«Serveurs débranchés»Communications coupées à Gaza, où les combats se poursuivent
ATS
12.1.2024 - 20:24
La bande de Gaza est de nouveau confrontée vendredi à une coupure complète de l'Internet et du téléphone, au moment où les bombardements israéliens dans le petit territoire assiégé se poursuivent, comme les combats avec le Hamas palestinien.
Keystone-SDA
12.01.2024, 20:24
ATS
Alors que la situation humanitaire y est désastreuse, l'ONU a déploré que les opérations d'aide dans le nord du territoire deviennent de plus en plus difficiles, accusant l'armée israélienne de limiter l'approvisionnement en carburant, en particulier pour les hôpitaux.
«Nous avons le regret d'annoncer la coupure totale des communications et des services internet à Gaza après que la partie israélienne a débranché les serveurs», a affirmé l'opérateur palestinien Paltel dans un communiqué, alors que de telles coupures ont déjà eu lieu dans le territoire palestinien depuis le début des hostilités.
«De nombreuses personnes sont toujours sous les décombres et les secouristes ne peuvent pas les atteindre», selon la même source.
L'armée israélienne mène en outre des opérations terrestres depuis fin octobre dans la bande de Gaza, où un journaliste de l'AFP a entendu des tirs d'artillerie violents entre Rafah et Khan Younès dans la nuit de jeudi à vendredi, marquée toutefois par moins de frappes aériennes.
Des médicaments pour les otages
Un panache de fumée s'est élevé vendredi au-dessus de la ville de Rafah, dans le sud, selon des journalistes de l'AFPTV.
Selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste, «plus de 59 morts et de dizaines de blessés ont été conduits dans les hôpitaux à la suite des attaques menées» dans la nuit.
«Des dizaines de terroristes» ont été tués à Khan Younès et Maghazi (centre), a indiqué vendredi l'armée israélienne. Parmi eux, figure «un officier de l'unité Nukhba qui avait participé au massacre du 7 octobre», toujours selon l'armée.
«Plus de 700 sites de lancement de roquettes» vers Israël ont été détruits par l'armée, a-t-elle poursuivi.
Israël s'est donné comme but d'éradiquer le Hamas à Gaza et de ramener les otages, emmenés dans le territoire palestinien lors de l'attaque du 7 octobre, encore retenus là-bas.
Les otages vont recevoir des médicaments «dans les prochains jours» en vertu d'un accord négocié par l'entremise du Qatar, a annoncé vendredi le bureau du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Sur les 250 otages enlevés selon les autorités israéliennes, une centaine ont été libérés.
La situation humanitaire est très critique dans le territoire palestinien pauvre, exigu et soumis à un siège total.
La représentante de l'Unicef dans les territoires palestiniens, Lucia Elmi, a demandé qu'un plus grand nombre de convois soit autorisé à y entrer.
«Le processus d'inspection (israélien) reste lent et imprévisible. Et certains des matériaux dont nous avons désespérément besoin restent soumis à des restrictions, sans justification claire», a-t-elle dit depuis Jérusalem à des journalistes à Genève, alors que plus de 1,1 million d'enfants sont menacés par le conflit, la malnutrition et les maladies.
Le représentant du bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) pour les territoires palestiniens, Andrea De Domenico, a lui déploré que «les opérations dans le nord sont de plus en plus compliquées». «Nous nous heurtons à un refus systématique de la partie israélienne», a-t-il déclaré aux journalistes à Genève.
Le nord a été massivement bombardé au début de la guerre, poussant de très nombreux habitants à se réfugier dans le sud.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le système de santé de Gaza est au bord de l'effondrement.
Le plus grand hôpital de la bande de Gaza, durement touché, a toutefois réussi à reprendre partiellement du service, selon l'OMS qui l'a ravitaillé pour la première fois depuis deux semaines.
Hors de Gaza
Hors de Gaza, des dizaines de personnes se sont rassemblées en Cisjordanie occupée pour afficher leur soutien à la population gazaouie et au Hamas.
Israël a déclaré vendredi qu'il ne cherchait pas à détruire le peuple palestinien à Gaza, en se défendant d'une accusation de génocide «malveillante» portée contre lui devant la Cour internationale de justice (CIJ), après la saisie de la plus haute juridiction de l'ONU par l'Afrique du Sud.
La guerre à Gaza fait craindre en outre un embrasement régional: les tirs entre le Hezbollah libanais pro-iranien et l'armée israélienne à la frontière israélo-libanaise sont désormais presque quotidiens, et les Houthis, des rebelles yéménites qui soutiennent les Palestiniens, multiplient les attaques en mer Rouge contre des navires marchands qui seraient liés à Israël.
En représailles à ces attaques à répétition qui perturbent le commerce maritime mondial, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé tôt vendredi le groupe rebelle soutenu par l'Iran.
«Le Yémen a joué un rôle important en faisant pression sur les navires (à destination d'Israël). Par conséquent, nous, les habitants de Gaza, avons eu le sentiment que quelqu'un se tenait à nos côtés», lâche Fouad al-Ghalaini, un déplacé de la ville de Gaza.
Près de 100 jours
Entrée vendredi dans son 98e jour, la guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent perpétrée par le Hamas le 7 octobre sur le sol israélien et qui a fait environ 1140 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.
Israël a promis d'anéantir le Hamas et bombarde en représailles la bande de Gaza, où 23.708 personnes ont été tuées et plus de 60'000 autres blessées, en majorité des civils, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir dans le territoire depuis 2007.