ChineChine: le Sénat américain prêt à voter un texte «historique»
ATS
8.6.2021 - 21:52
Dans un rare moment d'union entre démocrates et républicains, le Sénat américain adoptera mardi un plan d'investissement ambitieux dans la science et les technologies. Ce plan est présenté comme un texte «historique» pour contrer la menace économique de la Chine et son modèle «autoritaire».
Keystone-SDA
08.06.2021, 21:52
ATS
Ce plan destine plus de 170 milliards de dollars à la recherche et au développement, en visant notamment à encourager les entreprises à produire aux Etats-Unis des semi-conducteurs, aujourd'hui essentiellement fabriqués en Asie. Une pénurie mondiale frappe de nombreux secteurs clés, de l'automobile aux communications, illustrant l'enjeu stratégique de cette production.
Ce projet de loi «ouvre la voie au plus vaste investissement dans la science et la technologie depuis des générations», a affirmé mardi le chef de la majorité démocrate à la chambre haute Chuck Schumer.
Le vote doit avoir lieu en fin d'après-midi au Sénat puis le texte devra être soumis, à une date qui n'a pas encore été fixée, à la Chambre des représentants où il devra être définitivement adopté avant de pouvoir être promulgué par Joe Biden.
Continuité avec Trump
La Chine, en guerre économique avec les Etats-Unis depuis l'ère Trump, est l'un des rares sujets sur lesquels le président démocrate s'est inscrit dans la continuité de son prédécesseur républicain.
Ce projet de loi «restera comme l'une des choses les plus importantes que cette chambre ait accomplie», a martelé M. Schumer dans l'hémicycle. «Celui qui gagnera la course aux technologies du futur», comme l'intelligence artificielle, l'informatique quantique, «sera le leader économique mondial».
Et cette nation «façonnera le monde à son image», a-t-il poursuivi, avec une mise en garde visant directement le dirigeant chinois Xi Xinping. «Voulons-nous que cette image soit démocratique? Ou voulons-nous une image autoritaire, comme celle que le président Xi aimerait imposer au monde?»
Le chef de la minorité républicaine au Sénat Mitch McConnell a déploré que ce plan laisse des mesures «de côté».
«Depuis les chaînes d'approvisionnement cruciales jusqu'à la propriété intellectuelle en passant par le contre-espionnage, il s'attaque à des sujets clés qui aideront à définir nos bases stratégiques pour des décennies», a-t-il toutefois ajouté mardi, laissant entendre qu'il devrait être adopté avec une majorité confortable.
50 milliards pour les semi-conducteurs
Pékin est accusé régulièrement par Washington d'espionnage industriel et de menaces sur la sécurité nationale.
Concrètement, le plan prévoit 52 milliards de dollars sur cinq ans pour encourager la fabrication de puces et de semi-conducteurs aux Etats-Unis. Dans sa présentation résumée, les parlementaires soulignent que le Parti communiste chinois «investit considérablement, avec plus de 150 milliards», dans ces technologies.
Le plan américain destine en outre 120 milliards de dollars à une agence gouvernementale, la National Science Foundation, pour qu'elle encourage la recherche dans différents domaines jugés clés, comme l'intelligence artificielle. Elle inclut également une enveloppe de 1,5 milliard de dollars pour le développement de la 5G, l'un des principaux sujets de tension entre la Chine et les Etats-Unis.
L'administration Biden cherche depuis plusieurs mois des moyens de stimuler la production nationale d'une gamme de composants industriels, comme les puces, pour réduire sa dépendance à l'égard des fournisseurs étrangers. Le président américain avait publié en février un décret appelant les agences fédérales à se pencher sur le sujet dans les 100 jours.
Mardi, le chef de la diplomatie américain Antony Blinken a salué le travail du Congrès face à Pékin, y compris ce plan d'action industrielle, visant à «renforcer les Etats-Unis». Les «investissements dans nos technologies, les investissements dans nos travailleurs, les investissements dans l'innovation et la recherche et le développement, tous ces éléments réunis sont pour nous la façon de faire face à la Chine dans une position de force».