Israël continuait ses attaques dans la bande de Gaza samedi. Cela après le veto américain à une résolution sans précédent du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat».
Un Palestinien regarde les maisons détruites par les bombardements israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où la population a été poussée par Israël à se rendre.
Des Palestiniens aidés de la défense civile tentent de sortir un blessé des décombres d'une maison détruite à Deir Al Balah, dans le centre de la bande de Gaza.
Combats sanglants à Gaza, veto américain à un cessez-le-feu à l'ONU - Gallery
Un Palestinien regarde les maisons détruites par les bombardements israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où la population a été poussée par Israël à se rendre.
Des Palestiniens aidés de la défense civile tentent de sortir un blessé des décombres d'une maison détruite à Deir Al Balah, dans le centre de la bande de Gaza.
Le Hamas a «fermement condamné» samedi le veto américain, le qualifiant de «position immorale et inhumaine» et de «participation directe» aux «massacres», selon Ezzat al-Rishq, haut-responsable politique du mouvement.
Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont fait 17'487 morts, pour plus des deux tiers des femmes et des moins de 18 ans, selon un dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.
Bombes sur Khan Younès et Rafah
Sur la ville de Khan Younès, dans le sud du territoire, une bombe israélienne a tué six personnes, tandis que cinq autres sont mortes dans une attaque distincte à Rafah, a affirmé le ministère du Hamas samedi.
La guerre a été déclenchée par l'attaque le 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, au cours de laquelle 1200 personnes ont été tuées, selon Tel Aviv, et environ 240 autres capturées dont 138 restent captives. En riposte, Israël a juré d'"anéantir» le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza.
«Je n'ai que les vêtements que je porte»
Selon l'ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par la guerre dans le territoire, où 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont fui leur foyer.
«Il fait si froid et la tente est si petite. Je n'ai que les vêtements que je porte. Je ne sais toujours pas quelle sera la prochaine étape», souffle Mahmud Abu Rayan, déplacé de Beit Lahia (nord).
Conseil de sécurité «complice du massacre»
Le veto américain vendredi devant le conseil de sécurité de l'ONU a été rapidement condamné par les organisations humanitaires, Médecins sans frontières (MSF) constatant que l'inaction du Conseil de sécurité des Nations unies le rend «complice du massacre» dans la bande de Gaza.
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a également fustigé «l'échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution visant à mettre fin à l'agression contre notre peuple dans la bande de Gaza en raison de l'utilisation par les Etats-Unis de leur droit de veto», qu'il a qualifié de «honte» et de «nouveau blanc-seing donné à l'Etat occupant pour massacrer, détruire et déplacer».
Selon lui, l'utilisation du veto montre le «mensonge» des Etats-Unis lorsqu'ils disent se préoccuper des pertes civiles.
Les Etats-Unis tentent de se justifier
A l'ONU, l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood a tenté de justifier le veto américain. «Nous ne soutenons pas une résolution qui appelle à un cessez-le-feu non durable qui va simplement planter les graines de la prochaine guerre», a-t-il affirmé vendredi, dénonçant l'"échec moral» de l'absence dans le texte de condamnation des attaques du Hamas du 7 octobre.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a estimé de son côté que le cessez-le-feu «empêcherait l'effondrement de l'organisation terroriste Hamas, qui commet des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, et lui permettrait de continuer à diriger la bande de Gaza».
Dizaines de nouveaux morts
L'armée israélienne a déclaré vendredi avoir bombardé «plus de 450 cibles» en 24 heures à Gaza, montrant des images de frappes effectuées depuis des navires de guerre en Méditerranée.
Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 40 morts près de la ville de Gaza, au nord, et de dizaines d'autres à Jabalia et à Khan Younès, au sud.
«Contexte humanitaire cauchemardesque»
Après deux mois de conflit et de bombardements, le chef de l'ONU Antonio Guterres a déclaré que «la population de Gaza regarde vers l'abîme». «Les gens sont désespérés, effrayés et en colère», a-t-il déploré vendredi, soulignant que «tout cela se déroule dans un contexte humanitaire cauchemardesque».
Une grande partie des 1,9 million de Gazaouis déplacés par la guerre se sont dirigés vers le sud, transformant Rafah, le long de la frontière fermée avec l'Egypte, en un vaste camp de réfugiés.
Projet de résolution à l'OMS
Pendant que le nombre de décès de personnels médical et humanitaire dans le conflit s'alourdit, un projet de résolution soumis à l'OMS par 17 pays membres et la Palestine, au statut particulier, a exigé vendredi qu'Israël respecte pleinement ses obligations de protection envers ces travailleurs dans la bande de Gaza.
Ils ont demandé à Israël de «respecter et protéger» les travailleurs médicaux et humanitaires chargés exclusivement de tâches médicales, ainsi que les hôpitaux et autres installations médicales.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), seuls 14 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnaient encore tant bien que mal jeudi.
Washington veut «travailler» avec Israël
Face au nombre croissant de victimes civiles, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré vendredi à la presse que Washington estimait qu'Israël devait faire davantage pour protéger les civils dans le conflit.
«Nous reconnaissons tous qu'il est possible de faire davantage pour réduire le nombre de victimes civiles. Et nous allons continuer à travailler avec nos homologues israéliens à cette fin», a-t-il déclaré.
Nouveaux morts aussi en Cisjordanie
Le bilan s'est également alourdi en Cisjordanie occupée par Israël, où les forces israéliennes ont tué six Palestiniens vendredi, selon le ministère de la Santé du territoire.
Israël a déclaré vendredi avoir perdu 91 soldats à Gaza, précisant que deux autres militaires avaient été blessés lors de l'échec d'une tentative de libération d'otages dans la nuit, ajoutant que «de nombreux terroristes» avaient été tués au cours de l'opération.
Otage tué
Le Hamas a affirmé qu'un otage avait été tué au cours de l'opération et a diffusé une vidéo montrant le corps, qui n'a pas pu être vérifiée de manière indépendante.
Des pièces de roquettes, des lanceurs et d'autres armes du Hamas, ainsi qu'un tunnel d'un kilomètre, ont été découverts à l'université Al-Azhar, dans la ville de Gaza, a affirmé Israël, qui a «conseillé» aux habitants de se déplacer vers l'ouest.
Attaque de l'ambassade américaine
Une attaque contre l'ambassade américaine en Irak vendredi a renforcé les craintes d'un conflit régional plus large.
Des salves de roquettes ont été lancées contre la mission dans la zone verte lourdement sécurisée de Bagdad, s'ajoutant à des dizaines de récentes frappes de roquettes et de drones par des groupes pro-iraniens contre les forces américaines ou de la coalition en Irak et en Syrie.
Par ailleurs, trois combattants du Hezbollah et un Syrien ont été tués vendredi dans une frappe de drone israélienne sur leur voiture dans le sud de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).