«L'impression d'être des criminels» «Comme des criminels»: parcours d'obstacles pour quitter l'Afrique du Sud

Relax

27.11.2021 - 18:32

Le regard embué, entre frustration et soulagement, Valérie Leduc quitte le guichet de l'aéroport de Johannesburg un sésame en poche: enfin, une place sur un vol retour vers la Belgique, via Addis Abeba, dans trois jours.

De nombreux Européens font la queue pour s'enregistrer sur un vol de l'après-midi pour Addis Abeba.
De nombreux Européens font la queue pour s'enregistrer sur un vol de l'après-midi pour Addis Abeba.
Phill Magakoe / AFP

Les voyageurs en Afrique du Sud, pressés de rentrer chez eux, se démènent pour trouver la formule pour contourner les restrictions tombées en cascade après la découverte annoncée jeudi d'un nouveau variant effrayant du Covid, baptisé Omicron.

Cette Belge de 30 ans se pose dans un café du terminal avec son ami Sander Verstraelen et passe en revue leurs dernières 24 heures, ultra-stressantes.

«L'impression d'être des criminels»

«On avait l'impression d'être des criminels», raconte la jeune femme à l'AFP. Leur vol initial vers Anvers transitait par Zurich. Or la Suisse a fermé ses portes à tous les non-citoyens en provenance d'Afrique du Sud, même en correspondance. Leurs nouveaux billets leur ont coûté mille euros chacun.

Au café, devant un cappuccino qui refroidit, d'autres tentent frénétiquement de joindre leurs consulats ou agences de voyage. Ces naufragés échangent anecdotes et prises de portables.

Beaucoup vont transiter via d'autres pays africains comme l'Éthiopie ou la RDC, qui n'ont pas encore mis l'Afrique du Sud au ban, jonglant entre exigences complexes, notamment des tests PCR de dernière minute.

De nombreux Européens font la queue pour s'enregistrer sur un vol de l'après-midi pour Addis Abeba. «On a d'abord tenté de modifier notre billet existant mais ce n'était pas du tout possible», raconte Laura Herde, étudiante berlinoise qui s'apprêtait à partir randonner entre amis quand elle a appris la fermeture des frontières les unes après les autres. «Nous avons du racheter des billets. Sur le premier vol possible», dit la jeune femme de 25 ans.

«Bordel total»

Un groupe de géologues allemands patiente devant une tente de dépistage Covid. Deuxième test PCR en deux jours. Pas équipé pour un tel afflux, le centre est en panne d'encre et de data. «Ils ne peuvent ni imprimer nos résultats, ni nous les envoyer par mail», note Robert Giebel, 36 ans, exaspéré.

«Il nous faut maintenant un test PCR de moins de 24 heures», alors qu'une simple preuve de vaccination suffisait il y a quelques jours. Ses copains rafraichissent non stop les sites d'infos et du gouvernement allemand sur leurs mobiles, pour scruter la moindre évolution des restrictions.

Devront-ils s'isoler en quarantaine à l'hôtel ou simplement à la maison? Certains ont lu qu'ils pourraient être rassemblés sur le tarmac à leur arrivée et de nouveau testés. «C'est un peu dingue», souffle Ole Schroeder, 32 ans. «Ce qu'on comprend pour l'instant, c'est que tout dépend de la ville (d'Allemagne) où tu atterris». «Mais bon, au moins, on peut rentrer chez nous».

Dans une autre queue, une Sud-Africaine de 26 ans fronce le sourcil, visiblement contrariée. Nica Kruger est à l'aéroport depuis l'aube et tente par tous les moyens de retrouver son amoureux à Dubai avant que cela devienne impossible.

Mais les vols de la journée sont pleins à craquer. «C'est un bordel total», dit-elle, des larmes dans la voix. «Ethiopian Air, Kenya Air, Mauritius Air, je les ai tous fait...»