Guerre en Ukraine Combats acharnés pour le contrôle de Vougledar

ATS

27.1.2023 - 22:50

Des combats acharnés sont en cours vendredi pour le contrôle de Vougledar, une ville de l'est de l'Ukraine dont les forces russes tentent de s'emparer, tandis que Vladimir Poutine s'en est pris aux «néonazis» ukrainiens le jour de la commémoration de l'Holocauste.

Des immeubles d'habitation endommagés dans la ville reprise de Lyman, région de Donetsk, Ukraine orientale. Lyman a été reprise par les forces armées ukrainiennes en octobre. Avant le début des combats actifs, la population de Lyman comptait environ 41'000 habitants.
Des immeubles d'habitation endommagés dans la ville reprise de Lyman, région de Donetsk, Ukraine orientale. Lyman a été reprise par les forces armées ukrainiennes en octobre. Avant le début des combats actifs, la population de Lyman comptait environ 41'000 habitants.
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Keystone-SDA

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a souligné de son côté, lui aussi à l'occasion de la journée internationale des victimes du génocide perpétré par les nazis contre les Juifs, que «l'indifférence et la haine» continuaient de tuer, faisant allusion sans le nommer à l'assaut que la Russie a déclenché le 24 février 2022.

Il a en outre dénoncé l'"hypocrisie» du Comité international olympique (CIO) et invité son chef, Thomas Bach, à visiter Bakhmout, l'un des points les plus chauds de la guerre avec la Russie, dans l'est de l'Ukraine.

Et ce «pour qu'il voit de ses propres yeux que la neutralité n'existe pas», a-t-il ajouté, dans une allusion au fait que, malgré des appels répétés de Kiev à bannir les sportifs russes et bélarusses des JO 2024 prévus à Paris, le CIO a déclaré mercredi «étudier» la possibilité de les autoriser à participer sous bannière neutre.

A 150 km de Bakhmout, à Vougledar, une cité minière qui comptait 15'000 habitants avant l'invasion russe, des affrontements «sérieux, brutaux» ont lieu et les troupes russes se sont «implantées dans le sud-est et l'est de la ville», a affirmé un responsable des autorités prorusses de la région orientale de Donetsk, Ian Gagine.

Le porte-parole de l'armée ukrainienne pour la zone Est, Serguiï Tcherevaty, a confirmé «des combats féroces», tout en assurant que les Russes avaient été repoussés.

Intensification des attaques russes

«L'ennemi cherche en effet à remporter un succès dans ce secteur mais il n'y parvient pas grâce aux efforts des forces de défense de l'Ukraine», a-t-il dit à la télévision. «L'ennemi exagère, et c'est un euphémisme, sa réussite», a-t-il poursuivi, concluant: «face à ses pertes, l'ennemi recule».

«L'encerclement et la libération à venir» de cette localité permettront de «changer le rapport de forces sur le front» en ouvrant la voie à une offensive vers Pokrovsk et Kourakhové, des localités situées plus au nord, a jugé le chef de séparatistes de Donetsk, Denis Pouchiline.

L'Ukraine a fait savoir cette semaine que les soldats russes, en supériorité numérique, avaient intensifié leurs attaques dans l'est, en particulier sur Vougledar et Bakhmout, cette dernière étant leur cible depuis des mois.

Selon l'Institute for the Study of War, la Russie cherche à «disperser» les forces ukrainiennes afin de «créer les conditions d'une opération offensive décisive».

Les militaires russes et les hommes du groupe paramilitaire Wagner ont récemment pris Soledar, au nord de Bakhmout, un premier succès depuis de longs mois et une série d'humiliants revers pour le Kremlin.

«Les Russes avancent, il y a des tirs constants, nuit et jour, ils essaient de trouver des points faibles dans notre défense», a témoigné auprès de l'AFP Iouri, un soldat ukrainien de 44 ans, dans une tranchée de Bakhmout.

Toujours dans l'est, à Tchassiv Iar, deux personnes ont été tuées vendredi et au moins cinq blessées dans des tirs de l'artillerie russe, ont signalé les autorités locales.

Plus au nord, dans la région de Kharkiv, le pilonnage du village de Dvoritchna a fait deux autres morts, a annoncé la présidence ukrainienne.

La ville méridionale de Kherson a également été la cible des obus russes, selon la même source.

La Russie a mobilisé des centaines de milliers de réservistes et de repris de justice pour essayer de percer les lignes ukrainiennes et de conquérir le reste du Donbass, une vaste zone industrielle de l'est de l'Ukraine.

60 chars polonais de plus

Dans ce contexte, le président Zelensky a salué la décision annoncée par la Pologne de livrer à son pays 60 chars supplémentaires, dont la moitié seront une version modernisée du T-72 soviétique, après les 14 Leopard 2 de fabrication allemande déjà promis.

Parallèlement, le gouvernement belge s'est engagé à octroyer à l'Ukraine de nouveaux financements pour en particulier la fourniture de missiles, de mitrailleuses, de munitions et de véhicules blindés.

Quant à l'armée de l'air ukrainienne, elle a jugé vendredi que le F/16 de fabrication américaine «pourrait être le meilleur candidat» pour «devenir le seul type» d'appareil polyvalent dans sa flotte, selon son porte-parole Iouri Ignat.

Le président ukrainien réclame des avions de chasse et des missiles de longue portée, autant d'armes que les Occidentaux refusent jusqu'ici de fournir.

De son côté, l'Union européenne a décidé de prolonger de six mois ses sanctions imposées à la Russie lorsqu'elle a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014 et prépare de nouvelles mesures contre Moscou.

Le président français Emmanuel Macron a toutefois souligné vendredi qu'il continuerait à «parler à la Russie».

Poutine dénonce «les néonazis en Ukraine»

«Oublier les leçons de l'Histoire conduit à la répétition de terribles tragédies. La preuve en est les crimes contre les civils, le nettoyage ethnique (et) les actions punitives organisées par les néonazis en Ukraine», a dénoncé le même jour dans un communiqué Vladimir Poutine.

Une rhétorique dont le chef de l'Etat russe est coutumier pour défendre l'offensive militaire russe.

«Le jour de la libération du camps hitlérien allemand de la mort Auschwitz-Birkenau, souvenons-nous que Poutine est en train de construire de nouveaux camps à l'est», a vertement réagi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a fustigé les déclarations «consternantes» et «choquantes» de M. Poutine.