Affaire Qatargate Corruption: l'eurodéputé belge Tarabella inculpé et écroué

ATS

11.2.2023 - 16:39

L'eurodéputé belge Marc Tarabella a été inculpé pour «corruption», puis placé en détention provisoire, samedi dans l'enquête sur des soupçons d'ingérence du Qatar et du Maroc dans les décisions du Parlement européen. Quatre personnes sont désormais sous les verrous.

L'eurodéputé socialiste Marc Tarabella (à g., derrière) a été écroué en lien avec l'affaire du Qatargate.
L'eurodéputé socialiste Marc Tarabella (à g., derrière) a été écroué en lien avec l'affaire du Qatargate.
ATS

Keystone-SDA

L'élu socialiste de 59 ans a été écroué après son inculpation samedi précisément pour «corruption», «blanchiment d'argent» et «participation à une organisation criminelle», a annoncé à l'AFP Eric van der Sijpt, porte-parole du parquet fédéral.

Trois autres personnes, dont l'eurodéputée grecque Eva Kaili, sont déjà incarcérées dans ce scandale qui a éclaté le 9 décembre et entraîné une vague d'interpellations à Bruxelles.

Ce jour-là, les enquêteurs belges ont mis la main sur environ 1,5 million d'euros en argent liquide dans des sacs ou des valises découverts notamment aux domiciles bruxellois de Mme Kaili et de Pier Antonio Panzeri, également écroué.

Ce dernier, ancien eurodéputé italien (2004-2019), suspect clé du dossier, a reconnu en janvier avoir orchestré cette fraude.

Le sexagénaire devenu en 2019 dirigeant d'ONG à Bruxelles a conclu un accord avec l'accusation prévoyant une peine de prison limitée à un an ferme, en échange de déclarations précises sur la fraude et les personnes impliquées.

Selon la presse belge, M. Panzeri a mis en cause M. Tarabella devant les enquêteurs dès décembre peu après son interpellation. Il a affirmé lui avoir versé «entre 120'000 et 140'000 euros"(la même somme en francs) en plusieurs fois pour son aide dans les dossiers liés au Qatar.

«Diffamation» 

Marc Tarabella a de nouveau nié lors d'une audition avoir reçu argent ou cadeau. Son avocat Maxim Töller a accusé samedi M. Panzeri de «diffamation».

«Il suffit de la diffamation d'une personne, reconnue comme chef d'une organisation criminelle, pour provoquer un tel tsunami et salir injustement M. Tarabella», a protesté l'avocat dans un communiqué transmis à la presse. «Mon client continuera à se battre pour que son innocence soit reconnue», a-t-il ajouté.

Le nom de Marc Tarabella, élu wallon au physique de bon vivant, affable et accessible, passionné de football, était apparu très tôt quand ce scandale a éclaté.

Dès le lendemain, le 10 décembre, son domicile avait été perquisitionné. Mais aucun argent liquide n'avait été découvert, et il n'avait pas été interpellé.

La justice belge a dû attendre la fin de la procédure de levée d'immunité au Parlement, le 2 février, pour envisager toute mesure coercitive.

«Coffre bancaire»

L'élu a été interpellé tôt vendredi à son domicile d'Anthisnes, dans la région de Liège (Belgique), où plusieurs perquisitions ont eu lieu ciblant notamment un «coffre bancaire» lui appartenant et des bureaux de sa mairie. Il est bourgmestre d'Anthisnes.

Au Parlement européen, M. Tarabella s'est beaucoup exprimé sur l'attribution de l'organisation du Mondial-2022 au Qatar, et certains collègues eurodéputés se sont étonnés de son changement de ton à l'approche de l'événement.

Celui qui qualifiait d'"erreur de casting» en 2015 cette attribution par la Fifa avait salué en novembre 2022 en séance plénière les «progrès» de l'émirat sur la question des droits des travailleurs.

Dans la même enquête, un autre eurodéputé socialiste, l'Italien Andrea Cozzolino, également privé de son immunité le 2 février, a été arrêté vendredi en Italie en vertu d'une mandat d'arrêt international, a confirmé samedi M. van der Sijpt à l'AFP.

La justice belge attend désormais son extradition.

M. Cozzolino, proche de M. Panzeri, est soupçonné d'avoir favorisé l'ingérence du Maroc dans les décisions du Parlement européen.

Tant les autorités du Maroc que celles du Qatar ont fermement nié toute corruption.

Quant à M. Tarabella, il comparaîtra dès jeudi, au bout des cinq jours prévus par la loi, devant la juridiction bruxelloise chargée du contrôle de la détention provisoire, a aussi dit le porte-parole du parquet fédéral.