Gérald Darmanin«Ce qui m'inquiète maintenant, c'est ce qui se passera en 2027»
ATS
13.8.2023 - 18:55
Gérald Darmanin est sorti du bois dimanche en vue de l'élection présidentielle de 2027. Il a dressé le portrait du candidat capable à ses yeux de remporter ce scrutin, pour en définitive se dépeindre lui-même.
13.08.2023, 18:55
13.08.2023, 20:05
ATS
Dans des confidences au Figaro, avant son déplacement en Polynésie jusqu'à la fin de la semaine prochaine, le ministre de l'Intérieur donne le ton de «sa rentrée politique» prévue le 27 août dans son fief de Tourcoing dans le Nord, axée sur «les classes populaires» délaissées, selon lui, par les partis politiques.
«Ce qui m'intéresse, ce n'est plus de regarder ce qu'il s'est passé en 2017 et 2022. Ce qui m'inquiète maintenant, c'est ce qui se passera en 2027», dit Gérald Darmanin au quotidien.
«Gauche bobo-libérale»
«Il ne faudrait pas que l'on remette notre avenir entre les mains de la technique et des techniciens en utilisant des mots que les Français ne comprennent pas toujours. On doit parler avec le coeur, pas avec des statistiques», poursuit-il en éreintant ceux qui à ses yeux représentent au gouvernement «la gauche bobo-libérale».
Gérald Darmanin, qui a fait campagne en vain pour remplacer en juillet Elisabeth Borne à Matignon, considère que «si la réponse du prochain candidat à la présidentielle (de la majorité) est de s'en remettre aux jurisprudences et aux marchés internationaux, alors il actera que la volonté politique n'est plus que chez les extrêmes». «On perdra l'élection et Marine Le Pen sera élue», ajoute-t-il.
Il dit «penser comme Ruffin (LFI) et Roussel (PCF) que c'est la question sociale qui est la plus importante». «J'ai été plutôt minoritaire pour l'instant sur l'importance de la question sociale, mais j'espère que la boussole populaire que je propose sera un jour totalement entendue par la majorité», poursuit le ministre.
Rentrée personnelle
«Après six ans au gouvernement, je suis heureux de répondre à l'appel de mes amis qui me pressent d'affirmer un peu plus la boussole populaire que je propose», fait valoir Gérald Darmanin pour expliquer l'organisation de sa réunion à Tourcoing où environ 400 personnes sont attendues dont 90 parlementaires et des ministres, parmi lesquels Olivier Dussopt (Travail).
Lui qui a des responsabilités au sein du parti présidentiel Renaissance – il en est le secrétaire général délégué en charge de la formation -, et n'a pas de micro-parti, a décidé d'une rentrée politique toute personnelle.
Elisabeth Borne n'a pas été conviée à cet événement, selon une source dans l'entourage de la Première ministre. Le président de Renaissance, Stéphane Séjourné, a été informé et invité, selon un membre du parti.
Mais on souligne à Renaissance que le rendez-vous du 27 août est organisé «par les militants Renaissance du Nord». «C'est un statut hybride «, reconnaît-on. Tous les parlementaires de la majorité ont été invités, selon une source proche des organisateurs.
Forte concurrence
Gérald Darmanin, qui nourrit l'ambition de rassembler la droite et d'être capable de battre Marine Le Pen, doit faire face à une forte concurrence. Moins de trois ans avant l'échéance, la classe politique bouillonne déjà, Emmanuel Macron ne pouvant pas être candidat à sa succession.
A droite, Bruno le Maire, Edouard Philippe, Xavier Bertrand ou Laurent Wauquiez sont régulièrement cités comme pouvant être tentés.
Dans cette bataille, les liens d'amitié n'ont plus leur place apparemment. C'est ainsi que Xavier Bertrand, président de la région Nord-Pas-de-Calais, dont Gérald Darmanin était proche, n'a été ni informé ni invité le 27 août, selon une source régionale.
Durant ses vacances dans le sud-est, le ministre de l'Intérieur et son épouse ont été reçus fin juillet à dîner au Cap-Nègre par Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, a-t-on appris de source proche, confirmant une information du JDD.
Gérald Darmanin se réclame régulièrement de l'ancien président, qu'il décrit comme son mentor.
Il ne dit pas qu'il pense à la présidentielle «tous les jours en se rasant», comme l'avait dit Nicolas Sarkozy, mais promet que son 27 août aura «une suite». Au Figaro qui lui demande s'il s'agit d'un «coup d'éclat», il répond: «'Un coup d'éclat', cela voudrait dire qu'il n'y aurait pas de suite à ce rendez-vous, alors qu'il y en aura évidemment une».