Syrie Damas poursuit sa progression à Idleb

ATS

8.2.2020 - 15:26

Les soldats syriens avaient déjà reconquis la ville de Maaret al-Noomane à la fin janvier, deuxième plus grande ville de la province d'Idleb (archives).
Les soldats syriens avaient déjà reconquis la ville de Maaret al-Noomane à la fin janvier, deuxième plus grande ville de la province d'Idleb (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/YOUSSEF BADAWI

L'armée syrienne, qui mène une offensive meurtrière dans le nord-ouest de la Syrie, a repris samedi aux djihadistes et rebelles la ville clé de Saraqeb. La Turquie a à nouveau haussé le ton et menacé de représailles si ses avant-postes militaires étaient attaqués.

Malgré les mises en garde d'Ankara, Damas poursuit sa progression le long d'un axe stratégique dans la province d'Idleb. Soutenu par l'aviation russe, les forces du président syrien Bachar al-Assad ont lancé en décembre un assaut contre le dernier grand bastion des djihadistes et des rebelles qui lui échappe.

«Des unités de l'armée [syrienne, ndlr] contrôlent désormais la totalité de Saraqeb», a indiqué samedi la télévision d'Etat, qui a diffusé en direct des images de quartiers de la ville. L'agence officielle Sana a fait état de la «fin» des opérations de «ratissage». La ville se situe à 20 km au sud-est d'Idleb.

Saraqeb se trouve à la jonction de deux autoroutes clés, M5 et M4, que le régime cherche à reconquérir en vue de relancer une économie ravagée par près de neuf ans de guerre. La voie M5 relie Alep, deuxième plus grande ville du pays et ancien poumon économique de Syrie, à la capitale Damas, tandis que la M4 relie Alep à la ville côtière de Lattaquié, fief du régime.

Moitié de la province reprise

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG proche des rebelles, le régime syrien contrôle désormais près de la moitié de la province d'Idleb et la quasi-totalité de la M5, à l'exception d'un tronçon d'environ 30 km, situé dans le sud-ouest d'Alep.

À la fin janvier, les forces de Damas, appuyées par leur allié russe, avaient déjà reconquis la ville clé de Maaret al-Noomane, la deuxième plus grande de la province d'Idleb, également traversée par la M5, l'axe routier le plus long du pays.

Samedi, l'aviation russe a bombardé plusieurs secteurs dans la région, d'après l'OSDH, notamment dans l'ouest de la province d'Alep, théâtre aussi d'un pilonnage intense depuis des semaines.

Un peu plus de la moitié de la province d'Idleb et des secteurs attenants des provinces voisines d'Alep, Hama et Lattaquié, sont toujours dominés par les djihadistes d'Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda). La région de trois millions de personnes abrite aussi d'autres groupuscules de djihadistes et des groupes rebelles affaiblis.

Nouvel avertissement d'Ankara

Ces nouvelles reconquêtes interviennent alors que la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles, réitère ses avertissements après avoir envoyé des renforts militaires ces derniers jours pour renforcer ses positions à Idleb.

Depuis vendredi, 350 véhicules ont franchi la frontière syro-turque en direction d'Idleb, selon l'agence étatique turque Anadolu. «Tous les renforts sont acheminés vers des secteurs situés au nord-ouest de Saraqeb», a affirmé l'OSDH.

En vertu d'un accord avec la Russie, la Turquie dispose dans la province d'Idleb de 12 postes d'observation, dont trois sont encerclés par les troupes de Damas, dans le sud-est d'Idleb.

Ankara ne cesse de hausser le ton à l'égard de Damas depuis des combats inédits lundi entre ses troupes et les forces du régime ayant fait plus de 20 morts des deux côtés.

«En cas de nouvelle attaque, une réponse appropriée sera mise en oeuvre de la manière la plus forte, basée sur le droit à l'autodéfense», a assuré samedi le ministère turc de la défense.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a posé un ultimatum à Damas, lui demandant d'éloigner ses troupes des postes d'observation turcs d'ici à la fin février. Il a également appelé Moscou à faire pression sur le régime syrien pour qu'il cesse son offensive.

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