Présidentielle américaine Warren et Sanders sous le feu des démocrates modérés lors du débat

ATS

31.7.2019 - 06:45

Les sénateurs Bernie Sanders et Elizabeth Warren ont essuyé les critiques de leurs rivaux modérés lors d'un débat mardi entre prétendants à l'investiture démocrate pour la présidentielle de 2020. De quoi révéler des lignes de fracture idéologiques au sein du parti.

Les deux figures de l'aile gauche, Elizabeth Warren et Bernie Sanders, sont au coude-à-coude dans les sondages, avec le soutien d'environ 15% des électeurs démocrates chacun.

Ils sont susceptibles de menacer le favori actuel de la primaire, Joe Biden (32%) ancien vice-président de Barack Obama et probablement le plus centriste de tous les candidats. Lui débattra mercredi soir face à d'autres prétendants.

Débat sur la couverture maladie universelle

«Nous n'allons pas résoudre les problèmes urgents qui nous font face avec des petites idées mal articulées», a déclaré la sénatrice Warren dès l'ouverture du débat entre 10 des 25 candidats à la primaire démocrate, dans un théâtre de Detroit (nord). Devant le grand nombre de prétendants, la chaîne de télévision CNN a choisi de diviser le débat en deux parties.

Avec Bernie Sanders, elle a défendu la création d'une couverture maladie universelle financée par des fonds publics sans aucun rôle pour les assurances privées, l'annulation des dettes étudiantes ou une taxation renforcée des multinationales et des grandes fortunes.

«Pourquoi être aussi extrême?» s'est insurgé l'ancien parlementaire modéré John Delaney, tandis que le gouverneur du Montana, Steve Bullock, les accusait «de jouer dans la main de Donald Trump». Elizabeth Warren, 70 ans, les a vivement rembarrés: «je ne comprends pas pourquoi s'embêter à être candidat à la présidence des Etats-Unis, si c'est juste pour parler de ce qu'on ne peut pas faire.»

Idées proches, styles différents

Mais le style des deux progressistes est différent. Quand Bernie Sanders n'hésite pas à se dire «socialiste», un terme marqué très à gauche aux Etats-Unis, Elizabeth Warren prend soin de se présenter comme une «capitaliste» et accompagne chacune de ses propositions d'un «plan» pour les mettre en oeuvre.

«J'ai proposé une vraie réforme pour que les Américains les plus riches et les grandes entreprises paient leur part», a-t-elle encore tweeté mardi, quand Bernie Sanders accusait le gouvernement Trump «de protéger l'argent des riches et des puissantes entreprises».

Egalement à l'affiche mardi, Pete Buttigieg, le cinquième dans les sondages avec près de 6% des soutiens démocrates, a tenté de rester au-dessus de la mêlée. A 37 ans, le maire de South Bend (Indiana) a appelé les démocrates à ne pas se soucier des commentaires républicains. Que le programme soit très à gauche ou pas, «ils diront que nous sommes une bande de socialistes dingues», a-t-il noté.

Une «surenchère»

De fait, à peine le débat terminé, le parti républicain a dénoncé sur Twitter «une surenchère de propositions radicales et socialistes» – un terme marqué à l'extrême gauche aux Etats-Unis – et prédit une large victoire à Donald Trump dans quinze mois.

Le battre n'est pas le seul enjeu de la campagne, ont noté plusieurs candidats démocrates mardi, en promettant de restaurer «l'autorité morale» ou «les valeurs» des Etats-Unis s'il parvenait au pouvoir.

Joe Biden et Kamala Harris mercredi

Les projecteurs se tourneront mercredi vers Joe Biden, 76 ans, et la sénatrice noire Kamala Harris, en quatrième position dans les sondages (10,5%). Là encore, il pourrait y avoir des étincelles: malmené par sa rivale lors du premier débat de la primaire démocrate, Joe Biden, a promis que, cette fois, il serait moins «poli».

La sénatrice noire avait attaqué le vétéran de la politique sur ses positions passées face à la ségrégation raciale. Surpris, il s'était défendu sans ardeur et l'élue californienne avait enregistré un bref gain de popularité.

A leurs côtés, le sénateur noir Cory Booker (1,5%), qui a aussi attaqué Joe Biden pour son soutien à une loi répressive de 1994, pourrait aussi égratigner le favori sur la question raciale.

Joe Biden s'est dit prêt à faire face. «S'ils veulent parler du passé, je peux le faire», a-t-il déclaré. «J'ai un passé dont je suis fier. Le leur n'est pas aussi bon».

Trump attaque Biden

«Joe l'endormi» «n'est pas au mieux de sa forme», a ironisé Donald Trump mardi matin, tout en prédisant sa victoire à la primaire. Même «en boitant, il franchira en premier la ligne d'arrivée», a déclaré le milliardaire républicain.

Le président, qui a déjà lancé sa campagne de réélection, a une longueur d'avance sur les démocrates confrontés à la délicate mission de choisir leur champion parmi 25 prétendants sans donner l'image d'un parti divisé.

Clarifier l'horizon

Le débat de cette semaine devrait toutefois permettre de clarifier l'horizon. En effet, les candidats qui n'auront pas reçu des dons de 130'000 personnes différentes et percé au-dessus de 2% dans les sondages ne pourront plus participer aux prochains débats.

Seuls sept candidats remplissent aujourd'hui ces critères.

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