Guerre à GazaDémission du gouvernement palestinien en pleine guerre à Gaza
ATS
26.2.2024 - 19:04
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a accepté lundi la démission du gouvernement, annoncé plus tôt en journée, à l'heure où les tractations en coulisses s'intensifient pour réformer le leadership politique palestinien dans le cadre de «l'après-guerre» à Gaza.
26.02.2024, 19:04
ATS
«J'ai présenté la démission du gouvernement à monsieur le Président le 20 février et je la remets aujourd'hui par écrit», a déclaré lundi matin à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, Mohammed Shtayyeh, le chef du gouvernement depuis le printemps 2019.
Et dans la soirée, le président Abbas a publié un décret «acceptant cette démission» tout en mandatant Mohammed Shtayyeh et ses ministres «de rester temporairement en poste jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit formé».
«La prochaine étape requiert de nouvelles mesures gouvernementales et politiques qui tiennent compte de la nouvelle réalité dans la bande de Gaza (...), un besoin urgent d'un consensus interpalestinien» et la création d'un Etat palestinien ayant autorité sur la Cisjordanie et Gaza, avait déclaré M. Shtayyeh.
Depuis des affrontements fratricides en juin 2007, le leadership palestinien est divisé entre l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël, tandis que le Hamas contrôle la bande de Gaza.
Pour l'analyste palestinien Ghassan Khatib, la démission du gouvernement Shtayyeh n'est pas un geste de défiance à l'égard de Mahmoud Abbas mais plutôt une façon pour l'Autorité palestinienne de montrer qu'elle est prête à s'engager dans la voie de réformes en vue de l'après-guerre à Gaza.
«Qu'il rentre chez lui»
Des pays arabes incluant le Qatar, des puissances occidentales ainsi que des opposants à Mahmoud Abbas plaident pour une Autorité palestinienne réformée chargée à terme de la Cisjordanie et de Gaza sous la bannière d'un Etat palestinien indépendant.
Avec la démission du gouvernement Shtayyeh, «Mahmoud Abbas veut montrer au médiateur qu'il est prêt aussi à aller dans cette voie», souligne M. Khatib, précisant que ce nouveau leadership palestinien inclurait des éléments de l'Autorité palestinienne mais aussi du Hamas.
«Si Abbas et le Hamas arrivent à un accord, il s'agirait d'une nouvelle phase dans la politique palestinienne. Cela serait significatif car les deux camps ont tenté de nombreuses fois de se rapprocher sans jamais y parvenir», explique M. Khatib à l'AFP.
«Mais il y a encore de fortes chances que le tout échoue car il reste nombre de questions en suspens comme par exemple la composition de ce gouvernement technocratique et l'étendue des responsabilités du Hamas à Gaza», ajoute-t-il.
Pour Khalil Shikaki, directeur du Centre de recherche palestinien sur la politique et les sondages (PCPSR), un institut indépendant de Ramallah, la démission présentée lundi par le gouvernement Shtayyeh n'est que cosmétique et s'inscrit dans une tentative de Mahmoud Abbas de faire croire à une volonté de réforme.
«Abbas veut montrer au monde qu'il est prêt à faire des changements (...) mais la seule vraie réforme serait qu'il rentre chez lui», souligne M. Shikaki, soulignant que quiconque succèdera au gouvernement Shtayyeh «sera forcé d'être loyal» au président palestinien car ce dernier dirige «comme un one-man show».
Violence sous Abbas
Ces derniers mois, de nombreux Palestiniens ont critiqué le président Mahmoud Abbas, âgé de 88 ans et élu la dernière fois en 2005, pour son «impuissance» face aux raids israéliens dans la bande de Gaza.
«Abbas n'a pas protégé sa population en Cisjordanie occupée et n'a pas levé le petit doigt pour Gaza. Et là, il veut être présent pour le +jour d'après+ mais n'a rien fait depuis le début de la guerre. Si vous pensez que je suis dur, sachez que la majorité des Palestiniens sont encore plus durs que moi», a-t-il ajouté.
Allant à contre-courant des pourparlers récents sur «l'après-guerre» à Gaza, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a présenté un plan qui prévoit le maintien du «contrôle sécuritaire» d'Israël, rejette la possibilité d'un Etat palestinien et n'envisage aucun rôle politique pour l'Autorité palestinienne ou le Hamas.