Syrie Comité constitutionnel syrien réuni à Genève

ATS

29.10.2019 - 12:04

L'émissaire de l'ONU sur la Syrie Geir Pedersen reste évasif sur les attentes avant la réunion du Comité constitutionnel syrien à Genève.
L'émissaire de l'ONU sur la Syrie Geir Pedersen reste évasif sur les attentes avant la réunion du Comité constitutionnel syrien à Genève.
Source: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Les Syriens se réunissent à Genève pour la première fois dans le format du nouveau Comité constitutionnel. Ces 150 délégués doivent se retrouver mercredi sans les milices kurdes, délaissées par les Etats-Unis, et alors que la situation reste volatile sur le terrain.

L'émissaire de l'ONU sur la Syrie Geir Pedersen est resté très évasif sur ses attentes tant ce mécanisme aura été difficile à atteindre. «C'est la première fois» en huit ans et demi de conflit que le gouvernement et l'opposition «ont trouvé un accord» sur un format politique, insiste-t-il malgré tout.

L'ONU souhaite que le Comité constitutionnel puisse être le déclencheur d'un processus politique plus large mais, prudente, elle se contente de souhaiter pour le moment que les participants honorent ces discussions. Des oppositions sur certains noms parmi les trois groupes de 50 membres avaient empêché le prédécesseur de M. Pedersen d'arracher cette avancée. Un tiers a été désigné par le gouvernement, un tiers par l'opposition et un tiers est constitué de représentants de la société civile.

Opposition de la Turquie

Le Norvégien insiste par ailleurs sur le fait que les Syriens eux-mêmes doivent décider de ce qu'ils souhaitent. Amendement de la Constitution actuelle ou réforme entière, rythme de discussion, il ne veut pas interférer sur ces questions. La décision reviendra à un comité de 45 personnes choisies parmi les 150 participants. La discussion sera coprésidée par Ahmad Kuzbari pour le régime et Hadi Albahra pour les opposants.

M. Pedersen enjoint aussi les Etats influents en Syrie à ne pas chercher à imposer leurs intérêts aux Syriens. Mais «la situation est quasiment impossible», rétorque une source diplomatique. Les acteurs extérieurs «n'ont pas les mêmes priorités» que M. Pedersen, selon elle.

Parmi eux, la Turquie a activement oeuvré pour être certaine que le bras politique des Kurdes de Syrie, le Conseil démocratique syrien, ne soit pas représenté. Ajoutée au retrait des troupes américaines qui ont abouti à l'offensive turque récente dans le nord-est de la Syrie, cette situation constitue un «échec» de légitimité pour cette communauté, selon la source diplomatique.

Instabilité militaire

Celle-ci considère que M. Pedersen n'aurait pas dû accepter ce scénario. Mais l'émissaire de l'ONU relève que des Kurdes feront partie de chacun des trois blocs. Il n'a pas non plus remis en cause cette première réunion, malgré l'offensive turque contre les milices kurdes sur le terrain.

Après de nombreuses tentatives de pourparlers indirects entre le gouvernement et les rebelles, le Comité constitutionnel doit permettre d'avancer sur le dossier politique. Alors même que les violences se poursuivent.

Même si les forces pro-gouvernementales ont récupéré plusieurs zones, la situation reste instable autour d'Idleb et la zone frontalière du nord-est est désormais pilotée par des patrouilles communes entre la Russie et la Turquie. Un dispositif qui se doit d'être «temporaire», selon M. Pedersen qui ajoute que la réunion de Genève pourra peut-être permettre une solution «plus permanente» dans des régions du pays.

Plusieurs pays s'inquiètent aussi des conséquences de l'offensive turque sur la détention de djihadistes de l'Etat islamique (EI) ou de leurs proches dans des camps de déplacés. Les Etats-Unis ont revendiqué un succès en annonçant le décès de deux hauts responsables de ces extrémistes, dont leur chef Abou Bakr al-Baghdadi.

En huit ans, le conflit a fait près de 400'000 victimes. Les besoins humanitaires restent également très importants pour des millions de Syriens.

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