Démission de deux ministres Boris Johnson plus que jamais sous pression

ATS

5.7.2022 - 21:40

Lassés des scandales à répétition, deux ministres britanniques de premier plan ont claqué la porte mardi soir à quelques minutes d'intervalle, un coup dur pour le Premier ministre Boris Johnson, de plus en plus fragilisé.

Boris Johnson était déjà considérablement affaibli par le scandale des fêtes organisées à Downing Street malgré les restrictions face au Covid pendant la pandémie.
Boris Johnson était déjà considérablement affaibli par le scandale des fêtes organisées à Downing Street malgré les restrictions face au Covid pendant la pandémie.
KEYSTONE

5.7.2022 - 21:40

Le ministre de la Santé Sajid Javid a présenté sa démission en expliquant dans une lettre diffusée sur Twitter que le chef du gouvernement avait «perdu sa confiance». Il a été suivi quelques minutes plus tard par le ministre des Finances, Rishi Sunak.

Les deux démissions sont intervenues alors que Boris Johnson venait de publiquement présenter ses excuses, reconnaissant avoir fait une «erreur» en nommant en février dans son gouvernement Chris Pincher, qui a démissionné la semaine dernière après avoir été accusé d'attouchements sur deux hommes.

Downing Street avait dans un premier temps nié avoir été mis au courant d'accusations plus anciennes ayant visé ce «whip» en chef adjoint, chargé de la discipline parlementaire des députés conservateurs.

Une version discréditée par un ancien haut-fonctionnaire des Affaires étrangères, poussant Downing Street à reconnaître mardi que le Premier ministre avait bien été informé en 2019 d'accusations à l'encontre de M. Pincher, mais qu'il les avait «oubliées» en le nommant.

«Je pense que c'était une erreur (de le nommer au gouvernement) et je m'en excuse», a déclaré M. Johnson à des journalistes après avoir été, une fois encore, accusé de mensonges.

Scandales en série

L'affaire Pincher aura été la goutte de trop pour MM. Javid et Sunak, lassés par les scandales qui secouent le gouvernement et l'entourage du Premier ministre depuis des mois.

Boris Johnson était déjà considérablement affaibli par le scandale des fêtes organisées à Downing Street malgré les restrictions face au Covid pendant la pandémie. L'affaire lui a valu une amende – une première pour un chef du gouvernement britannique en exercice – et un vote de défiance de son propre camp, auquel il a survécu de peu le mois dernier.

Se sont ajoutées plusieurs affaires à caractère sexuel au Parlement: un député soupçonné de viol, non nommé, a été arrêté puis libéré sous caution mi-mai, un autre a démissionné en avril pour avoir regardé de la pornographie à la Chambre sur son téléphone portable en avril et un ancien député a été condamné en mai à 18 mois de prison pour l'agression sexuelle d'un adolescent de 15 ans.

Le départ de ces deux députés a provoqué des législatives partielles et de lourdes défaites pour les conservateurs, suivies du départ du président du parti, Oliver Dowden. Et ce alors que le parti avait déjà essuyé un très mauvais résultat aux élections locales de mai.

Ces scandales interviennent dans un climat social tendu, avec une inflation au plus haut depuis 40 ans, à l'origine notamment d'une grève massive des cheminots.

La démission de Rishi Sunak, 42 ans, intervient en pleine crise du coût de la vie. «Le public attend légitimement que le gouvernement soit conduit de manière compétente et sérieuse» et «c'est pourquoi je démissionne», a écrit M. Sunak dans sa lettre à M. Johnson.

Cerise sur le gâteau

De son côté, M. Javid, 52 ans, qui avait précédé M. Sunak au ministère des Finances, a jugé que les Britanniques étaient en droit d'attendre «de l'intégrité de la part de leur gouvernement».

Le vote de défiance qui a visé M. Johnson le mois dernier aurait pu être l'occasion de faire preuve d'"humilité» et de montrer «nouvelle direction», a-t-il écrit. «J'ai le regret de dire toutefois qu"'il est clair pour moi que ce ne sera pas le cas sous votre leadership – et vous avez donc perdu ma confiance».

L'affaire Pincher aura été «la cerise sur le gâteau» pour les deux ministres, a estimé sur Sky News le député conservateur Andrew Bridgen.

«Il est temps que Boris s'en aille. Il peut laisser traîner ça quelques heures s'il le veut. Mais moi et une grande partie du parti sommes maintenant déterminés à ce qu'il soit parti avant les vacances d'été: le plus tôt sera le mieux', a-t-il ajouté.

Il est «clair que ce gouvernement est en train de s'effondrer», a réagi le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer. «Seul un vrai changement de gouvernement peut donner au Royaume-Uni le nouveau départ dont il a besoin.»

ATS