Statut post-Brexit Dernière tentative pour sortir de l'impasse politique à Belfast

vf

27.10.2022 - 13:16

Après des mois de blocage, l'assemblée nord-irlandaise se réunit jeudi pour tenter de sortir de l'impasse politique causée par le statut post-Brexit de la province. Mais la situation semble inextricable et des élections anticipées inévitables.

Le secrétaire d'Etat à l'Irlande du nord Chris Heaton-Harris s'est déplacé mercredi à Belfast pour s'entretenir avec les différents partis et les convaincre de s'entendre. En vain. Il "convoquera une élection" faute d'accord d'ici jeudi soir minuit.
Le secrétaire d'Etat à l'Irlande du nord Chris Heaton-Harris s'est déplacé mercredi à Belfast pour s'entretenir avec les différents partis et les convaincre de s'entendre. En vain. Il "convoquera une élection" faute d'accord d'ici jeudi soir minuit.
ATS

Keystone-SDA, vf

Le parti unioniste DUP, opposé aux dispositions post-Brexit, refuse de participer à l'assemblée locale, empêchant la formation d'un exécutif qui doit être partagé avec les républicains du Sinn Fein, victorieux des élections locales en mai.

Londres a donné jusqu'à vendredi aux partis pour trouver une solution, faute de quoi des élections anticipées seront convoquées. Mais les espoirs d'un compromis à l'assemblée, qui se réunit à la mi-journée, sont minces.

«Le temps presse», a affirmé mercredi soir dans un communiqué le ministre britannique chargé de l'Irlande du Nord, Chris Heaton-Harris, répétant qu'il «convoquera une élection» faute d'accord d'ici jeudi soir minuit.

Il s'est déplacé mercredi à Belfast pour s'entretenir avec les différents partis et les convaincre de s'entendre. En vain.

Casse-tête de la frontière

«Je ne vois pas comment des élections anticipées vont aider», a réagi le dirigeant du DUP Jeffrey Donaldson, estimant que le problème du protocole nord-irlandais était «loin» d'être réglé.

Les unionistes, attachés à l'appartenance de l'Irlande du Nord au Royaume-Uni, réclament l'abrogation de cet accord négocié entre Londres et Bruxelles au moment du Brexit, qui instaure un statut douanier particulier à la province pour éviter le retour d'une frontière physique avec la République d'Irlande voisine.

Selon eux, le protocole porte atteinte à l'intégrité du Royaume-Uni car il crée une frontière douanière de fait entre l'Irlande du Nord et le reste du pays.

Le boycott du DUP bloque les institutions locales alors que les républicains du Sinn Fein – favorables à une réunification de l'île d'Irlande – ont remporté en mai dernier les législatives, une victoire sans précédent dans l'histoire centenaire du territoire.

En vertu des accords de paix de 1998 qui ont mis fin à trois décennies de conflit entre unionistes, surtout protestants, et républicains en majorité catholiques (3500 morts), l'exécutif local doit être partagé entre les deux communautés.

A l'assemblée jeudi, «nous allons une nouvelle fois inviter nos collègues unionistes à participer à l'exécutif», a affirmé la présidente du Sinn Fein Mary-Lou McDonald sur la chaîne ITV, regrettant «le refus des unionistes d'accepter le changement en Irlande et d'accepter le résultat démocratique d'une élection».

Le patronat nord-irlandais réclame, lui, un «exécutif fonctionnant» en pleine crise économique et sociale. Faute de gouvernement, Londres gère les affaires courantes mais de nombreux dossiers sont gelés.

Solution «négociée»

Le premier ministre adjoint de République d'Irlande, Leo Varadkar, a déploré la perspective de nouvelles élections. «Ca a lieu car un parti a décidé de ne pas participer, et c'est le DUP», a-t-il accusé.

L'impasse inquiète à Dublin comme à Londres et a fait l'objet d'un appel mercredi soir entre le tout nouveau premier ministre britannique Rishi Sunak et son homologue irlandais Micheal Martin.

Tous deux ont souligné «le besoin urgent pour un exécutif fonctionnel en Irlande du Nord», selon Downing Street.

Londres veut renégocier l'accord avec Bruxelles qui n'accepte que des aménagements mineurs. Les précédents gouvernements britanniques ont présenté un projet de loi modifiant unilatéralement le protocole et se sont attirés les foudres de Bruxelles.

Rishi Sunak, qui soutient cette législation, a assuré mercredi à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen qu'il préférait une «solution négociée».

Catholiques désormais plus nombreux

Mais en attendant une solution claire sur la question, le DUP continue son blocage, rendant la perspective d'élections inévitables dans la province moins de six mois après le dernier scrutin.

«Nous sommes prêts à nous lancer dans la bataille», a déjà averti M. Donaldson, soulignant que la propagande électorale du parti venait tout juste d'être approuvée.

La défaite de son parti aux dernières élections reflète une tendance de fond dans la province britannique, créée au départ pour les protestants unionistes: les catholiques y sont désormais plus nombreux, a révélé récemment le dernier recensement en date, ce qui est de nature à encourager les partisans d'une réunification avec la République d'Irlande.