Cameroun Dégâts à l'ambassade du Cameroun à Paris

ATS

27.1.2019 - 11:00

Paul Biya - 85 ans dont 36 au pouvoir - a été réélu pour un septième mandat consécutif (archives).
Paul Biya - 85 ans dont 36 au pouvoir - a été réélu pour un septième mandat consécutif (archives).
Source: KEYSTONE/AP/SUNDAY ALAMBA

Cent dix-sept personnes ont été interpellées samedi au Cameroun, où des manifestations non autorisées de l'opposition se sont déroulées dans plusieurs villes. A Paris, une cinquantaine d'opposants au président camerounais Paul Biya ont envahi l'ambassade.

"A Yaoundé, Bafoussam (ouest) et Mbouda (ouest), plusieurs individus, pris en flagrant délit de perturbation de l'ordre public et de voies de fait diverses, ont été interpellés et placés en garde à vue. Soit, respectivement: 62 à Yaoundé, 42 à Bafoussam et 13 à Mbouda", précise le communiqué signé samedi par le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi.

Ces interpellations ont eu lieu lors de manifestations organisées par le parti de Maurice Kamto, ancien candidat à l'élection présidentielle d'octobre qui ne reconnaît pas le résultat officiel des urnes validé par le Conseil constitutionnel.

A balles réelles

A Douala, la capitale économique du Cameroun, au moins trois personnes ont été blessées par balles, selon le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Des photos d'au moins trois personnes blessées, dont un conseiller municipal cadre du MRC à Douala et une avocate renommée du parti, Me Michèle Ndoki, circulaient sur les réseaux sociaux.

Le ministère de la Communication a affirmé qu'"aucun coup de feu à balles réelles n'a été tiré". Il n'était pas possible samedi de déterminer si leurs blessures étaient dues à des tirs de balles réelles ou non. Des gaz lacrymogènes ont été tirés à Yaoundé pour disperser les manifestants, ont déclaré plusieurs militants à l'AFP.

"Je suis alarmé par la facilité avec laquelle ceux qui nous protègent retournent leurs armes contre les citoyens. Pour le gouvernement, les vies n'ont aucune valeur. Triste", a posté samedi sur Twitter l'ancien candidat à la présidentielle et célèbre avocat Akere Muna.

Officiellement deuxième

L'ex-candidat du MRC revendique la victoire après être officiellement arrivé deuxième dans les urnes derrière Paul Biya - 85 ans dont 36 au pouvoir - qui a été réélu pour un septième mandat consécutif.

Depuis le scrutin du 7 octobre, plusieurs manifestations ont été organisées par le MRC "contre le hold-up électoral". Aucune de ces manifestations n'a été autorisée et elles ont toutes donné lieu à de nombreuses arrestations.

Samedi, un fort déploiement des forces de l'ordre était visible à Yaoundé et Douala, la capitale économique du Cameroun. Une centaine de personnes ont manifesté dans ces deux villes, et d'autres manifestations ont eu lieu dans diverses localités du Cameroun.

Ambassade forcée

Vers 19h00, des manifestants qui se filmaient en direct sur la plate-forme Facebook Live ont pénétré dans les locaux de l'ambassade fermée le samedi dans le très chic XVIe arrondissement de Paris. Ils ont notamment saccagé des portraits du chef de l'Etat, selon des sources concordantes. Ils ont été évacués par les forces de l'ordre deux heures plus tard.

Selon un riverain témoin de la scène, interrogé par l'AFP, les manifestants "ont sauté les grilles et défoncé la porte" pour entrer. Ils ont ensuite été délogés par la police, dans le calme et ont poursuivi leur manifestation dans la rue aux abords de l'ambassade.

"On prend les Camerounais pour des idiots, il ne faut pas mener un peuple à bout comme ça. Dans les régions anglophones, l'armée tue, à Douala, ils tirent à balles réelles...", explique l'auteur de la vidéo en direct.

Velléités séparatistes

Le Cameroun est également secoué par les velléités séparatistes d'une frange de la population anglophone, depuis un an. Des hommes armés y multiplient les enlèvements de responsables, de militaires et policiers, ainsi que des civils dans les deux régions anglophones en crise du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Ils militent pour la création d'un Etat indépendant.

Des affrontements entre l'armée et ces séparatistes armés, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s'y produisent depuis quasiment chaque jour.

Retour à la page d'accueil