Coronavirus Déconfinement progressif en Europe

ATS

27.4.2020 - 20:25

Le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a rappelé que son organisation avait donné l'alerte dès le 30 janvier (archives).
Le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a rappelé que son organisation avait donné l'alerte dès le 30 janvier (archives).
Source: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

En ordre dispersé et parfois dans la polémique, les Européens ont amorcé un déconfinement qui s'annonce complexe, au rythme d'une épidémie planétaire du nouveau coronavirus encore loin d'être jugulée.

La pandémie a fait à ce jour au moins 206'670 morts (dont plus de 125'000 en Europe) pour près de trois millions de personnes contaminées dans le monde, selon une compilation sur la base des chiffres officiels.

Ce bilan, qui va encore s'alourdir, aurait pu être allégé si tous les pays du monde avaient «écouté attentivement» l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), a plaidé lundi son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus, mis en cause par les Etats-Unis qui critiquent son action et lui ont coupé les vivres.

Rappelant avoir donné l'alerte le 30 janvier, alors qu'il n'y avait que 82 cas et aucun mort hors de Chine , il a dit avoir «conseillé au monde entier de mettre en oeuvre une approche globale en matière de santé publique». «Nous avions dit de trouver les cas, tester, isoler et rechercher les contacts. Les pays qui ont suivi les conseils sont en meilleure position que les autres. C'est un fait».

Appel à la patience

Alors que la pandémie marque le pas dans certains des pays européens les plus touchés, notamment au Royaume-Uni, le Premier ministre britannique Boris Johnson, lui-même victime du virus et de retour aux affaires lundi, a appelé ses concitoyens à la patience, parlant d'un «moment de risque maximum».

Si la courbe de l'épidémie «commence à s'inverser», les Britanniques doivent continuer à respecter les mesures de confinement, a-t-il plaidé. Il a promis des décisions «dans les jours à venir», tout en refusant «de gâcher les efforts et les sacrifices du peuple britannique et de risquer une deuxième épidémie majeure».

Ailleurs sur le Vieux continent, à la faveur de l'embellie des derniers jours, plusieurs pays se préparent à lever progressivement ou ont déjà allégé le confinement. La Norvège a rouvert lundi des écoles. Une semaine après les crèches et les maternelles, c'est au tour des enfants de six à dix ans de retrouver les bancs de l'école, dans des classes réduites à quinze élèves.

Merkel critiquée

Comme en Suisse ce lundi, une partie des commerces a rouvert ces derniers jours en Autriche et en Allemagne. Louée jusqu'ici pour l'efficacité de sa réponse très ferme à l'épidémie, la chancelière allemande Angela Merkel voit le consensus de l'opinion se craqueler et les critiques monter sur la lenteur d'un déconfinement trop progressif selon certains.

En Espagne, après six semaines cloîtrés chez eux, les enfants peuvent depuis dimanche recommencer à jouer dans la rue, avec un certain nombre de restrictions. Le confinement a été prolongé jusqu'au 9 mai inclus et le gouvernement présentera mardi son plan d'assouplissement.

Le Premier ministre français Edouard Philippe doit lui aussi dévoiler mardi sa stratégie en vue du déconfinement, qui doit débuter le 11 mai, avec notamment une réouverture progressive mais controversée des écoles.

L'Italie doit détailler en début de semaine les mesures qu'elle envisage par étapes à compter du 4 mai. Les écoles resteront fermées jusqu'en septembre mais les entreprises stratégiques de la troisième économie européenne ont été autorisées à rouvrir.

Les Italiens pourront dans une semaine aller voir leur proches à condition de porter des masques, notamment en présence de personnes âgées. Cependant les fêtes et réunions de familles resteront interdites. Du 11 mars au 26 avril, 151 médecins italiens ont succombé au virus, a annoncé lundi l'ordre des chirurgiens.

Lourds bilans

En Europe, le bilan humain reste très lourd: 26'977 décès en Italie, 23'521 en Espagne, 23'293 en France, 21'092 au Royaume-Uni (sans tenir compte des décès en maisons de retraite). En proportion de la population, c'est en Belgique que la mortalité est la plus élevée.

En Chine, où était apparu le Covid-19 à la fin de l'année dernière, collégiens et lycéens ont fait lundi une rentrée ultra-sécurisée – avec masques et prises de température – dans les métropoles de Pékin et Shanghai.

En Israël, le gouvernement a annoncé la réouverture progressive des écoles à partir de dimanche, ainsi que la majorité des commerces et restaurants, sous conditions.

De loin le pays aujourd'hui le plus touché, les Etats-Unis ont enregistré 54'841 décès au total. Contesté dans certains Etats, le confinement bénéficie d'un large soutien à New York: les électeurs de cet Etat à l'épicentre de l'épidémie soutiennent à une écrasante majorité – 87% – la décision de leur gouverneur de maintenir le confinement jusqu'au 15 mai au moins, selon un sondage paru lundi.

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