Fêtes de Pâques Chemin de croix dédié aux esclaves modernes

ATS

19.4.2019 - 22:46

Le pape François a assisté au traditionnel Chemin de croix du Vendredi Saint au Colisée. La cérémonie a été rythmée par le texte très militant d'une religieuse de 80 ans consacré aux esclaves modernes, notamment les prostituées sur les routes d'Italie.

Dans la tradition catholique, le chemin de croix fait revivre le calvaire de Jésus, de sa condamnation à mort à sa mise au tombeau. Choisie par le pape pour rédiger «les méditations» de cette année, soeur Eugenia Bonetti, une Italienne longtemps missionnaire en Afrique mais qui se voue depuis vingt ans en Italie aux victimes d'esclavage, a mis en avant les «nouveaux crucifiés de l'histoire».

Texte cru et direct

En premier lieu, les esclaves sexuelles «utilisées» mais «condamnées par une société qui refuse de voir ce type d'exploitation». Son texte cru et direct a été lu pendant que les porteurs d'une longue croix grise se sont relayés, marchant au fond du Colisée de Rome, puis à l'extérieur de ce site emblématique des persécutions contre les chrétiens sous l'Empire romain.

La religieuse a égrainé les destins de jeunes femmes, comme celui d'une «mineure au petit corps gracieux, rencontrée une nuit à Rome, que des hommes à bord de voitures luxueuses exploitaient à tour de rôle. Et pourtant, elle pouvait avoir l'âge de leurs filles». Ou celui de trois Africaines «mutilées» par des adolescents avec des objets incendiaires.

La soeur a appelé aussi à «s'engager» contre les «horribles centres d'hébergement de migrants en Libye». Elle a visé l'Italie en évoquant «les navires auxquels est refusé un port sûr, les longues négociations bureaucratiques concernant la destination finale».

«Toutes les croix du monde»

Rassemblés autour de l'immense amphithéâtre, 20'000 fidèles, souvent une bougie à la main, ont suivi en silence la cérémonie nocturne. Le pape François a présidé la cérémonie, très recueilli, assis sous un dais sur une colline devant le Colisée illuminé.

Dans une courte prière finale, il a appelé à voir «toutes les croix du monde», celles des personnes affamées ou abandonnées, mais aussi celle «des migrants qui trouvent les portes fermées à cause de la peur et de coeurs blindés par les calculs politiques», celle des «petits, blessés dans leur innocence».

Il a aussi évoqué une société en pleine sécularisation, avec des religieux qui se sentent aujourd'hui «rejetés, bafoués, humiliés», des croyants «marginalisés et rejetés même par leurs proches».

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ATS