Quatre ans après la mort d'Adama Traoré lors d'une interpellation à Beaumont-sur-Oise, au nord de Paris, environ 2700 personnes ont défilé dans cette ville. Le rassemblement s'inscrit dans un contexte de mobilisation contre les violences policières.
La marche, qui a réuni environ 2700 personnes selon les gendarmes, a retracé dans le calme le dernier parcours de ce jeune homme noir de 24 ans, mort dans la commune de Persan le 19 juillet 2016, peu après son arrestation, au terme d'une course-poursuite avec les gendarmes.
Après une courte prière devant la gendarmerie de Persan où Adama Traoré est mort en dépit d'une intervention des pompiers, jugée trop tardive par la famille, la marche s'est étirée jusqu'à la commune voisine de Beaumont-sur-Oise où vivait le jeune homme.
«Aucune personne ne doit mourir de cette façon-là»
«Aucun homme, aucune personne ne doit mourir de cette façon-là, à cet âge-là», a déclaré Assa Traoré, soeur du jeune homme et figure du combat mené depuis des années pour voir «la requalification des faits en homicide volontaire».
«Laissez-nous respirer» ou «Pas de justice, pas de paix» pouvait-on lire sur des banderoles brandies dans la foule, essentiellement des jeunes, des proches mais aussi quelques «gilets jaunes», syndicalistes et militants écologistes.
Quatre ans après les faits, de nombreux manifestants ne comprennent pas que la justice n'aille pas plus vite. L'enquête se poursuit, sans trancher encore entre les versions irréconciliables défendues par les gendarmes d'une part et la famille de l'autre.
Nouvelles expertises attendues
L'hommage au jeune homme se double cette année d'un festival avec expositions et musique. Pour le Comité Adama, il s'agit aussi d'élargir sa base, dans le sillage les rassemblements des 2 et 13 juin à Paris, qui avaient drainé des milliers de manifestants.
L'affaire Traoré a retrouvé en France un fort écho après la vague planétaire d'indignation suscitée par la mort, en mai aux Etats-Unis, de George Floyd, un noir tué par un policier blanc alors qu'il répétait qu'il ne pouvait «plus respirer». Sur le plan judiciaire, les juges d'instruction ont ordonné récemment de nouvelles investigations et une nouvelle expertise à des médecins belges, qui est attendue pour janvier 2021.
«Au lieu de faire tout le temps des expertises à gauche à droite, qu'ils nous disent la vérité. J'ai envie d'avoir la justice avant de mourir», a déclaré, émue, Oumou Traoré, la mère d'Adama.