Londres
Ruth Davidson, chef de file du Parti conservateur britannique en Ecosse et étoile montante des Tories, a appelé samedi les députés tentés de renverser Theresa May à se taire. Elle leur demande de se rassembler derrière leur Première ministre.
"Je veux dire à mon parti de faire le ménage dans sa propre cour, de s'unir, de s'atteler à la tâche et de s'assurer que notre premier engagement, notre dernier et notre unique engagement, il est pour notre pays", a-t-elle dit sur la BBC.
Davidson est sortie renforcée des élections législatives anticipées du mois de juin: tandis que le parti essuyait un grave revers au niveau national, perdant sa majorité absolue à la Chambre des communes, les Tories progressaient en Ecosse.
Theresa May, a-t-elle ajouté, "est une femme d'action, de courage, de détermination. Je la soutiens aujourd'hui et je la soutiendrai à l'avenir".
Le message en forme de rappel à l'ordre de Ruth Davidson vise la trentaine de députés conservateurs réunis derrière l'ancien président du parti Tory, Grant Shapps, qui réclament le départ de Theresa May. Selon les règles du parti, il en faudrait 48 pour lancer un processus de primaire interne.
Absence d'accord possible
Theresa May, dont la fragilité politique s'est encore accentuée depuis son discours catastrophe mercredi lors du congrès annuel du parti, à Manchester, a répondu aux frondeurs en promettant de donner une "direction sereine" au Royaume-Uni. "Ce dont le pays a besoin, c'est une direction sereine et c'est ce que je lui fournis avec le total soutien de mon gouvernement", a-t-elle dit dans une déclaration envoyée vendredi aux médias.
Des poids lourds du parti ont fait bloc autour d'elle, mais la rébellion animée par Shapps risque de compliquer les négociations déjà ardues avec les Européens sur les modalités du Brexit, programmé pour mars 2019, soit dans dix-huit mois à peine.
Le scenario d'une absence d'accord sur le divorce n'a jamais été exclu. "Nous voulons être parés à toute éventualité, y compris une absence d'accord", déclarait ainsi Michel Barnier, le chef de l'équipe de négociateurs de l'UE, en juillet dernier après le début officiel des discussions avec Londres.
Mais, face à l'incertitude politique qui prévaut en Grande-Bretagne, diplomates et fonctionnaires européens ont accentué les préparatifs en prévision d'une telle issue, qui semble gagner en crédibilité.
"C'est le sentiment qui progresse", confirme un haut responsable européen. "Il faut intégrer le fait qu'il ne s'agit pas d'un processus rationnel", ajoute-t-il, assurant qu'économiquement, la victoire du camp du Brexit lors du référendum de juin 2016 n'avait déjà pas beaucoup de sens.
"Il n'est donc pas improbable que les Britanniques fuient à nouveau les impératifs économiques et que nous finissions par sauter dans le vide faute d'accord politique", ajoute-t-il.
Corbyn pris au sérieux
Le Daily Telegraph affirme samedi que des négociateurs européens entretiennent des contacts plus étroits avec le leader travailliste Jeremy Corbyn dans l'éventualité où le cabinet May chuterait et que de nouvelles élections porteraient le Labour au pouvoir.
Selon les sources du Telegraph, il y a eu un "changement de ton significatif" à Bruxelles à l'égard du Labour depuis les élections anticipées du mois de juin. Et les rencontres à haut niveau sont devenues plus fréquentes. "On commence à prendre Corbyn au sérieux", rapporte le journal.
Les dirigeants européens se retrouveront les 19 et 20 octobre à Bruxelles, où ils se pencheront sur les derniers développements intervenus dans les négociations avec Londres.
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