Guerre Israël-Hamas Des combats meurtriers font rage dans le sud de Gaza

ATS

27.1.2024 - 14:24

Des combats meurtriers entre l'armée israélienne et le Hamas font rage samedi dans le sud de la bande de Gaza, où des centaines de milliers de civils pris au piège survivent dans des conditions humanitaires désastreuses, dans la pluie et le froid.

Des chars israéliens patrouillent dans les rues lors d'une opération militaire à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza.
Des chars israéliens patrouillent dans les rues lors d'une opération militaire à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza.
ATS

Plusieurs pays ont suspendu leur financement à l'agence des Nations unies chargée de l'aide aux civils, l'Unrwa, dans le territoire palestinien assiégé et dévasté, après des accusations israéliennes selon lesquelles certains de ses employés auraient été impliqués dans l'attaque sanglante menée le 7 octobre par le Hamas contre Israël.

La ville de Khan Younès, dans le sud de Gaza, considérée par Israël comme une place forte du mouvement islamiste, est désormais au coeur de la guerre déclenchée par cette attaque.

Des images tournées par l'AFP montrent des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants, portant couvertures et baluchons, qui fuient au milieu des ruines face à l'avancée des chars israéliens.

Les combats se poursuivaient samedi, selon des témoins, notamment aux abords des deux principaux hôpitaux de la ville, Nasser et al-Amal, qui abritent des malades mais aussi des milliers de déplacés et ne fonctionnent plus qu'au ralenti.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé que 135 personnes avaient été tuées pendant la nuit dans la ville.

Alors que la situation humanitaire ne cesse de se dégrader, l'Australie, le Canada et l'Italie ont suspendu samedi leur aide à l'Unrwa, après les Etats-Unis qui avaient annoncé la veille suspendre tout financement futur.

Israël veut «s'assurer» que l'Unrwa ne joue plus aucun rôle à Gaza après la guerre, a déclaré samedi son chef de la diplomatie, Israël Katz, tandis que le mouvement islamiste a dénoncé des «menaces» d'Israël à l'encontre de cette agence.

L'Unrwa a «besoin de soutien», pas qu'"on lui coupe» les vivres, a réagi l'Autorité palestinienne.

Des camps inondés

Quelques kilomètres au sud de Khan Younès, des centaines de milliers de civils sont massés à Rafah, coincés dans un périmètre exigu contre la frontière fermée avec l'Egypte. Plus de 1,3 million de personnes s'entassent dans la ville surpeuplée, selon le bureau de coordination des Affaire humanitaires de l'ONU (Ocha).

Les rues sont remplies de centaines de milliers de tentes, selon un journaliste de l'AFP.

Pendant la nuit, des pluies diluviennes ont inondé les camps de tentes, ajoutant à la détresse des déplacés qui piétinaient dans l'eau boueuse en tentant de sauver quelques affaires.

«Les fortes pluies inondent des milliers de déplacés à Rafah, à Khan Younès» ainsi qu'à Nouseirat, Deir el-Balah et dans la ville de Gaza, plus au nord, a déclaré le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal. Mais Rafah n'est pas non plus épargnée par les bombes.

Les hôpitaux menacés

L'attaque du Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, a entraîné la mort d'environ 1140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

En riposte, Israël a juré «d'anéantir» le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une vaste opération militaire qui a fait 26'257 morts, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon un bilan actualisé samedi du ministère de la Santé du mouvement.

«Des tirs de chars massifs visent depuis le matin les secteurs ouest de la ville, le camp de réfugiés de Khan Younès et les abords de l'hôpital Nasser», où ils ont provoqué «une coupure d'électricité», a déclaré samedi le gouvernement du Hamas.

La «capacité chirurgicale» de l'hôpital Nasser est «quasiment inexistante» et les «quelques membres du personnel médical qui sont restés doivent composer avec des stocks de matériel médical très faibles», selon Médecins sans frontières.

«Des centaines de patients et des membres du personnel de santé» de cet hôpital «ont fui. Il reste actuellement 350 patients et 5000 personnes déplacées dans l'hôpital», a déclaré sur X Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

«L'hôpital est à court de carburant, de nourriture et de fournitures», a-t-il ajouté, appelant à un «cessez-le-feu immédiat».

Nouveaux pourparlers

La plus haute juridiction de l'ONU, à la demande de l'Afrique du Sud, avait appelé vendredi Israël à empêcher tout acte éventuel de «génocide» à Gaza et à permettre l'entrée de l'aide humanitaire. La Cour internationale de justice (CIJ) ne dispose cependant d'aucun moyen pour faire appliquer ses décisions.

Alors que la guerre ne connaît aucun répit, le Qatar, l'Egypte et les Etats-Unis tentent une médiation pour parvenir à une nouvelle trêve, qui inclurait la libération d'otages et de prisonniers palestiniens.

Quelque 250 personnes ont été enlevées en Israël pendant l'attaque du 7 octobre et emmenées à Gaza, dont une centaine ont été libérées fin novembre durant une trêve. Selon les autorités israéliennes, 132 otages sont toujours détenus dans la bande de Gaza, dont 28 sont présumés morts.

Le directeur de la CIA, le service de renseignement américain, va rencontrer «dans les tout prochains jours à Paris» ses homologues israélien et égyptien, ainsi que le Premier ministre qatari, pour tenter de conclure un accord de trêve, selon une source sécuritaire.