Etats-Unis Contre Trump, le statut des Dreamers validé

ATS

18.6.2020 - 18:08

La Cour suprême des Etats-Unis s'est attiré jeudi les foudres de Donald Trump en validant le statut protecteur de 700'000 jeunes migrants, les «Dreamers», qu'il voulait supprimer.

Arès avoir étendu lundi les droits des salariés homosexuels et transgenres, la plus haute juridiction des Etats-unis, pourtant profondément remaniée par Donald Trump, a accordé jeudi sa protection à des jeunes migrants baptisés «Dreamers (rêveurs), arrivés clandestinement aux Etats-Unis quand ils étaient enfants.

«Avez-vous l'impression que la Cour suprême ne m'aime pas ?«, a tweeté le locataire de la Maison Blanche en dénonçant des décisions «politiques et horribles».

Majorité de juges

Dans une décision prise à une courte majorité (cinq juges sur neuf), la Cour suprême a jugé «arbitraire» et «capricieuse» la volonté de l'administration républicaine de mettre un terme à un programme adopté en 2012 par le président démocrate Barack Obama, qui empêchait de les expulser.

Les jeunes concernés vont donc pouvoir se maintenir sur le sol américain et conserver les numéros de sécurité sociale, précieux sésame pour étudier, travailler, conduire... que leur avait accordé le président Obama.

«Je me préparais au pire»

«Je me préparais au pire», a réagi l'un d'eux, Jesus Contreras un professionnel de la santé de Houston, arrivé enfant du Mexique. «C'est bon de savoir qu'on est protégé et en sécurité, au moins pour l'instant», a-t-il dit à l'AFP.

Ces «Dreamers» étaient dans l'incertitude depuis l'élection de Donald Trump qui a fait de la lutte contre l'immigration illégale l'un de ses chevaux de bataille. En 2017, il avait décidé de mettre un terme au programme de son prédécesseur, baptisé DACA, le décrétant «illégal».

Saisis en urgence, des tribunaux avaient suspendu sa décision, offrant un répit aux jeunes migrants qui, pour la plupart n'ont pas ou peu de liens avec leur pays d'origine.

«Laide et cruelle»

Le gouvernement avait alors fait appel jusqu'à la plus haute juridiction qui a finalement décidé de lui donner tort pour des raisons de procédure.

«Nous ne nous disons pas si DACA ou sa suppression étaient des politiques fondées. La «sagesse» de ces décisions «n'est pas de notre ressort», écrit dans l'arrêt le chef de la Cour John Roberts, qui a joint sa voix à ses quatre collègues progressistes.

«Nous avons seulement cherché à savoir si le gouvernement avait suivi les obligations de procédure et fourni une explication raisonnée à son action», a-t-il poursuivi. Et dans ce dossier «il a échoué», a-t-il conclu.

Décision saluée

Si cette décision a déclenché la colère de la Maison Blanche, elle a été immédiatement saluée par l'opposition démocrate, le monde économique et la société civile.

«La décision de Trump de suspendre le programme DACA était l'une des plus laides et cruelles jamais prise par un président et il a perdu», a tweeté le sénateur Bernie Sanders, en félicitant les Dreamers et leurs soutiens pour cette «énorme victoire».

«Notre nation dépend de professionnels talentueux comme les bénéficiaires du DACA», a renchéri l'association TechNet qui représente des employeurs du secteur des hautes technologies.

Pour la grande association de défense des droits civiques ACLU, cette décision «confirme ce que nous avons toujours su: l'Amérique est leur pays».

Pandémie

Les défenseurs de ces jeunes ont, tout au long de la procédure, insisté sur l'importance de leur contribution à la vie des Etats-Unis. En avril, ils avaient transmis un nouvel argumentaire à la Cour pour souligner le rôle joué par ces jeunes migrants dans la réponse à la pandémie de Covid-19.

«Environ 27'000 bénéficiaires du programme DACA sont des professionnels de la santé, dont des infirmiers, des dentistes, des pharmaciens, des aide-soignants, des aides à la personne... et environ 200 sont des étudiants en médecine, des internes ou des médecins», avaient-ils souligné, en mettant en garde contre l'impact «catastrophique» de la fin du programme DACA.

Du côté de Trump

De son côté, Donald Trump, conscient de leur popularité dans l'opinion publique, a toujours soufflé le chaud et le froid sur les «Dreamers».

«Beaucoup de bénéficiaires de DACA, plus tout jeunes, sont loin d'être des anges. Certains sont des criminels endurcis», avait-il tweeté le jour de l'audience, le 12 novembre, tout en promettant de chercher une solution pour qu'ils puissent rester sur le sol américain.

Dans le passé, il avait essayé de les utiliser comme monnaie d'échanges avec son opposition, proposant de leur accorder un statut définitif en échange de financements pour son mur à la frontière avec le Mexique.

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