Pari manqué «C’est clairement une mauvaise nouvelle» - Meloni grince des dents

AFP

12.7.2024

Jusqu'ici bredouille dans sa quête d'un poste-clé à Bruxelles pour l'Italie, doublée sur sa droite avec la création d'un groupe d'eurodéputés souverainistes par son ami Viktor Orban, Giorgia Meloni a vu son étoile européenne pâlir ces dernières semaines.

Giorgia Meloni a vu son étoile européenne pâlir ces dernières semaines.
Giorgia Meloni a vu son étoile européenne pâlir ces dernières semaines.
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Mais la Première ministre d'extrême droite, cheffe du parti post-fasciste Fratelli d'Italia, a encore des cartes à jouer, forte de ses quasi deux années assidûment dépensées à forger son rôle de partenaire constructif dans l'UE.

Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2022, la dirigeante la plus à droite de l'Italie depuis la Seconde Guerre mondiale a cherché à se positionner comme la seule figure capable d'unir les droites européennes.

Dans le même temps, pragmatique, elle a mis en sourdine son ancien euroscepticisme, soutenu l'Ukraine malgré une opinion publique divisée, collaboré avec la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, contribuant ainsi à rassurer ses interlocuteurs.

«Top jobs»

Pour autant, elle qui exigeait qu'on tienne compte de la poussée de l'extrême droite aux européennes de juin en Italie, en France ou en Allemagne, dans l'attribution des «top jobs» de l'UE, n'a pas été entendue.

Et au lieu d'obtenir le ralliement de son allié de longue date, le Hongrois Viktor Orban, au groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR) au Parlement européen auquel appartient Fratelli d'Italia, celui-ci a créé un nouveau groupe: les «Patriotes pour l'Europe», avec le Rassemblement national (RN) français, les élus espagnols de Vox qui ont quitté ECR, mais aussi La Ligue de son propre vice-Premier ministre, Matteo Salvini.

«C'est clairement une mauvaise nouvelle pour elle, cela ne fait aucun doute», analyse Daniele Albertazzi, professeur de politique à l'université britannique du Surrey. «C'est une mauvaise nouvelle en termes de chiffres, mais c'est surtout une mauvaise nouvelle parce qu'ils ont volé la vedette», explique M. Albertazzi à l'AFP. Les Patriotes «ont clairement bouleversé l'ordre du jour au cours des deux dernières semaines, ils ont réussi à rassembler de très grands partis», a-t-il ajouté.

Pari manqué

S'ajoutent à cela les résultats du RN de Marine Le Pen aux élections législatives françaises, arrivé en troisième position, et la victoire des travaillistes en Grande-Bretagne. Selon la presse italienne, Mme Meloni espérait renforcer son leadership en Europe avec une déroute plus prononcée d'Emmanuel Macron aux législatives.

«Mais le pari n'a pas fonctionné», se félicite le quotidien de gauche La Repubblica. Pour le journal La Stampa, la semaine de Mme Meloni «n'a certainement pas été bonne».

A Strasbourg, un autre concurrent potentiel est apparu jeudi avec la formation d'un nouveau groupe d'extrême droite, l'Europe des nations souveraines, dirigé par le parti allemand Alternative pour l'Allemagne (AfD), tout juste auréolé de son meilleur résultat aux européennes.

La visite de M. Orban à Moscou la semaine dernière - une décision dénoncée par les alliés occidentaux de l'Ukraine - pourrait également contribuer à la détérioration des relations avec Mme Meloni, qui, par le passé, a marqué des points à Bruxelles en obtenant des concessions de la part du dirigeant hongrois.

Lâchée par Orban, privée du soutien de Rishi Sunak défait aux législatives britanniques, à couteaux tirés avec Emmanuel Macron et Olaf Scholz, Giorgia Meloni montre qu'"elle n'a pas su s'installer confortablement à Bruxelles", constate Anna Bonalume, philosophe et analyste politique.

«Gouvernement solide»

«Son incapacité à tisser des liens avec les pays fondateurs de l'UE et son arrogance politique ont contribué à l'affaiblissement et l'isolement que nous sommes en train d'observer aujourd'hui», estime-t-elle.

Sous pression, Giorgia Meloni a tenté de minimiser ces revers cette semaine, mettant en avant «une Italie avec un gouvernement très solide dans une Europe où les gouvernements sont très instables» en marge du sommet de l'OTAN à Washington.

L'adversité n'a jamais effrayé la dirigeante de la troisième économie de l'UE, et grande est la patience de cette militante de la première heure qui bénéficie toujours d'une cote de popularité à faire pâlir d'envie nombre de ses homologues européens.

«Cela dépend de la manière dont elle joue le jeu», note Daniele Albertazzi. La concurrence de formations nationalistes à Strasbourg permet également à Mme Meloni de renforcer son propre discours, qui dit en substance: «Je suis la droite radicale responsable et modérée».

Et si elle devait in fine arracher un poste important pour l'Italie à la Commission européenne, elle pourrait dire, triomphante : «Ces gens-là font du bruit, mais c'est moi qui apporte des changements».

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