Grande-Bretagne Cinglante défaite de Johnson au Parlement

ATS

4.9.2019 - 03:05

Boris Johnson avait perdu sa majorité absolue au Parlement britannique quelques heures avant le vote crucial.
Boris Johnson avait perdu sa majorité absolue au Parlement britannique quelques heures avant le vote crucial.
Source: KEYSTONE/EPA UK PARLIAMENT/JESSICA TAYLOR / UK PARLIAMENT / HAND

Le premier ministre britannique Boris Johnson a essuyé mardi soir un cinglant revers au Parlement britannique, où les députés ont adopté une motion visant à obtenir un nouveau report du Brexit. Il a riposté en menaçant de convoquer des élections anticipées.

A l'issue de débats tendus à la chambre des communes, les députés hostiles à une sortie de l'Union européenne (UE) sans accord ont remporté un vote crucial par 328 voix contre 301, leur permettant de prendre le contrôle de l'agenda parlementaire, normalement détenu par le gouvernement.

Ils pourront ainsi présenter dès mercredi un texte de loi contraignant le premier ministre conservateur à demander un report du Brexit au 31 janvier 2020 au cas où aucun accord de retrait ne serait trouvé avec Bruxelles.

Les élus de l'opposition ont été rejoints par 21 Tories opposés à un «no deal», qui ont soutenu la motion. Les rebelles seront expulsés du parti comme l'avait promis Boris Johnson.

Législatives anticipées

Mais ce dernier, déterminé à ce que le Royaume-Uni quitte l'UE le 31 octobre, avec ou sans accord de divorce, a préparé sa contre-attaque. Le premier ministre a dans la foulée du vote présenté une motion pour convoquer des élections législatives.

Si les députés opposés au «no deal» imposent un report du Brexit mercredi, le gouvernement soumettra cette motion au vote de la chambre. Elle devra recueillir deux tiers des voix pour être adoptée.

«Je ne veux pas d'une élection, mais si les députés votent demain pour arrêter les négociations et appeler à un autre délai inutile du Brexit, qui pourrait durer des années, dans ce cas [une élection, ndlr] sera le seul moyen de résoudre» la situation, a menacé Boris Johnson après le vote, haussant la voix pour couvrir le brouhaha des rangs de l'opposition.

Lors d'un référendum historique en juin 2016, les Britanniques avaient voté à 52% en faveur d'un divorce avec l'UE.

Majorité perdue

Au moment même où Boris Johnson s'adressait aux députés, un élu de son parti, Phillip Lee, quittait les rangs conservateurs pour aller rejoindre les bancs des libéraux-démocrates, une formation europhile de l'opposition, lui faisant ainsi perdre sa majorité absolue d'une voix. Cela n'entraîne toutefois pas la chute du gouvernement qui ne peut être actée que par une motion de défiance.

«Le gouvernement conservateur poursuit de manière agressive un Brexit [aux conséquences, ndlr] dommageables», s'est justifié M. Lee.

Selon l'ONU, un Brexit sans accord ferait perdre aux Britanniques 14,6 milliards d'euros d'exportations vers l'UE. Ce scénario est le cauchemar des milieux économiques, qui redoutent aussi une envolée de l'inflation, une chute de la livre voire une récession.

Près de Westminster, plusieurs centaines d'opposants au Brexit ont manifesté jusqu'à tard dans la soirée pour «défendre notre Parlement» et «arrêter le coup d'Etat».

Ils dénonçaient la décision de Boris Johnson de suspendre le Parlement pendant cinq semaines, jusqu'au 14 octobre, et donc d'y réduire le temps de débats, y voyant une manoeuvre pour imposer sa vision du Brexit.

Toujours pas de propositions

Jeremy Corbyn, le chef du Labour, la principale formation d'opposition, a fustigé devant les députés «un gouvernement sans mandat, sans morale et, à partir d'aujourd'hui, sans majorité». Il s'est dit prêt à des élections législatives.

Le gouvernement a dit souhaiter que le scrutin ait lieu à la mi-octobre, avant un sommet européen les 17 et 18 octobre à Bruxelles.

Boris Johnson a répété mardi que se préparer à un Brexit sans accord permettrait aux Britanniques d'avoir plus de poids dans les discussions avec l'UE. «Il est tout simplement faux de dire que nous ne faisons aucun progrès», a-t-il assuré. «Il y a beaucoup à faire dans les prochains jours, mais les choses sont en train de bouger».

Selon une porte-parole de la Commission européenne toutefois, Bruxelles attend toujours de recevoir des «propositions concrètes» de Londres.

Face à cette situation, le trésor britannique a décidé de consacrer deux milliards de livres supplémentaires aux préparatifs du Brexit pour la période 2020-2021.

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