Allemagne Cheffe de la CDU et Youtubeurs en conflit

ATS

28.5.2019 - 20:27

La cheffe de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, a mis en cause une vidéo de dizaines de Youtubeurs qui ont dénoncé le bilan du gouvernement en matière environnementale et appelé à voter contre la coalition gouvernementale aux élections européennes (archives).
La cheffe de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, a mis en cause une vidéo de dizaines de Youtubeurs qui ont dénoncé le bilan du gouvernement en matière environnementale et appelé à voter contre la coalition gouvernementale aux élections européennes (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/CLEMENS BILAN

La dauphine pressentie de la chancelière allemande était empêtrée mardi dans la polémique pour avoir accusé de «manipulation électorale» des Youtubeurs. Au nom du climat, ces derniers ont pris fait et cause aux Européennes contre la coalition gouvernementale.

Cette sortie s'ajoute à une première passe d'armes entre Annegret Kramp-Karrenbauer, la cheffe des chrétiens-démocrates (CDU), et un Youtubeur en vue.

«AKK», qui a succédé à Angela Merkel à la tête de la CDU en décembre, a fait sa remarque controversée en analysant le résultat des élections européennes. Ce parti a enregistré, malgré sa victoire, le pire score de son histoire, et son partenaire social-démocrate (le SPD) a quant à lui essuyé une gifle en étant relégué derrière les Verts. Des résultats qui posent la question de la survie du gouvernement à moyen terme.

Youtoubeurs mis en cause

Pour la patronne de la CDU, ces résultats sont notamment dus à une vidéo de dizaines de Youtubeurs qui ont dénoncé le bilan du gouvernement en matière environnementale, l'Allemagne n'atteignant pas ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

«Comment réagirait le pays si 70 journaux appelaient ensemble, à deux jours d'un scrutin, à voter contre la CDU et le SPD ? Ça aurait été de la manipulation électorale», a commenté «AKK», suggérant d'imposer des règles au «monde digital».

Rapidement les mots-dièse «censure» ou «AKKdémission» étaient en tête des tendances sur Twitter. Deux influenceurs de Youtube, Marmelandenoma (Mamieconfiture), 87 ans, et HerrNewstime, 29 ans, ont quant à eux mis en ligne une pétition qui a permis de collecter 32'000 signatures en moins de 24 heures pour dire «Non, Madame Kramp-Karrenbauer».

Le patron de l'Union des journalistes allemands, Frank Überall, a dénoncé «un non-sens» témoignant d'«une impuissance à communiquer à l'ère du numérique». Le secrétaire général du SPD, Lars Klingbeil, a condamné des propos «absurdes».

Vidéo virale

AKK a essayé de préciser son propos lundi et mardi, réaffirmant son attachement à la liberté de la presse, tout en prônant un débat sur les règles du jeu électoral, à l'heure d'internet.

«Si ce n'est pas à l'approche des élections qu'on débat du fond, quand peut-on le faire ? Kramp-Karrenbauer veut-elle un monopole des partis sur la formation de l'opinion publique?«, ironise le magazine Der Spiegel.

Cette polémique traduit la difficulté des partis traditionnels face à la jeunesse dans une Allemagne vieillissante.

Au départ, il y a une semaine, la CDU avait tenté d'ignorer puis avait dénigré le Youtubeur de renom Rezo qui, dans une vidéo appelée «La destruction de la CDU», démontait ses politiques jugées mauvaises pour le climat, favorables aux riches et aux retraités. Mme Kramp-Karrenbauer l'a alors accusé de monétiser ses «clics», même si sur ce contenu, les publicités sont suspendues.

Voyant la vidéo devenir virale – 12 millions de vues à ce jour -, la CDU a, pour se rattraper, invité l'influenceur à une rencontre. En guise de réponse, Rezo, associé à des dizaines d'autres Youtubeurs aux millions d'abonnés, a appelé à voter contre la CDU et le SPD aux Européennes.

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