis septembre, lorsque le ministre de la Défense Sergueï Choïgou avait évoqué 5937 morts dans les rangs de l'armée russe.

Que disent les Ukrainiens?

L'Ukraine, qui a reconnu avoir mené cette frappe en donnant également la date du 31 décembre, avant le Nouvel an, a de son côté avancé des informations contradictoires sur les pertes de l'armée russe à Makiïvka.

Le département des communications stratégiques de l'armée ukrainienne a évoqué sur Telegram, dans un langage particulièrement fleuri, un bilan de 400 morts et de 300 blessés.

Plus sobre, l'état-major a indiqué ne pas avoir d'informations définitives sur le nombre de victimes russes, chiffrant par ailleurs à «jusqu'à dix» le nombre de véhicules militaires «de tous types» détruits dans ce bombardement.

«Les pertes en termes de personnel pour les occupants est en train d'être précisé», a-t-il ajouté dans un message sur Facebook lundi.

Pourquoi autant de morts?

Selon le général Sergueï Sevrioukov, la cause principale de l'attaque a été «l'utilisation massive par le personnel de téléphones portables» malgré l'interdiction de le faire, ce qui a permis aux forces ukrainiennes de géolocaliser cette concentration de soldats russes.

Dimanche, des médias russes et ukrainiens avaient commencé à faire état de cette frappe en affirmant que le bâtiment touché accueillait des mobilisés russes, donc des soldats non professionnels.

Selon l'ancien commandant séparatiste Igor Strelkov, très au fait de la situation sur le terrain, le bâtiment qui abritait les mobilisés russes a été entièrement détruit par la frappe car des munitions y étaient stockées.

Cette affirmation a aussi été avancée par le ministère britannique de la Défense, selon lequel compte tenu de la destruction du bâtiment, «il existe une possibilité réaliste que des munitions étaient stockées à proximité des logements des troupes».

Selon la chaîne Telegram «Rybar», l'une des principales sources prorusses sur la guerre en Ukraine, le bâtiment abritait 600 personnes.

Les forces ukrainiennes ont simplement évoqué une «zone de concentration» de soldats à Makiïvka

Quelles réactions en Russie?

L'annonce de ces pertes a provoqué un choc en Russie, mais aussi des critiques envers le commandement militaire russe, déjà embarrassé par une série d'humiliantes défaites sur le front ukrainien ces derniers mois.

La patronne de la chaîne RT, fer de lance de la propagande du Kremlin à l'international, Margarita Simonian, a appelé à rendre public les noms des officiers russes et «la mesure de leur responsabilité».

«Malgré plusieurs mois de guerre, certaines conclusions n'ont toujours pas été tirées», a constaté de son côté le blogueur Boris Rojine, proche des milieux séparatistes pro-russes ukrainiens, fustigeant «l'incompétence» des hauts gradés de l'armée russe.

«Pourquoi continuons-nous à installer (les mobilisés) dans des hôtels, des auberges et des écoles professionnelles...», s'interroge de son côté le correspondant de guerre russe Alexandre Kots.

Igor Strelkov avertit lui qu'une telle frappe meurtrière peut se reproduire «à tout moment», regrettant que les généraux russes soient «incapables d'apprendre».

Fait inhabituel en Russie, où les pouvoirs publics restent discrets sur les pertes militaires en Ukraine, de petits hommages publics aux victimes ont eu lieu dans plusieurs villes avec l'aval des autorités.