Collaborateur d’une ONG suisse Début attendu du procès du Français emprisonné en Russie

AFP

3.9.2024

Le procès du Français Laurent Vinatier, collaborateur d'une ONG suisse arrêté début juin en Russie et accusé de collecter des informations militaires, doit s'ouvrir mardi, en pleines tensions entre Moscou et l'Occident autour du conflit en Ukraine.

Laurent Vinatier, un Français accusé de collecte d'informations en Russie

Laurent Vinatier, un Français accusé de collecte d'informations en Russie

Le procès du Français Laurent Vinatier, collaborateur d'une ONG suisse arrêté début juin en Russie et accusé de collecter des informations militaires, doit s'ouvrir mardi, en pleines tensions entre Moscou et l'Occiden. (AFP)

03.09.2024

AFP

Le tribunal Zamoskvoretski de Moscou examinera à partir de 09H00 GMT (11H00 heure de Paris) le dossier du Français.

Les autorités l'ont accusé d'avoir manqué à s'enregistrer en tant «qu'agent de l'étranger» tout en collectant des «informations dans le domaine des activités militaires» pouvant être «utilisées contre la sécurité» du pays. Il encourt cinq ans de prison.

Auparavant, cette accusation avait fait redouter une inculpation plus grave, par exemple pour «espionnage», un crime passible de 20 ans de prison.

Cette affaire survient alors que les tensions sont fortes entre Moscou et Paris: la Russie est accusée d'une série d'actes de déstabilisation et de désinformation en France, tandis que Paris se voit reprocher son soutien croissant à l'Ukraine.

Laurent Vinatier avait reconnu ne pas s'être enregistré sous le label d'"agent de l'étranger", utilisé en Russie contre les voix critiques et qui leur impose de lourdes obligations administratives, sous peine de sanction.

Début juin, juste après son arrestation, il avait expliqué lors d'une audience sur son placement en détention provisoire qu'il ignorait que la loi russe l'obligeait à effectuer cette démarche.

Les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé début juillet, dans un communiqué, que l'accusé avait établi de «nombreux contacts» avec des politologues, des économistes et des experts militaires russes, ainsi qu'avec des fonctionnaires.

«Lors d'échanges avec ces personnes, (il) a notamment recueilli des informations militaires et militaro-techniques qui peuvent être utilisées par des services spéciaux étrangers à l'encontre de la sécurité de la Russie», assurait le FSB.

Âgé de 48 ans, ce chercheur spécialiste de l'espace post-soviétique travaillait en Russie pour le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels.

Discrets efforts diplomatiques

Selon des sources interrogées par l'AFP, le Français travaillait depuis des années sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine, avant même l'offensive russe de février 2022, dans le cadre de discrets efforts diplomatiques en parallèle des États.

Son employeur, le Centre pour le dialogue humanitaire, avait affirmé en juin faire «tout son possible pour aider» Laurent Vinatier, qui «vit en Suisse et voyage régulièrement pour son travail».

Marié et père de quatre enfants, il est en détention provisoire et a demandé à plusieurs reprises à être assigné à résidence, en assurant qu'il ne comptait pas fuir le pays. Mais ses demandes ont été refusées par la justice russe.

«J'ai toujours voulu, dans mon travail, présenter de façon appropriée les intérêts de la Russie en matière de relations internationales», avait-il déclaré lors d'une audience début juillet.

«J'aime la Russie, ma femme est russe, ma vie est liée à la Russie», avait-il affirmé.

Ces dernières années, plusieurs Occidentaux, en particulier des Américains, ont été arrêtés en Russie et visés par de graves accusations, Washington dénonçant des prises d'otages pour obtenir la libération de Russes détenus à l'étranger.

Le 1er août, l'Occident et la Russie ont procédé au plus grand échange de prisonniers depuis la fin de la Guerre froide, parmi lesquels figuraient le journaliste américain Evan Gershkovich et l'ancien Marine Paul Whelan, libérés par Moscou.

L'accord a permis la libération de 16 personnes détenues en Russie et au Bélarus, en échange de huit Russes incarcérés aux États-Unis, en Allemagne, en Pologne, en Slovénie et en Norvège, ainsi que les deux enfants d'un couple d'espions.

Paris avait alors appelé Moscou à libérer sans délai les autres personnes encore «arbitrairement détenues en Russie», notamment Laurent Vinatier.

bur/jco