Changement climatique Les décès liés à la chaleur pourraient être multipliés par cinq d'ici 2050

Relax

15.11.2023 - 14:36

L'inaction climatique pourrait avoir un prix humain désastreux, ou encore plus désastreux, dans les années à venir, comme le révèle une nouvelle étude menée par une équipe de chercheurs internationale. Il en ressort que «tout retard supplémentaire dans la lutte contre le changement climatique» pourrait avoir de lourdes conséquences sur la santé des populations, au point de voir se multiplier par 4,7 le nombre de décès liés à la chaleur d'ici 2050.

Une étude d'envergure montre que tout retard supplémentaire dans la lutte contre le changement climatique pourrait entraîner une multiplication par 4,7 du nombre de décès liés à la chaleur d'ici 2050.
Une étude d'envergure montre que tout retard supplémentaire dans la lutte contre le changement climatique pourrait entraîner une multiplication par 4,7 du nombre de décès liés à la chaleur d'ici 2050.
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«En 2022, les individus ont été exposés en moyenne à 86 jours de températures élevées dangereuses pour la santé, dont 60% étaient au moins deux fois plus susceptibles de se produire en raison du changement climatique d'origine humaine», peut-on lire en préambule de ce rapport d'envergure qui porte sur l'impact du dérèglement climatique sur la santé, ainsi que sur l'inaction des gouvernements, comme le souligne les experts. Publié dans la revue médicale The Lancet, «The 2023 Report of the Lancet Countdown on Health and Climate Change», dirigé par l'University College London, est le fruit du travail de 114 experts issus d'une cinquantaine d'instituts de recherche et d'agences des Nations Unies, parmi lesquels l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Les scientifiques y ont évalué et déterminé les liens entre santé et changement climatique, en amont de la COP 28, qui débute à la fin du mois de novembre.

«Notre bilan de santé révèle que les dangers croissants du changement climatique coûtent aujourd'hui des vies et des moyens de subsistance dans le monde entier. Les projections d'un monde plus chaud de 2°C révèlent un avenir dangereux et nous rappellent que le rythme et l'ampleur des efforts d'atténuation déployés jusqu'à présent sont tout à fait insuffisants pour préserver la santé et la sécurité des populations», explique d'emblée le Dr Marina Romanello, directrice exécutive du Lancet Countdown à l'University College London, dans un communiqué. Et d'ajouter: «Avec 1.337 tonnes de dioxyde de carbone émises chaque seconde, nous ne réduisons pas les émissions assez rapidement pour maintenir les risques climatiques à des niveaux auxquels nos systèmes de santé peuvent faire face. L'inaction a un coût humain énorme et nous ne pouvons pas nous permettre ce niveau de désengagement (…)».

Une hausse de 370% des décès liés à la chaleur

Et pour cause, le rapport rappelle que la population mondiale a connu en 2023 les températures les plus élevées depuis plus de 100.000 ans, avec des records de chaleur atteints sur l'ensemble des continents. Les experts relèvent également des «températures élevées dangereuses pour la santé» sur 86 jours en moyenne entre 2018 et 2022, ainsi qu'une hausse de 85% des décès liés à la chaleur chez les personnes de plus de 65 ans entre 2013 et 2022, par rapport à la période 1991-2000. «Ce qui est nettement supérieur à l'augmentation de 38% attendue si les températures n'avaient pas changé», précise le rapport.

Insécurité alimentaire, maladies infectieuses, pertes économiques, et systèmes de santé dépassés comptent parmi les principales menaces qui mettent en péril les populations, en lien avec le changement climatique. Et les projections présentées dans ce rapport mondial ne sont pas faites pour rassurer. Si l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C n'est pas atteint, le nombre annuel de décès liés à la chaleur pourrait croître de 370% d'ici 2050, et l'exposition à la chaleur pourrait entraîner une hausse de 50% du nombre d'heures de travail potentiellement perdues dans le monde. Quant à l'insécurité alimentaire, elle pourrait toucher près de 525 millions de personnes supplémentaires entre 2041 et 2060, alerte le rapport.

«Si les gouvernements ne commencent pas enfin à agir…»

«Face à ces projections désastreuses, l'adaptation ne peut à elle seule faire face aux effets du changement climatique, et les coûts deviennent rapidement insurmontables. Nous devons aller au-delà du traitement des symptômes sanitaires du changement climatique et nous concentrer sur la prévention primaire. Il faut s'attaquer aux causes profondes du changement climatique en accélérant rapidement les mesures d'atténuation dans tous les secteurs afin que l'ampleur des risques sanitaires ne dépasse pas la capacité d'adaptation des systèmes de santé. Si les gouvernements ne commencent pas enfin à agir sur la base de ces avertissements, la situation va s'aggraver considérablement», explique la professeure Stella Hartinger, co-auteure de ce rapport.

Le rapport indique notamment qu'une meilleure qualité de l'air «pourrait permettre d'éviter une grande partie des 1,9 million de décès annuels directement liés à l'exposition à la pollution de l'air extérieur due aux combustibles, et des millions d'autres liés à la pollution de l'air à l'intérieur des habitations». Régimes alimentaires à faible teneur en carbone, modes de transport moins polluants, et énergies propres constituent, d'après les experts, des solutions à mettre en place pour éviter un nombre important de décès, et réduire les émissions carbone. Des actions à mettre en place urgemment, expliquent-ils.

Mais le rapport souligne également les efforts faits ces dernières années, avec leurs effets positifs sur les populations, et rappelle l'importance d'agir vite à l'approche de la COP 28. «Il y a encore de la place pour l'espoir. L'accent mis sur la santé lors de la COP28 est l'occasion de notre vie d'obtenir des engagements et des actions. Si les négociations sur le climat débouchent sur une élimination équitable et rapide des combustibles fossiles, accélèrent les mesures d'atténuation et soutiennent les efforts d'adaptation en faveur de la santé, les ambitions de l'Accord de Paris visant à limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C sont encore réalisables, et un avenir prospère et sain est à portée de main», affirme le Dr Marina Romanello.

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