Les militaires des deux camps dans la guerre libyenne se sont dits à Genève «d'accord» sur le principe d'un «cessez-le-feu durable». Mais il faut désormais établir les conditions, a déclaré mardi devant la presse le chef de l'ONU en Libye Ghassan Salamé.
Celui-ci a entamé lundi des discussions avec des hauts responsables militaires des deux côtés pour faire passer «solidifier la trêve, réduire le nombre de violations et atteindre un cessez-le-feu plus durable». «Jusqu'à présent, nous avons eu des sessions séparées» avec chacune des délégations, a-t-il affirmé, remerciant la Suisse pour son «aide précieuse».
Le moment vendu pendant la semaine, les parties devraient se réunir ensemble. «Pour la toute première fois», insiste M. Salamé qui estime que toutes les questions ne peuvent être résolues en une session. Notamment celle de la surveillance d'un cessez-le-feu. Le nouveau chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a proposé l'envoi de soldats européens. «Cette proposition sera discutée cette semaine», insiste M. Salamé, tout comme le rôle de l'ONU et ddes autorités liybennes.
Les 10 hauts responsables militaires présents à Genève sont répartis à parts égales entre le camp du gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, et celui du maréchal Khalifa Haftar qui contrôle l'Est du pays. De nombreux acteurs redoutent que cette guerre civile ne devienne comme en Syrie un duel entre la Turquie, qui soutient le premier, et la Russie, alliée du second.
Les discussions ont lieu alors que l'ONU a dénoncé à plusieurs reprises la poursuite de l'acheminement d'armes dans ce pays, malgré l'engagement des pays influents à honorer l'embargo, lors d'une conférence internationale à Berlin. «Si ces pourparlers sont couronnés de succès, au moins le facteur d'attraction» des armes sera éliminé, estime M. Salamé. Au total, 20 millions de pièces se trouvent déjà sur le territoire libyen.
Dialogue politique également à Genève
Cette séquence est constituée aussi de pourparlers politiques et économiques inter-libyens. Le segment politique, facilité par le Centre pour le dialogue humanitaire (HD Centre), est attendu dans deux semaines, également à Genève. Sur le volet économique, M. Salamé souhaite que les pays importants aident l'ONU pour inciter l'homme fort de l'Est à ne plus bloquer la production pétrolière.
Selon le président de l'organisation internationale de consolidation de la paix Interpeace, établie à Genève, tout ce dispositif manque surtout d'ancrage auprès des populations. Son institution oeuvre en Libye, y compris dans les zones contrôlées par le maréchal Haftar. Dans ce pays, «le pouvoir est dans les communautés», a affirmé récemment Scott Weber.
Depuis l'augmentation des violences il y a près d'un an, les affrontements ont fait des centaines de victimes parmi les civils et des milliers de combattants, selon la Mission de l'ONU en Libye (MANUL). Des centaines d'autres civils ont été blessés.
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