Israël rappelé à l'ordreCIJ: aucun Etat au-dessus des lois, réagit l'Autorité palestinienne
ATS
26.1.2024 - 21:08
L'ordonnance rendue vendredi par la plus haute juridiction de l'ONU est «un avertissement important qu'aucun Etat n'est au-dessus de la loi», a réagi le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riyad al-Maliki. Plusieurs autres pays ont réagi positivement à la décision de la Cour internationale de justice.
Keystone-SDA
26.01.2024, 21:08
ATS
«Les Etats ont désormais l'obligation juridique claire de mettre fin à la guerre génocidaire d'Israël contre le peuple palestinien de Gaza», poursuit dans une vidéo le ministre palestinien après la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) qui appelle Israël à faire tout son possible pour «empêcher» tout éventuel acte de «génocide» dans la bande de Gaza.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est félicité de la décision de la CIJ. «Je considère comme précieuse la décision d'injonction provisoire prise par la CIJ concernant les attaques inhumaines à Gaza et je m'en félicite», a écrit sur le réseau social X le président turc.
«Nous espérons que les attaques d'Israël contre les femmes, les enfants et les personnes âgées prendront fin», a ajouté le chef de l'Etat turc, l'un des dirigeants les plus critiques d'Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
La Turquie continuera «de suivre le processus (judiciaire) pour garantir que les crimes de guerre commis contre des civils palestiniens innocents ne restent pas impunis», a-t-il souligné.
Le président turc avait affirmé la semaine dernière que son pays fournissait des preuves à charge contre Israël à l'Afrique du sud, qui a saisi la CIJ, arguant qu'Israël violait la Convention des Nations unies sur le génocide établie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste.
«Plausiblement génocidaires»
L'Afrique du Sud a salué une «victoire décisive pour l'Etat de droit international et une étape importante dans la quête de justice pour le peuple palestinien».
Le ministère des Affaires étrangères sud-africain, dans son communiqué, estime que la Cour «a déterminé que les actions d'Israël à Gaza sont plausiblement génocidaires et a indiqué des mesures provisoires sur cette base», la remerciant «pour sa décision rapide».
La direction du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, réunie en congrès près de Johannesburg pour plusieurs jours, a interrompu ses travaux vendredi pour écouter l'audience de La Haye.
Au premier rang, le président Cyril Ramaphosa, la mine grave et un keffieh autour du cou, comme presque tous les participants, a pris des notes pendant l'audience. A la fin, il s'est levé, souriant, prenant dans ses bras plusieurs ténors du gouvernement. La salle s'est ensuite mise à danser et chanter.
L'Afrique du Sud soutient de longue date la cause palestinienne, l'ANC la liant souvent à sa propre lutte contre l'apartheid.
Pour le Hamas, la décision de la CIJ est «un développement important» qui «contribue à isoler Israël» et «dénoncer ses crimes» dans la bande de Gaza, a estimé le mouvement palestinien dans un communiqué.
Le Qatar et l'Arabie saoudite se sont également félicités de la décision. Dans un communiqué, le ministère qatari des Affaires étrangères a «salué les mesures provisoires ordonnées par la CIJ», se félicitant d'une «victoire pour l'humanité (...) et la justice internationale».
L'Arabie saoudite a appelé la communauté internationale à «faire rendre des comptes à Israël» pour ses «violations systématiques» du droit international. Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, le royaume a également appelé à «davantage de mesures» pour parvenir à un «cessez-le-feu dans la bande de Gaza» et fournir «une protection au peuple palestinien».
Pour une mise en oeuvre rapide
L'Espagne, voix elle aussi parmi les plus critiques à l'égard d'Israël, a également réagi positivement. «Nous saluons la décision de la Cour internationale de justice et demandons aux parties d'appliquer les mesures provisoires qu'elle a décrétées», a indiqué le premier ministre socialiste espagnol Pedro Sanchez dans un message publié sur le réseau social X (ex Twitter).
L'Union européenne attend leur mise en oeuvre complète, immédiate et effective», a indiqué un communiqué commun du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell et de la Commission européenne.
Quant à la Suisse, elle «attend de l'Etat d'Israël qu'il se conforme à l'ordonnance de la Cour» internationale de justice». Interrogée par l'agence Keystone-ATS, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) «rappelle que les mesures conservatoires sont contraignantes pour les parties, conformément au statut de la CIJ», que la Suisse soutient «de longue date».
Et le haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU Volker Türk a appelé sur les réseaux sociaux Israël à appliquer les ordres de la cour en lien avec la Convention sur le génocide.
A Genève, l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a appelé à une application «entière et immédiate» des dispositifs demandés par la cour. Elle a salué une importante décision de la juridiction et a ajouté que celle-ci exige aussi des Etats tiers de toute faire pour éviter un génocide. Et d'appeler à la responsabilité des gouvernements.
La France envisage pour sa part de transmettre des «observations» à la CIJ. dans lesquelles elle indiquera notamment «l'importance qu'elle attache à ce que la Cour tienne compte de la gravité exceptionnelle du crime de génocide, qui nécessite l'établissement d'une intention». «Comme le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères (Stéphane Séjourné, NDLR) a eu l'occasion de le noter, les mots doivent conserver leur sens», ajoute le ministère.
«Discrimination contre l'Etat juif»
Sans surprise, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, lui, jugé «scandaleuses» les accusations de génocide à Gaza. «La tentative ignoble de refuser à Israël» le «droit fondamental» de se défendre est «une discrimination flagrante contre l'Etat juif, et elle a été «rejetée à juste titre», a estimé M. Netanyahu.
Les Etats-Unis ont quant à eux réaffirmé que les accusations de «génocide» à l'encontre d'Israël sont «sans fondement». Washington vprend note du fait que la Cour n'a pas conclu à un génocide ni appelé à un cessez-le-feu», a déclaré un porte-parole du département d'Etat, la Cour ne s'étant pas encore prononcée, à ce stade, sur le fond.