Hong KongCinq responsables d'un journal pro-démocratie ont été arrêtés
ATS
17.6.2021 - 06:42
La police de Hong Kong a arrêté jeudi cinq responsables du journal pro-démocratie Apple Daily, dont son rédacteur en chef Ryan Law. Elle a justifié sa descente dans les locaux du quotidien en invoquant de la «loi sur la sécurité nationale».
Keystone-SDA
17.06.2021, 06:42
17.06.2021, 08:00
ATS
Le tabloïd avait apporté un soutien sans failles au mouvement pro-démocratie à Hong Kong. Les cinq dirigeants ont été arrêtés «pour collusion avec un pays étranger ou avec des éléments externes visant à mettre en danger la sécurité nationale», a indiqué la police hongkongaise.
Selon une source policière, les cinq personnes occupaient toutes des fonctions de direction au sein de Next Digital, maison mère d'Apple Daily. La bourse de Hong Kong a annoncé dans la foulée la suspension des échanges d'actions Next Digital.
Actifs gelés
Les actifs de trois sociétés, Apple Daily Limited, Apple Daily Printing Limited et Apple Daily Intellect Limited ont été gelés, a ajouté un commissaire de police. Ils «s'élèvent au total à 18 millions de dollars de Hong Kong» (2,1 millions de francs). Il s'agit de la première saisie d'actifs réalisée à Hong Kong contre une entreprise de presse.
Le journal a diffusé en direct sur Facebook des vidéos montrant le raid policier. Les agents, venus en nombre, «sont arrivés vers 07h00 ce matin. Notre immeuble est assiégé», déclare un journaliste non identifié dans l'une des vidéos. «Nous pouvons désormais les voir transporter des boîtes avec du matériel dans leur véhicule».
En un an, le climat politique s'est considérablement dégradé dans l'ancienne colonie britannique. Une répression implacable s'est abattue sur le mouvement pro-démocratie, qui a mobilisé massivement dans les rues en 2019 la population contre les ingérences de Pékin.
L'instrument de cette reprise en main consiste en une loi draconienne sur la sécurité nationale imposée par Pékin ainsi qu'une réforme visant à s'assurer que seuls «des patriotes gouvernent Hong Kong».
Cette loi, qui prévoit des peines de prison à vie, s'attaque aux infractions relevant de la sécession, de la subversion, du terrorisme et de la collusion avec les forces étrangères. Dans les faits, sa formulation très floue a permis de réprimer toute voix dissidente.
Propriété de Jimmy Lai
Il s'agit du second raid visant Apple Daily en moins d'un an. Le milliardaire Jimmy Lai, propriétaire du journal qu'il a créé en 1995, a été accusé de collusion après la descente de police menée en août. L'homme de 73 ans est actuellement emprisonné à la suite de plusieurs condamnations pour avoir participé à certaines manifestations pro-démocratie.
Pékin n'a jamais caché son désir de faire entrer l'Apple Daily dans le rang ou, au moins, d'étouffer sa voix. Les médias officiels accusent régulièrement M. Lai d'être un «traître» et d'être l'instigateur de l'immense mouvement de contestation. La police a gelé en mai des comptes bancaires de M. Lai et de sa participation majoritaire dans le capital de Next Digital.
Le rédacteur en chef de l'Apple Daily avait indiqué en mai à l'AFP que le journal était «en crise» depuis l'emprisonnement de son patron, assurant néanmoins que les journalistes étaient déterminés à continuer la publication. Au cours d'une récente discussion publique, des employés lui ont demandé que faire s'il était arrêté. «Diffusez-le en direct», avait-il répondu.
De nombreux pays occidentaux estiment que la reprise en main de Hong Kong par Pékin a mis fin au principe «un pays, deux systèmes», qui avait présidé à la rétrocession de l'ex-colonie britannique par Londres en 1997. Il devait garantir au territoire une très large autonomie jusqu'en 2047.