Affaire Khashoggi Consultations sur le meurtre de Khashoggi

ATS

30.10.2018 - 14:08

Le procureur général d'Arabie saoudite, Saoud ben Abdallah Al-Muajab (au milieu, de dos) s'est rendu au consulat après s'être entretenu avec le procureur général de la République à Istanbul Irfan Fidan pour la deuxième fois en deux jours.
Le procureur général d'Arabie saoudite, Saoud ben Abdallah Al-Muajab (au milieu, de dos) s'est rendu au consulat après s'être entretenu avec le procureur général de la République à Istanbul Irfan Fidan pour la deuxième fois en deux jours.
Source: Keystone/EPA/ERDEM SAHIN

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a à nouveau mis la pression sur Ryad mardi. Il a enjoint au procureur général d'Arabie saoudite, qui s'est rendu au consulat saoudien à Istanbul, scène du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, d'identifier les commanditaires.

Saoud ben Abdallah Al-Muajab a visité le consulat, où il est resté près d'une heure et demie, après s'être entretenu avec le procureur général de la République à Istanbul Irfan Fidan pour la deuxième fois en deux jours. Il n'a pas fait de déclaration à la presse.

Parlant peu après l'arrivée du procureur au consulat, Recep Tayyip Erdogan l'a exhorté à déterminer "qui a donné l'ordre" aux meurtriers de Jamal Khashoggi, dont le corps reste introuvable près d'un mois après sa mort le 2 octobre. Il également considéré qu'il était inutile de chercher à épargner qui que ce soit.

"Qui a envoyé ces 15 personnes (soupçonnées d'avoir tué Khashoggi)? En tant que procureur général saoudien, il faut que vous questionniez cela, que vous le révéliez", a dit M. Erdogan à la presse à Ankara. "Il faut maintenant résoudre cette affaire. Inutile de tergiverser, cela n'a aucun sens d'essayer de sauver certaines personnes", a-t-il ajouté, en se gardant toutefois de citer des noms.

"Toute la vérité"

Le meurtre de Khashoggi, un journaliste saoudien de 59 ans qui collaborait notamment au Washington Post, a suscité une vague de fortes critiques internationales contre la monarchie pétrolière. Il a aussi terni l'image de son prince héritier Mohammed ben Salmane, dit "MBS", que la presse et des responsables turcs anonymes ont impliqué dans le crime.

Sous la pression internationale, Ryad a fini par reconnaître, après plusieurs jours de dénégations, le meurtre du journaliste dans son consulat lors d'une opération "non autorisée", mais a avancé plusieurs versions contradictoires qui ont suscité le scepticisme.

Selon la chaîne de télévision étatique TRT Haber, le procureur saoudien a demandé à son homologue stambouliote lors de leur premier entretien lundi de partager l'intégralité des éléments qui figurent dans le dossier d'enquête turc, mais sa requête a été rejetée.

Toujours selon TRT Haber, le procureur turc a questionné les autorités saoudiennes sur la localisation du corps de M. Khashoggi, toujours introuvable et qui aurait été démembré par les agents saoudiens.

Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu avait affirmé lundi que l'enquête devait se terminer "le plus vite possible" et que "toute la vérité" devait être révélée. "L'Arabie saoudite a une très grande responsabilité" à ce sujet, a déclaré M. Cavusoglu, rappelant que 18 suspects avaient été placés en détention par Ryad.

Ne pas "étouffer" l'affaire

Son homologue saoudien Adel al-Jubeir, a toutefois rejeté samedi une demande d'extradition turque pour les 18 suspects arrêtés dans le cadre de l'enquête de Ryad, affirmant qu'ils seraient jugés en Arabie saoudite. Le ministre américain de la Défense Jim Mattis a affirmé dimanche avoir reçu l'assurance de Ryad que l'enquête saoudienne serait "complète".

Mais la fiancée turque de Khashoggi a critiqué la réponse du président américain Donald Trump au meurtre, l'appelant à ne pas laisser l'affaire être étouffée. "Je suis extrêmement déçue de l'attitude adoptée jusqu'à présent par les dirigeants politiques de nombreux pays, à commencer par les Etats-Unis", a déclaré Hatice Cengiz lors d'un événement commémoratif lundi soir à Londres.

"Il faut que le président Trump aide à révéler la vérité et à ce que justice soit rendue. Le président Trump ne doit pas permettre que le meurtre de mon fiancé soit étouffé", a-t-elle ajouté dans une vidéo diffusée par les médias britanniques.

Selon Hatice Cengiz, "le régime saoudien sait où se trouve (le) corps" de Khashoggi. Elle a appelé les "criminels diaboliques et leurs lâches maîtres politiques" à rendre des comptes.

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