Soudan Dans un camp du Darfour, un enfant meurt toutes les 2 heures

ATS

5.2.2024 - 17:47

Un enfant meurt toutes les deux heures dans le camp de déplacés de Zamzam, au Darfour, dans l'ouest du Soudan en guerre, alerte lundi l'ONG Médecins sans frontières (MSF), qui dénonce la «situation catastrophique» sur place.

Le camp de Zamzam est un des plus grands et des plus anciens du pays. Avant la guerre, il dépendait fortement de l'aide internationale pour la nourriture, les soins de santé, l'eau potable, pour à peu près tout. Il est aujourd'hui abandonné.
Le camp de Zamzam est un des plus grands et des plus anciens du pays. Avant la guerre, il dépendait fortement de l'aide internationale pour la nourriture, les soins de santé, l'eau potable, pour à peu près tout. Il est aujourd'hui abandonné.
ATS

«Nous estimons qu'au moins un enfant meurt toutes les deux heures dans le camp, soit environ 13 décès d'enfants par jour», a déclaré Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de MSF au Soudan citée dans un communiqué. «Les enfants souffrant de malnutrition sévère qui ne sont pas encore décédés risquent de mourir dans les trois à six semaines s'ils ne sont pas soignés».

Près d'un quart des enfants examinés souffraient de malnutrition aiguë et près de 40% des enfants âgés de six mois à deux ans de malnutrition, dépassant «tous les seuils d'urgence», selon l'ONG.

De même, le nombre de décès dans ce camp, l'un des plus grands et anciens du pays qui accueille 300'000 à 500'000 personnes selon les estimations, est «extrêmement alarmant», avec un taux de mortalité brut de 2,5 pour 10'000 personnes par jour, soit plus du double du seuil d'urgence, affirme MSF.

«Avant le début du conflit (...) les habitants du camp dépendaient fortement de l'aide internationale pour la nourriture, les soins de santé, l'eau potable, pour à peu près tout», a ajouté Claire Nicolet. «Aujourd'hui, ils ont été presque complètement abandonnés».

Boire l'eau des marécages

«Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) n'a pas distribué de nourriture depuis le mois de mai» et les familles en sont réduites à boire «l'eau des marécages ou de la rivière», a-t-elle ajouté.

Dans un communiqué commun reçu lundi, des experts de l'ONU s'alarment également de ce que quelque «25 millions de personnes, dont 14 millions d'enfants, ont cruellement besoin d'une aide humanitaire au Soudan».

La crise humanitaire «a provoqué un déplacement massif sans précédent», avec plus de 9 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays dont la majorité, accueillies par les communautés locales ou sur des sites de fortune (écoles, bâtiments abandonnés...), «vivent dans des conditions désastreuses avec un soutien limité des organisations humanitaires internationales» déplorent ces experts.

Depuis le 15 avril, la guerre entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a fait des milliers de morts au Soudan, dont 10'000 à 15'000 dans une seule ville du Darfour, selon un rapport d'experts de l'ONU.